Ingénieur de Formation, Faiza Hajji a rapidement abandonné cette carrière afin de se consacrer au monde du développement, notamment par le biais de son projet d’entreprenariat social dans la province de Berkane qui lui a valu plusieurs prix internationaux. Le projet combine développement social pour les femmes en situation précaire, lutte contre l’analphabétisme et protection de l’environnement.
Faiza Hajji a également travaillé au Mexique, au Sri Lanka et en Malaisie pour une ONG Française, afin de promouvoir la microfinance. Elle est polyglotte, maîtrisant l’Arabe, l’Anglais, le Français et l’Espagnol, et ayant des notions de Chinois et Japonais Elle aime beaucoup voyager et découvrir de nouvelles cultures. UFFP vous la fait découvrir in aparté
Par Fériel Berraies Guigny
Faiza Hajji
Entretien :
¨Parlez nous de votre parcours?
J´ai grandi dans la ville de Berkane, et j´ai toujours été sensible à la question des filles et femmes en milieu rural mais aussi révoltée par le désastre environnemental causé par les sacs plastiques. J´ai été diplômée en tant qu´ingénieur télécom, mais j´ai vite abandonnée une carrière dans ce domaine pour me consacrer au monde du développement durable. Ainsi j´ai pu travailler dans différents pays dans le domaine de la micro-finance et développer en parallèle mon projet Ifassen & ADF (Association du Docteur Fatiha)
La médecine et l’Associatif, quel lien ?
L´association se prénomme ainsi en hommage à ma mère qui officiait en tant que médecin dans la région de Berkane, elle était très engagée et m´a beaucoup inspiré.
Parlez nous des femmes et de la région de Berkane ?
Les femmes de la région de Berkane avec qui nous travaillons vivent principalement en milieu rural. Mariées très tôt pour la plupart, elles n’ont pas eu un accès facilité à l’éducation est sont en majorité analphabètes. Elles se consacrent à leur famille et aux tâches ménagères du quotidien, tandis que leurs maris travaillent et représentent la principale source de revenu. Le mode de vie de ces familles est très communautaire et tout le monde participe au bon fonctionnement de la sphère familiale : interdépendants, l’individualisme n’est pas coutume, toutes les générations vivent ensembles et les enfants peuvent participer très jeunes aux travaux ménagers, faute de revenu pour payer la scolarisation.
Les femmes avec qui nous travaillons détiennent toutes un savoir-faire artisanal précieux, le tissage. Le travail de tissage avec ADF leur permet de valoriser leur artisanat, d’accéder à des formations et gagner un revenu supplémentaire qui leur est propre afin de subvenir à leurs besoins en étant moins dépendantes de leur mari.
Cette coopérative de femmes, est née suite à votre Association?
Nous travaillons avec 4 coopératives (3 de tissage, 1 de couture).
2 coopératives sont nées suite à la création de l´association et 2 autres existaient déjà. Existaient déjà la coopérative de couturières en charge des coutures de nos sacs, ainsi que le Centre des Femmes de Chouihiya, centre de formation à la cuisine, la couture et le tissage. Avec le développement du projet, nous avons créé deux coopératives supplémentaires pour regrouper les artisanes près de leur zone de vie, à Chouihiya. La proximité des locaux permet aux artisanes d’y accéder à tout moment, de s’y regrouper, mais aussi de pouvoir travailler de chez elles. Elles peuvent adapter leur travail à leurs obligations familiales.
Qu’apprend on aux femmes?
En premier lieu, les artisanes nouvellement arrivées dans les coopératives reçoivent des formations sur la technique de tissage du sac plastique recyclé, intégré à la technique traditionnelle du tissage de l’alfa. Les artisanes sont ensuite formées par Jemâa, la coordinatrice locale d’économie verte et solidaire, à la conception des modèles IFASSEN à l’aide de patrons et prototypes. Tout au long de l’année, toutes les artisanes reçoivent des formations complémentaires au tissage de nouveaux modèles.
A côté de cela, pour que les femmes aient toutes les clés en main, des séances de formation à la gestion administrative et financière sont organisées tous les mois, ainsi que des cours d’alphabétisation avec l’Union Nationale des Femmes Marocaines (UNFM). Tous ces cours sont bien sûr gratuits et visent à autonomiser les femmes et leur donner la liberté de se lancer dans leur activité avec tous les outils indispensables.
Autonomisation, indépendance et en même temps, preservation de l’environnement, triplement durable et solidaire?
C’est ça ! L’activité de notre association est un cercle vertueux : chaque projet est interdépendant si l’on veut atteindre l’objectif global ; élever les consciences écologiques, réduire les déchets plastiques et permettre aux femmes de travailler et s’émanciper. Faire de la protection de l’environnement un moteur du développement social.
Bravo! Superbe initiative!Que ce projet devenu réalité en inspire d’autres!
Mode, design, écolo, engagement …. les mots ne manquent pas pour décrire cette belle initiative. bonne continuation!