Ville : Medenine
Gestionnaire d’une entreprise de tapisserie
Tout a commencé quand son fils cadet Ramzi voulait quitter le pays pour émigrer clandestinement en Italie, peu après la révolution tunisienne en 2011. Celui-ci auchômage depuis un moment déjà, désespérait de ne pouvoir trouver du travail de sitôt notamment au vu de la crise qui frappait le pays de plein fouet. Fathia a cogité pendant des mois durant et a tout mis en œuvre afin d’éviter à son fils ce qu’elle voyait comme « un drame inévitable. »C’est ainsiqu’en observant le marché, elle détecte un besoin dans le secteur de l’ameublement, où elle juge la demande très importante et l’offre faible et souvent de piètre qualité. En octobre 2012, elle investitalors 20.000 dinars dans un fond de commerce du souk deMedenine, montant qu’elle a pu économiser au cours de ses longues années de commerce. Ce projet a permit de faire travailler tous les membres de la famille El Amri. L’époux de Fathia, professeur de formation, est passionné de bricolage et forme ainsi Ramzi au travail du bois. Par ailleurs, quatre jeunes filles y sont employées pour le travail de la tapisserie.
En janvier 2013, à court de financement, elle fait appel aux services d’enda, qui lui ont été recommandé par ses proches. Elle se voit octroyer dans les jours qui suivent d’un crédit Bideyaà hauteur de 3000 dinars, qui lui serviront à l’achat de matières premières. « Celui qui veut arriver, arrivera », tel est le leitmotiv de cette « dame de fer », comme l’a justement qualifiée un agent de crédit de Medenine. N’étant pas du métier, ce tour de force, Fathia le doit à sa volonté inébranlable et son travail sans relâche. « Il nous arrive de veiller jusqu’à l’aube pour finaliser une commande et la livrer à temps. » Elle a réussi à rapidement fidéliser sa clientèle grâce à la qualité de son travail et de ses services.
Fathia décrie l’attitude de certaines personnes qui « passent leur journée devant la télévision à regarder des feuilletons mexicains en sirotant du thé et se plaignent de la crise et de ne pas trouver de travail. » « Pour ma part, je n’ai ni bijoux, ni le temps pour le hammam, la coiffeuse et les après-midi entre femmes. Je ne pourrais faire tout cela sachant que mes enfants ne sont pas heureux. Tout mon temps, je le voue à la réussite de notre projet familial. »
Sa détermination n’a d’égale que ses compétences managériales innées. Elle a eu l’idée ingénieuse de faire défiler des photos de ses réalisations sur une télévision installée en plein milieu de son local, afin que ses clients puissent les voir. En effet, Fathia a l’âme d’une entrepreneuse accomplieet doit largement son succès à son intuition et son imagination. Mais elle souhaite développer ses compétences entrepreneuriales,et ce à travers les services d’appui d’enda.
Aujourd’hui quelques mois à peine après le lancement du projet, Ramzi sans qui cette belle aventure n’aurait pas été, prévoie toujours de visiter l’Italie, mais désormais « la tête haute, avec l’argent que j’aurais gagné dignement, à la sueur de mon front », déclare-t-il.
Bien qu’heureuse d’avoir réussie sa mission, Fathia ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, cette dynamique quinquagénaire ambitionne de développer son projet en employant plus de jeunes au chômage produisant ainsi de plus grandes quantités. Elle rêve même d’exporter ses productions vers les marchés internationaux et compte bien sur l’appui d’enda pour cela.