Enagnon Hermann Jude
Coup de cœur du jury du Prix Harubuntu 2012
Thématique : marionnette – Bénin
Comme chaque année, l’ONG belge Echoes Communication récompense les candidats qui ont fait preuve de créativité, d’innovation et d’engagement pour leur société, dans un Continent en proie à des remous historiques et socioéconomiques assez douloureux;
Harubuntu signifie » celui qui a de la valeur » et met en lumière femmes et hommes pour qui fatalité n’est pas un langage ordinaire. Des talents avec des valeurs inébranlables qui contribuent à la construction ou à la reconstruction de leur société. Ces porteurs d’espoirs et créateurs de richesses Africains œuvrent au quotidien pour aider au développement du continent. Un pied de nez à toutes ces fatalités que l’on croit inexorables. Preuve que quand il y a le cœur et le talent, tout est possible.
Par Fériel Berraies Guigny
Harubuntu a honoré cette année Enagnon Hermann Jude Zounmenou, Coup de cœur du jury du Prix Harubuntu 2012 pour son travail avec les marionnettes. Récompensé à Dakar lors du dernier Sommet Africités, nous vous faisons découvrir un artiste qui adore son métier et qui est très engagé pour la préservation du patrimoine de son pays.
UFFP s’est entretenu avec cet artiste qui entend faire perdurer cet Art et manière de vivre de son pays. Car tout passe par les marionnettes et ses spectacles, les contes, les histoires, la tradition orale, reflètent l’identité et le patrimoine d’un pays.
Entretien avec UFFP 1 Les marionnettes plus que du ludique, c’est la promotion d’une culture? Oui, les marionnettes c’est à la fois la promotion mais également le reflet de la culture d’un peuple puisque à travers elles nous affichons une culture, une autre manière de penser qui n’est pas toujours la même partagée ailleurs en Afrique ou dans le monde. Et aussi l’habillement de la marionnette montre l’appartenance à une culture, une communauté bien définie. Les marionnettes peuvent être identifiées dans la tradition comme les sociétés de masques qui veillaient sur les populations ou qui ne sortaient qu’à des moments précis pour soit punir, avertir ou égailler les populations ou passer des messages de sensibilisation. Et comme la culture d’un peuple est la chose qu’on peut mieux vendre alors nous essayons de vendre et de faire la promotion de notre culture à travers les marionnettes. La marionnette part de la construction du personnage, ce que l’humain n’ose par dire on le fait dire par la marionnette. La marionnette c’est l’incarnation physique, esthétique visuelle d’un personnage existant ou inventé, c’est un art qui est dans la ville ou dans la place artistique depuis longtemps et qui est en train de prendre de plus en plus de place, de profiter d’un rayonnement que nous lui donnons et je pense que cet art est, grâce à nos efforts, en train d’être issu au rang de l’art théâtral à part entière Oui, les marionnettes ne sont pas très connues au BÉNIN alors que c’est très en vogue dans d’autres pays de l’Afrique comme le Togo, le Ghana ou encore le Mali. Et ce n’est pas que nous n’avons pas des marionnettistes professionnels qui ne connaissent pas le genre. Au contraire il y en a qui connaissent le métier et qui en vivent et qui plus est encore sont reconnus sur le plan international mais, paradoxalement, ils ne le sont que très peu dans leur pays. C’est le cas de Grégoire VISSEHO allias DITOUT ou encore Jacques KPADE qui sont des maîtres en marionnette. Le problème est surtout le cadre de diffusion des œuvres et la formation qui manque vraiment. 3 Comment faites-vous pour faire perdurer le rituel d’oralité et de contes au Bénin ? Je pense que la pratique, la transmission, des actions vers les scolaires peuvent susciter des vocations. Faire perdurer le rituel d’oralité et de contes au BÉNIN, c’est favoriser la transmission des connaissances culturelles de génération en génération. Chose qui n’est pas aussi facile, car tous ceux qui sont gardiens de nos traditions ne sont pas toujours prêts à diffuser leur connaissance. C’est ce qui surtout nous rend la tâche difficile. En effet, pour réaliser un masque traditionnel en marionnette il faut des permissions des adeptes de ce masque et donc avant, et cela nécessite souvent beaucoup de sacrifices, il faut en « référer » aux divinités gardiennes de ce masque. C’est donc un travail redoutable qui est en train d’être fait pour maintenir ce rituel d’oralité et de contes. Il faut beaucoup oser et être persévérant. 4 Parlez nous du devoir de mémoire culturel au Bénin ? « La culture béninoise est riche je dirai même très riche. Nous avons plus de 50 ethnies et on parle au moins 50 langues différentes. Et chaque ethnie possède ses rites et croyances. Aussi nous avons des rythes très diversifiés. Quand vous voyagez du nord au sud, de l’est à l’ouest vous découvrez beaucoup de cultures très différentes les unes des autres et si vous vous posez la question de savoir si vous êtes toujours dans le BENIN, on vous répondra surement par l’affirmatif. Mais chaque béninois est fier de dire je viens de telle ou telle région du pays car il est fier d’appartenir à cette communauté. Et il se trouve dans l’obligation naturelle de faire la promotion de ses racines. Et c’est tout cette diversité qui vous inspire quand vous fabriquez une marionnette ou vous créez un spectacle de marionnettes » 5 Votre expérience Harubuntu? Qu’auriez-vous envie de faire à présent? L’expérience HARUBUNTU a été une très belle aventure pour moi Travail ! Travail ! Travail Je compte continuer sur la même lancée Déjà en avril et précisément du 17 au 21 Avril 2013 le festival TENI-TEDJI sera a la 4ème édition et nous aurons à sensibiliser sur l’état civil. Nous pensons déjà à un chantier panafricain de la marionnette à partir du Bénin Nous allons nous donner les moyens d’avoir un camion théâtre afin de mieux nous rapprocher des communautés reculées du Bénin en particulier mais aussi de toute l’Afrique en général, avec plus de personnes dans notre communauté.
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