Diplômée de l’Université de Santé Publique et communautaire – Ecole de Santé Publique de Nancy- France, en Information-Education, Communication de l’International Health-Université Santa CRUZ Californie, Médecin de Santé Publique et Spécialiste en dermatologie vénérologie, le Dr Nadia Bezad a assumé plusieurs fonctions au sein du Ministère de la santé.
En 1992, elle a été Chef de service des maladies sexuellement transmissibles et Sida, puis Directrice du centre de traitement ambulatoire des infections sexuellement transmissibles et Sida en 1997. Elle a été Coordinatrice de la prise en charge médicale et psychosociale des patients atteints des IST et des Personnes vivant avec le VIH. En 1998, elle a été Chef de Division de la Santé Scolaire et du contrôle médical à Ministère de L’Education et de la jeunesse et conseillère du ministre de la santé.
En 1994 Dr Nadia Bezad a été nommée Présidente de l’OPALS-Maroc et Vice – Présidente de l’OPALS INTERNATIONAL.
Membre du groupe thématique Genre / Femme, et du dialogue sur la société Civile et la nouvelle constitution au Maroc, Le Dr BEZAD a été également coordinatrice du ROMS (Réseau des ONG marocaine de Lutte contre le Sida) et coordinatrice du collectif de la défense et promotion des médicaments génériques, puis coordinatrice de la coalition civile pour la promotion de la Santé Reproductive
Parmi ses travaux les plus récents, Dr Nadia Bezad a participé à la rédaction du Rapport parallèle au Gouvernement l’Elimination de toutes formes de discrimination à l’égard de la femme volet IST/Sida et la santé reproductive sous la direction de l’Association démocratique des Femmes du Maroc, CEDEW /Mai 2003, 2005 et 2007 2009. Elle a supervisé l’enquête sur les attitudes pratiques des travailleuses de sexe ; Mai 2009 elle a été décorée de l’Ordre de mérite par le Président de la Croix-Rouge française Jean- François Mattei en 2006. Elle a reçu le prix Khmissa 2008: Elue femme de l’année dans le domaine social.le 15 Décembre 2015, elle a été décorée par l’ambassadeur de France du titre de Chevalier de la Légion d’Honneur.
UFFP l’a rencontrée à la 8e édition de la Women Tribune où elle intervenue dans un panel pour parler de l’avancement du VIH sur la population féminine.
Nous vous la faisons découvrir au travers d’un entretien où l’on se pose justement la question de savoir si de plus en plus le Sida se conjugue au féminin ?
Entretien avec le Dr Bezad :
Peut on parler d’un processus de féminisation de la maladie Dr, notamment au Maroc ?
Si la question du Sida concerne le Monde entier, en Afrique, son expansion a un impact socio-économique majeur surtout sur les systèmes de Santé et les populations vulnérables. La pandémie a eu des conséquences graves sur les tranches de populations représentant des facteurs de précarité et de vulnérabilité et plus particulièrement chez les femmes vulnérables au point de parler d’un processus de féminisation de la maladie. En effet, le VIH/Sida touche de plus en plus de femmes au Maroc. Le taux de femmes séropositives a été multiplié par quatre au cours de ces 20 dernières années, selon les chiffres du Ministère 51 % des cas séropositifs sont des Femmes dont 70 % sont infectées par leur conjoint. Ces chiffres sont non seulement indicateurs de la situation épidémiologique chez les Femmes dans notre pays mais aussi révélateurs de la situation de sa vulnérabilité et de toutes une problématique liée au genre, au non pouvoir de négociation de rapport protégé dans une société patriarcale où la décision ne revient qu’à l’homme et son pouvoir démesuré sur la femme pouvant induire également de la violence psychique et physique.
Comment opère l’OPALS ?
La prévention auprès des Femmes a toujours été au cœur des préoccupations de l’OPALS. Depuis sa création en 1994, l’Organisation Pan Africaine de Lutte contre le Sida a engagé plusieurs actions en faveur des Femmes. En 1995, OPALS a effectué une première étude « Les Femmes et le Sida » lors de la 4ème conférence Mondiale à Pékin en Chine. En 2007, elle a réussi a collecter 227 signatures en mettant en place une Coalition civile pour la promotion de la SSR. Dans ce sens, plusieurs initiatives et actions ont été déployées : Plaidoyer pour l’implication des plus hautes autorités dans la riposte nationale, Promouvoir la SSR et Prévenir de l’infection et/ ou la transmission du VIH, organiser des campagnes de dépistage de manière régulière dans toutes les régions du Royaume.
La Sensibilisation, l’éducation ?
Oui nous faisons pas mal de campagnes qui ciblent notamment les Travailleuses de sexe et leurs Clients, compte tenu de leur vulnérabilité. Ces campagnes démontrent que les hommes âgés de plus de 40 ans sont généralement indifférents au port du préservatif et aux risques des rapports sexuels non protégés en comparaison avec les jeunes qui sont beaucoup plus réceptifs aux messages de sensibilisation et à l’information liée à la prévention des IST et du VIH-SIDA.
Les moyens de protection, c’est démocratisé pour les femmes ?
L’OPALS a réalisé plusieurs études dont relative au port du préservatif féminin. Celle-ci démontre qu’il n’est toujours pas accessible vue son prix dans les pharmacies (20dhs), ce qui enlève aux femmes encore une fois la possibilité de se protéger elles-mêmes.
Le tabou sur la sexualité persiste dans notre région, c’est aussi un autre barrage ?
Dans la conscience collective marocaine, la Maladie du Sida est étroitement liée aux comportements relatifs à la sexualité, le sida est toujours considéré comme la conséquence du non-respect des normes sociales et religieuses, et les malades sont vus comme des coupables qui doivent supporter les résultats de leur inconduite. Les tabous se démultiplient et baigne le citoyen et la citoyenne dans l’ignorance de leur droit à l’éducation et à la santé sexuelles.
Parlez nous de votre dernier Forum pour justement sensibiliser sur les dangers de la désinformation à ce sujet
Dans l’ambition de changer certaines croyances et briser les tabous, OPALS a organisé un Forum pour les jeunes en 2014 et a conçu nombre de supports qui s’adressent aux jeunes au sujet de l’éducation sexuelle, des comportements à risque et des maladies sexuellement transmissibles (3 films, une chanson, un jeu de question réponse et tout récemment, une application mobile pour les jeunes traitant de toutes les questions sur la SSR).
En conclusion, informer c’est protéger ?!
En effet, le meilleur moyen de lutter contre le VIH et rompre la chaine de transmission est d’éduquer les jeunes filles et garçons en matière de sexualité. L’éducation sexuelle étant une composante de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen, elle permet aux jeunes d’adopter des attitudes de responsabilité individuelle et sociale. Malgré que le Maroc soit signataire des ODD et notamment l’Objectif 3 traitant de la Santé et du bien-être, la mise en œuvre des conventions reste difficile et dépend du bon vouloir des dirigeants des institutions et établissements éducatifs.
Merci Dr Bezad !