Deux hommes d’Etat morts en deux mois, deux tunisiens, deux Présidents!
C’est un coup dur, c’est encore un signe du destin à l’heure où la Tunisie traverse encore une période des plus instable.
Deux modèles, l’un héritier de Bourguiba BCE dieu ait son âme et qui n’a pas pu terminer son mandat, l’autre a déposé Bourguiba; l’a emprisonné et lui a interdit des funérailles nationales pour tenter de l’effacer de histoire de son pays, chassé de son pouvoir en 2011!
Ce n’est pas comparable mais ils furent les deux des Présidents et ont marque l’histoire de ma Nation. Alors oui j’ai quand même un pincement au coeur et je me dis que tout comme moi, mon pays la Tunisie se cherche, tâtonne car les choix qu’elle fait ou qu’on fait pour elle, ne sont pas toujours les plus heureux. Une Nation n’enfante pas toujours les enfants qu’elle mérite et une vie n’hérite pas aussi le destin que l’on voudrait. Je trouve toujours paradoxalement des analogies et des parallélismes entre le cours historique de mon pays et le flux de ma vie d’expat, depuis que j’ai quitté il y a quinze ans la Tunisie et le régime Ben Ali du temps où j’étais diplomate.
Rien n’arrive par hasard, l’histoire d’un pays est écrite par ses hommes mais nous les hommes nous n’écrivons pas toujours l’histoire, c’est elle qui nous écrit!
Loin d’idéaliser Ben Ali qui a fait du mal à son pays, je retiendrai simplement qu’hormis la corruption, le climat de peur et de délation l’absence de libertés individuelles, il y avait la sécurité et le progrés, et les femmes étaient hypra puissantes.
Aujourd’hui il n’y a rien de tout ceci, je ne le regrette pas, je suis fière de nos avancées démocratiques et je suis fière aujourd’hui d’être tunisienne, je regrette simplement que nous ayons perdu les acquis de Bourguiba et de Ali (- qui n’a fait que pérenniser ) les actions de feu Bourguiba le combattant suprême!
Oui quel triste gâchis, et quelle tristesse de perdre deux Présidents tunisiens en deux mois, alors que le pays se cherche encore et toujours et qu’un scénario catastrophe à venir post élections est en train de se dessiner.
Je déplore que mon pays tout comme moi, se trouve lui aussi à la croisée des chemins … les votes et les absentions des tunisiens, même si cela fut justifié nous enjoint de choisir aujourd’hui entre la « peste ou le choléra »
Nous n’apprenons décidément pas de nos erreurs, le second tour de la présidentielle en Tunisie oppose l’universitaire indépendant Kais Saied (18,4 % des voix) et l’homme d’affaires actuellement en prison Nabil Karoui (15,58 %), L’élection de Kais Saied, son ancien étudiant, épargnerait au pays l’insoluble problème d’un président affairiste incarcéré, pourtant ce n’est pas le premier choix des tunisiens.
Pour autant la démocratie, c’est le pluralisme et l’alternance. ET les Tunisiens ont des raisons d’être fiers de l’élection, car nous avons passé le cap de la disparition du président avec des institutions constitutionnelles qui ont normalement fonctionné et joué leur rôle de régulateur. C’est un grand pas accomplis par la Tunisie depuis la dictature.
Aujourd’hui il faut aussi écarter la menace islamiste. Comme tous ceux qui ont mal géré le pays ces dernières années, qui ont favorisé les faiblesses du régime démocratique, assumé le mauvais fonctionnement des institutions, affaibli l’État, emprisonné un candidat, favori, en pleine campagne, ou laissé la corruption prospérer et les conditions sociales se dégrader…
Est ce qu’avec Kais Saied, le paysage politique sera rénové ? trop tôt pour se prononcer, si ce n’est la crainte qu’il ait signé une allégeance avec certains partis peu recommandables… infox ou intox ?
Mais la grande inconnue resteront les élections législatives . Le scrutin du 6 octobre sera le vrai moment de vérité. Devant l’émiettement du camp politique , la majorité n’est pas de mise, et la formation de coalitions restera instable. Kais Saied devra alors composer. Ce ne sera pas simple. Mais il devra jouer le rôle d’arbitre et de gardien de la Démocratie, c’est son rôle et ce sera son devoir.
Que le Seigneur protège ma Tunisie !