Afrique : paradis naturel menacé !

  • By SLKNS
  • 12 juillet 2012
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Par Fériel Berraies Guigny

Pino Bellani est un naturaliste italien, diplômé en sciences naturelles spécialisé dans la biodiversité et les espèces animales africaines et en muséologie.

Un photographe averti aussi et un grand amoureux de la Nature dans sa bio diversité.

Zèbres de Bohème

C’est aussi un scientifique engagé pour la préservation de notre planète et qui a vu ses derniéres années les pires attaques faites par la main humaine sur cette derniére.

combat de lions

Le Continent africain dans son incroyable diversité naturelle n’est pas indemne non plus puisqu’il subit aussi les pires menaces : urbanisation, industrialisation, tourisme agressif, braconnages sauvages. Dans son ouvrage » Afrique paradis naturel menacé » aux éditions Mondadori, il tente d’alerter les consciences pour que la mise à sac du Continent qu’il aime tant soit interrompue.

Impala mâle

Une formidable leçon d’engagement et d’éthique pour la cause de la biodiversité et une mise en garde sur cette spirale destructrice qui risque de tout nous faire perdre. Récit de notre rencontre et d’une amitié depuis… Pino continue de nous envoyer des cartes postales naturelles à chacune de ses expéditions !

Entretien avec pino Bellani

Pourquoi ce livre?

Ardea Goliath

Je suis un grand amoureux de l’Afrique, et j’ai publié beaucoup d’ouvrages consacrés aux mammifères africains ( éditions Mondadori) j’ai même crée dans la ville de Navarre, un Musée de Sciences Naturelles avec un département faune africaine. Pino Bellani s’intéresse aussi au lien entre l’humain et la nature et les espéces animales. Son constat aujourd’hui est que certaines espéces animales sont en voie d’extinction.

Buffles noirs

Un équilibre précaire entre l’homme et la nature

Gerenuk

En Afrique où vivent 1570 espèces animales, et 2527 types d’oiseaux beaucoup d’entre eux sont dans la liste rouge des espèces en voie de disparition selon un rapport de l’international Unit for Conservation of Nature, 25 espèces d’antilopes africaines soit plus d’un quart des 90 espèces présentes dans le Continent. La plupart de ces antilopes ont disparu et celles qui ont survécus sont protégées dans des réserves et parcs naturels. Le pourcentage de 6é % diminue chaque année, le 30% reste stable et 11% uniquement de croissance très lente. Une grosse perte pour les populations locales africaines qui pourraient raisonnablement en vivre puisque ces espèces sont sources de protéine et s’adaptent bien mieux que les espèces domestiquées.

Braconnage non !
Cependant l’autre problématique reste le braconnage et le bush meat, la chasse abusive, explique le naturaliste italien, s’agissant notamment des cornes d »‘éléphants et de rhinocéros. Un fléau encouragé par un tourisme sauvage venu des pays riches et industrialisés qui s’amuse à abattre des espèces très rares, aussi mais aussi des gouvernements africains corrompus qui encouragement ce genre initiatives. Le financement des armes par ex pour les luttes fratricides entre ethnies concourent également à la mise à sac du patrimoine naturel du Continent.
La réserve naturelle africaine est en danger et rien n’est fait pour stopper ce danger.

La destruction du capital naturel africain remonte à l’Antiquité !

En Afrique on compte 3,06 mios de kms de forêt équatoriale et tropicale ce qui équivaut au quart de toutes les forêts du Monde, seulement 5,8 % de ces forêts sont protégées cela la F.A.O, pour le reste elle subit la déforestation 0,8% par an à cause des pratiques primitives et abusives du tailler et bruler le bois ou pour exporter à l’international. Mais ce qu’il faut retenir c’est que c’est surtout l’Europe qui est la cause principale de la déforestation du Continent et cela remonte à l’Antiquité!

La Rome antique dans la région d’Afrique du Nord avait commencé pour sa part une lente et inexorable destruction du capital naturel. L’Afrique du Nord regorgeait de forêts qui allaient disparaitre à cause des pratiques abusives pour devenir des régions séches et arides. En même temps que la verdure, les animaux aussi allaient disparaitre, l’Afrique du Nord comptait des lions, des ours et des éléphants que les légionnaires s’amusaient à capturer pour les envoyer dans les cirques de Rome.
On retrouve d’ailleurs le témoignage de cette faune dans les mosaïqués antiques
des villes romaines qui se situaient dans toute les région de l’Afrique du Nord.

Afrique Paradis perdu: un livre témoignage et un cri du coeur!

 » Dans ce livre j’ai voulu raconter mon Afrique sauvage, celle que j’aime, je voulais dire au Monde qu’il est temps de préserver ce don si rare »! nous confie Pino Bellani
C’est un devoir que de préserver cette nature pour les générations futures et l’analyse de Pino Bellani est avant tout scientifique, c’est celle d’un naturaliste et d’un zoologue
la diversité écologique est là des montagnes des versants atlantiques, aux côtes de la mer rouge aux îles pacifiques, aux forêt et déserts aux prairies jusqu’aux savanes, rien n’est laissé au hasard.
Pino Bellani a commencé ses voyages d’exploration tout de suite après s’être diplômé, il n’avait pas trouvé de travail et alors il a financé tous ces voyages » j’ai commencé par la Tunisie, les régions de la mer rouge, le Sahara, puis le Kenya et la Tanzanie et là avec son objectif est née sa passion.
 » A chaque que je foule la terre africaine j’ai la sensation que je rentre à la maison que je suis chez moi » un lien plus fort que tout qu’il aime à voir comme étant réellement génétique  » mes ancêtres nordiques ont voyagé et on laissé des traces en colonisant l’Afrique et l’Eurasie.

Cela peut expliquer, pourquoi nous les européens nous sommes toujours à la recherche d’espaces de terre à l’infini, ce n’est pas par hasard si l’origine de l’homme s’est trouvée dans le Kenya septentrional et l’Éthiopie méridionale. Mais aujourd’hui tout ceci est en danger par la cupidité de l’homme et son égotisme, les désastres climatiques générés par lui, la pollution, la famine et la pénurie des matières premiéres sans oublier les guerres et la violence.

Des instants de vie gravés dans sa mémoire

 » J’ai vécu des moments d’intense beauté, je me rappelle du jardin zoologique de Tozeur, je m’étais retrouvé nez à nez devant un lion adulte qui était là libre, il était devant moi nous étions séparés par un petit grillage de 70-80 cm de hauteur, mes compagnons de route se sont enfuis à la recherche du gardien, moi j’avançais vers lui et tendit la main pour lui caresser la criniére, il s’est laissé faire et a ensuite posé sa têt sur mon bras, j’ai entouré son cou, on était resté là sans bouger » on m’expliqua plus tard que ce lion était domestiqué, qu’il était même une star de cinéma dans la région et que l’on utilisait ce lion pour pas mal de films « ‘ mais moi je ne le savais pas » imaginez la sensation que j’ai pu éprouver

Rendre à la nature ce qui est à la nature

« Il nous faudrait plus de femmes comme Wangari Maathai la prix Nobel de la paix kényane  » ajoute le naturaliste. Aujourd’hui, l’humanité entière est concernée et parmi les mea culpa on ne retient que l’esclavage mais qu’en est il du massacre de la nature et de notre planète? pourquoi cette fatalité et cette dénégation?
Il faut éduquer les gens à la protection de environnement et pas uniquement les africains mais les citoyens du monde entier. Pour cela il faut alphabétiser les catégories vulnérables pour qu’elles prennent conscience de leurs méfaits. Il faut également lutter contre la corruption et les guerres tribales. Il faut apprendre à vivre entre ethnies clans et tribus pacifiquement !

La démocratie c’est cela. Les fonds de certaines ONG et de l’Union Européenne sont aussi importants aussi pour aider au développement des régions du Sahel.

L’Afrique du Nord role Model pour l’Afrique du Sahara
 » J’ai beaucoup d’admiration pour certains pays qui ont des politiques sociales favorables pour les femmes et les catégories défavorisées » citant l’ex de la Tunisie mais il reste encore à faire surtout aprés le printemps arabe. Conclut il
Je sais qu’il y a aussi un effort au Maghreb par rapport à l’environnement et la préservation de certaines espaces animales ‘ parcs de Sidi Bou Hedma enTunisie,Souss- Massa ou Bass Draa au Maroc, le Parc Tassili en Algérie où l’on retrouve plusieurs espèces de gazelles, d’antilopes,de renards, d’oiseaux rapaces qui sont des espèces du Sahara. Les autorités de ces pays ont fait en sorte que ces espéces soient réintroduites dans leur habitat naturel.

Pas de solution miracle pour notre nature

Les problèmes liés au massacre de nos ressources naturelles sont avant tout liés à la conjoncture socioéconomique et politique. Cela devra se résoudre d’abord à ce niveau mais aussi au niveau du rapport ethnico culturel qu’ont les populations avec leur environnement. Il y a tant de disparités d’une région à l’autre de l’Afrique: d’un côté on affronte les problématiques des pays du Sahel sécheresse,famine qui tuent la biodiversité. De l’autre on a des pays comme la Somalie avec d’énormes problèmes de pauvreté de violence et d »insécurité,des pays où même la vie humaine a peu de valeur! Les plus gros dégâts viennent d’ailleurs des seigneurs de guerre qui continuent de faire la loi dans ces régions. Et dans ces pays il y a des paysages naturels à couper le souffle, mais les guerres rendre l’équilibre précaire de toutes ces diversités dont le dik dik, l’antilope beira, l’âne sauvage de Somalie. Sans oublier la derniére éspece de gorilles dans la région que Diane Fossey avait protégé tout le long de sa vie. Tous ces magnifiques animaux sont à la merci des desiderata politiques des mercenaires et des faux conflits de frontiéres entre l’Ouganda et le Congo. Ceci n’est que le début des graves problèmes que je cite dans mon livre.

Non au progrès et au tourisme qui tue la nature !

Le progrès peut signifier développement socio économique et sanitaire pour les populations mais il ne peut se faire en détruisant l’environnement et la biodiversité. Il
faudrait encourager les technologies alternatives ( solaire, éolienne, les carburants alternatifs etc)
Le tourisme industriel quant à lui est et reste aveugle à ce que peut offrir un pays dans sa nature, j’ai vu des touristes sur la mer rouge ne pas décoller de la piscine et refuser de visiter ou d’admirer la barriére de corail, ou renoncer à visiter les parcs de l’intérieur du pays!
C’est du tourisme de fast consommation,venir à bas prix, se remplir la panse et se dorer la pilule!
Autre fait gravissime;dans les pays comme le Kenya où les safaris sont vendus à tout bout de champs, on ouvre la voie à un tourisme de prédation inconcevable, et de l’autre côté le paradoxe de voir pousser de plus en plus de parcs et de réserves censés protéger en même temps les espèces! quel double langage aberrant.

Oui au tourisme écologique !

Et heureusement des pays comme la Tanzanie, le Botswana,l’Afrique du Sud ont maintenu un bon niveau de conservation de la nature et sont en passe de devenir des modèles pour les pays du Continent.

Crédits photos: Pino Bellani

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