Entretien avec UFFP :
Gulshaan la marque c’ est votre nom ?
Gulshaan est le nom de la marque. C’est un mot qui a été choisi tout d’abord pour sa signification : Jardin de roses, car je voulais que la marque soit le jardin de chacune d’entre nous, à l’image d’un lieu sûr ouvert sur le monde dans lequel on s’épanouit. Gulshaan est un mot sans frontières, on le retrouve aussi bien en turc qu’en persan et en Hindi, et dans d’autres langues d’Asie. C’est un mot qui voyage. Enfin, il a une grande dimension poétique, c’est notamment le titre d’un recueil du poète persan Saadi. En fait, le mot Gulshaan résume complètement l’esprit de la marque, empreinte de poésie et de voyage, un peu bohème.
Qu’ est ce qui vous inspire? parlez nous de votre univers créatif
La force de l’identité de Gulshaan est d’avoir plusieurs influences et de les mélanger. Je suis d’une famille parisienne et je suis née dans le 10ème arrondissement. Mais avant de revenir vers la capitale, j’ai grandi à la campagne. J’ai aussi passé du temps au Pakistan, notamment dans le cadre de mes études de langues. C’est là bas que j’ai appris à jouer avec les imprimés, à aller chez le tailleur et à imaginer mes vêtements, mais aussi à aimer les tissus naturels. J’y ai découvert un savoir faire artisanal incroyable : teinture, imprimés, tissage, broderie, couture, tout se fait à la main et c’est ce que je voulais perpétuer. Je m’inspire de tout cela : mes collections sont un mélange entre cette grande authenticité, ces couleurs, et le mode de vie citadin et occidental de notre quotidien.
J’aime me servir de petites touches d’influences pour les mélanger avec d’autres : en Turquie par exemple, j’ai découvert des imprimés incroyables, dont chaque motif a sa signification et son symbole dans l’histoire et la culture. Je suis également tombée amoureuse de la broderie traditionnelle afghane, que j’espère utiliser de plus en plus dans mes collections. Le mois dernier, j’ai eu la chance d’être invitée par le gouvernement Indonésien en tant que designer étrangère pour un événement à Jakarta, et j’ai eu un coup de coeur pour les tissus traditionnels indonésiens comme le batik et l’ikat. En France, les créatrices qui m’inspirent le plus au niveau du design sont je pense Isabel Marant et Claire Waight Keller pour la maison Chloé. Mes créations sont des pièces qui voyagent, qui portent en elles une histoire, elles sont faites de cultures qui se rencontrent. La femme Gulshaan est une femme citadine et urbaine, authentique, aux valeurs fortes et à l’âme voyageuse.
Parlez nous de Tribal Diaries
La nouvelle collection, Tribal Diaries in Paris, qui sera présentée le 26 novembre à Paris, est une rencontre entre la vie citadine parisienne et la culture tribale d’Afghanistan et d’ailleurs. Elle raconte l’histoire de cette femme moderne qui suffoque dans ce monde urbain, à une époque où tout va trop vite. Elle a besoin de revenir à la source de toute chose. C’est en puisant dans la mémoire collective de l’humanité les souvenirs d’une vie plus simple et plus authentique qu’elle trouve une nouvelle force. Elle s’en sert pour finalement s’épanouir et contrôler cette ville. Elle est libre…
En quoi considérez vous que ce vous faites est eco responsable engagé et durable?
Je viens du domaine du travail social. J’ai fait pas mal d’études dans tous les sens, parce que j’aimais ça, mais aussi que je cherchais ma voie : de la sociologie, une école d’éducateur, un master en médiation et communication interculturelle, mais aussi des langues (pashto, urdu). Mes études de stylisme modélisme n’étaient qu’un loisir, car j’avais une image de la mode comme quelque chose d’assez futile. J’aimais les tissus et coudre, mais je n’ai jamais été une grande passionnée de mode. Avant Gulshaan, j’ai travaillé auprès des migrants, afghans notamment, car je parlais leur langue.
J’ai passé des soirées dans le froid à effectuer des maraudes dans les camps de migrants pour mettre des mineurs à l’abri. C’était important pour moi d’agir, de faire quelque chose qui ait du sens. Ce n’est qu’en réalisant que la mode pouvait avoir un impact social que je me suis lancée dans le projet. Les créations de Gulshaan sont cousues au Pakistan, dans un atelier qui promeut le travail de femmes en insertion. Au Pakistan, des initiatives comme celles ci, touchant l’empowerment des femmes, sont vitales. Les femmes ne travaillent pas. On ne les éduque pas car elles ne sont pas destinées au monde du travail, et les entreprises ne les embauchent pas car elles ne sont pas formées. C’est un véritable engrenage.
Mais quand une femme a besoin de travailler pour survivre comme après le décès de son mari, pendant sa maladie ou après un divorce, elle ne trouve aucune entreprise prête à l’accueillir, et la seule solution est bien souvent la mendicité. J’ai d’autres projets sociaux avec Gulshaan, en France notamment, mais je ne peux pas en parler pour le moment. L’autre engagement, c’est de perpétuer un savoir faire traditionnel artisanal de qualité et à échelle humaine, dans la transparence et le respect des travailleurs, à l’encontre des productions industrielles de masse, dans un pays qui a connu quelques uns des grands drames du textile ces dernières années. Le dernier engagement enfin, est de n’utiliser que des fibres naturelles, issues de la production agricole locale. Je trouve au Pakistan des qualités, de lin et de coton notamment, introuvables ailleurs.
Qu’est ce que vous aimeriez défendre à travers votre création?
Aujourd’hui, je vois vraiment la mode comme un outil, comme un moyen de faire passer des messages, de changer les choses et les mentalités. J’ai envie tout d’abord de défendre une mode responsable socialement et écologiquement, et de réveiller chacun d’entre nous sur sa consommation. Parce que dans le monde d’aujourd’hui, nous ne pouvons plus fermer les yeux, nous avons tous une responsabilité : la mode tue. La mode éthique n’est pas un caprice d’illuminés, c’est simplement un devoir. Nous devons nous rééduquer, nous n’avons plus le temps.
Ensuite, je voudrais que ma marque rassemble, casse les barrières entre les gens, les communautés. Nous avons un panel de clientes très différentes, et j’en suis très heureuse. Beaucoup de gens se retrouvent dans Gulshaan, c’est marque qui fait rêver, positive. Et aujourd’hui en France, nous avons besoin d’éléments rassembleurs. Gulshaan, c’était déjà le mélange des cultures, mais une vraie communauté s’est créée autour de la marque.
Où peut on vous acheter ?
Les collections de la marque sont disponibles en ligne sur notre site : www.gulshaan.com
J’ai un panel de clientes très différentes, et j’en suis très heureuse. Beaucoup de gens se retrouvent dans Gulshaan, c’est marque qui fait rêver, positive. Et aujourd’hui en France, nous avons besoin d’éléments rassembleurs. Gulshaan, c’était déjà le mélange des cultures, mais une vraie communauté s’est créée autour de la marque.
Où peut on vous acheter ?
Les collections de la marque sont disponibles en ligne sur notre site : www.gulshaan.com