Sylvie Brunel : le développement durable une grosse arnaque pour l’Afrique !

  • By SLKNS
  • 22 mars 2012
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Sylvie Brunel : le développement durable une grosse arnaque pour l’Afrique !

 

Par Fériel Berraies Guigny

Géographe française, militante, écrivain, Sylvie Brunel, ex épouse du très médiatique et controversé Ministre français Eric Besson, a un parcours bien à elle. Femme engagée à la parole libérée, elle est de celle qui n’ont pas froid aux yeux ni au verbe. Amoureuse de l’Afrique depuis des années, elle mène un combat pour notre Continent et ne cesse de décrier les torts et travers du développement durable en Afrique. Le développement durable selon elle, serait une nouvelle forme de colonialisme et de résurgence capitaliste. Là où la planète bio est supposée apporter ses nombreuses vertus, elle dénonce certaines pratiques du Nord qui continuent d’enchainer l’Afrique.

La tendance écolo de plus en plus inégale face aux citoyens montre un visage peu humain.

A la tête d’ACF, Action Contre la Faim. Sylvie Brunel en est partie avec fracas en dénonçant les dérives de l’organisation et des ONG en général en Afrique. Publié chez Larousse son livre A qui profite le développement durable? met en lumière l’exploitation par les entreprises et les gouvernants du concept de développement durable. Récit d’une encontre avec une femme de coeur.

Développement durable, une fausse solution pour l’Afrique

Même les concepts ou les théories les plus formidables ont des failles et sont utilisés et détournés pour des profits marketing. Et pour preuve, le livre de Sylvie Brunel est sans complaisance, il nous ouvre les yeux par rapport à un phénomène qui contribue à générer un véritable apartheid économique dans notre région.

« Au nom de la préservation de la biodiversité caricaturée dans l’apologie des Big Five, l’Afrique voit se multiplier les parcs et réserves, alors que les populations paysannes manquent encore de tout » Pour les hommes il n’y aurait alors que l’alternative des bidonvilles alors que pour les animaux sauvages qui seraient mieux lotis, il y aurait des balises argos et des corridors de la biodiversité. Constat d’autant plus affligeant, que si l’un de ces hommes s’avérait vouloir sortir de son bidonville dans l’espoir d’une vie meilleure dans le Nord, la seule alternative serait le centre de rétention !

Difficile donc de croire que le développement durable concept à la mode, se fasse dans l’intérêt de la planète et en tout cas des africains. Tant le langage est faussé car il se fait au dépend des pauvres du monde entier, puisqu’il est une valeur imposée par les pays riches. Les barrières entre le monde développé et le monde en développement sont géographiques certes mais elles continuent surtout à opposer les inclus et les exclus, ceux qui ont accès au savoir, à la mobilité et aux richesses, et ceux qui sont encore soumis à la pauvreté, l’oppression et les distances. Les pauvres sont devenus des ennemis de classe, on leur interdit l’accès aux villes à cause de leur vieilles voitures polluantes, on les parque dans des territoires répulsifs.

Le « Vert » un nouveau Business pour le Nord

Ce concept sert en réalité à trouver de nouveaux marchés en culpabilisant les citoyens et en les incitant à remplacer leurs produits (voitures, chauffage, ampoules) Il stigmatise aussi les produits en provenance du Sud pour légitimer le maintien d’un protectionnisme revêtu désormais d’arguments environnementaux. Même si les alertes à la pollution sont réelles dans le Monde, il faudrait être nuancé. Entretemps, une nouvelle Guerre Froide Nord-Sud s’est installée entre les deux blocs, focalisée sur le carbone.

 

Développement durable rachat de culpabilité du Nord ?

Il n’y a pas de « nature » idéale, même dans le Nord car c’est avant tout une construction sociale. Dans le Sud, il y a encore les savanes africaines devenues des « parcs » en ce sens que les arbres ont été préservés ou éliminés par les populations paysannes qui y vivent. Même les parcs naturels d’Amérique du Nord ne sont pas naturels. Parti de ce constat, il faut cesser de culpabiliser les sociétés du Sud. Avec le changement climatique, le Nord accuse toujours les pays du Sud de saccager la planète, pour autant ils ne sont pas prêts à leur fournir les technologies qui leur permettraient de s’en sortir. Il faut arrêter le catastrophisme climatique et le matraquage systématique qui mobilise les crédits sur de mauvaises voies.

 

L’Afrique est le laboratoire du développement durable occidental

Depuis toujours l’Afrique est précurseur du développement durable. Contraints et forcés car il a fallu recycler, récupérer, réutiliser. Ils ont fait du développement durable à leur manière, face à la pénurie et à la frugalité. L’Occident a beaucoup à apprendre de la relation de l’Afrique à la terre, de cette économie du lien plus que du bien où les réseaux sociaux comptent plus que la richesse matérielle. Faire beaucoup avec peu voilà une des plus grandes vertus de l’Afrique, et l’Occident doit apprendre à faire de même. Mettre en place des sociétés équitables doit être le projet à venir pour nos sociétés dans le Nord et le Sud. Cela supposera des Etats qu’il y ait une vraie politique de redistribution et de réaménagement des territoires. Il faut arrêter les initiatives compassionnelles au coup par coup, suivies ensuite d’une indifférence abyssale !

 

Solution pour demain

Elle pourrait résider dans une coopération accrue autour de technologies propres et d’un progrès durable au service de tous. Il faudrait parvenir aujourd’hui à donner à l’Afrique les moyens d’une gestion durable des territoires. Généraliser l’éducation, aider les paysans à produire et à vendre mieux, équiper les villes de transports de service public, rendre les équipements sanitaires accessibles à tous. La redistribution des richesses est une nécessité vitale cependant pour tous. Les émissions de carbone ne sont en réalité qu’une des causalités parmi d’autres, il faut apprendre à polluer moins, produire moins, adopter une économie légère en somme.

 

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