Le MSC vient de certifier 800 000 tonnes de thon pêchés par des bateaux industriels, c’est 10 fois plus qu’avant. Jusqu’à présent, la certification était réservée aux petits bateaux pêchant à la canne. Ces derniers sont rattachés à une communauté de pêcheur, pêche localement, démocratiquement et toujours selon des méthodes les plus écologiques possible. Les bateaux récemment certifiés non seulement appartiennent aux multinationales de la pêche au thon, dont le chiffre d’affaire atteint des milliards de dollars, mais pêchent également selon de mauvaises méthodes. Comment ont-ils pu être certifiés ? Telle est la question posée par une alliance d’ONG (*), experts et entreprise pionnière comme Fish4Ever. Ces pêcheries, qui reçoivent énormément de subventions, sont responsables d’une prise accessoire considérable et sont connues pour couper les ailerons des requins – une pratique illégale presque dans le monde entier.
Les pêcheries de thon ne sont pas les seules à se retrouver dans la tourmente : les pêcheries de lieu noir, de poisson-montre, d’espadon et bien d’autre sont montrées du doigt ainsi que les mauvaises méthodes, comme le chalutage de fond et le dragage, considérées par la plupart des experts comme des méthodes non durables. WWF, fondateur du MSC, un ex ministre anglais de la pêche et beaucoup de bonne pêcheries certifiées ont joint leur force en faveur d’une réforme.
Charles Redfern, fondateur de Fish4Ever, la seule marque bio de conserves de poisson à s’engager activement pour une pêche durable ajoute : « D’après nos recherches, 90-95% du poisson certifié MSC a été pêché par des bateaux industriels. Dans la pêche au thon, cela pourrait détruire la pêche à la canne. En Europe, le nombre de pêcheries artisanales a diminué de 200 000 à 80 000 au courant des dix dernières années. En laissant les gros bateaux s’approprier des mots « pêche durable », on les retire aux petits – tel un poignard en plein cœur. Tous les gros bateaux ne sont pas mauvais, néanmoins, de manière générale, les petits bateaux pêchent bien plus écologiquement et ont un impact social plus positif, en soutenant les communautés côtières fragiles »
Le problème survient lorsque Carrefour tweet que son poisson est à 70% certifié MSC et que Lidl fait une pub télévisée pour sa propre marque de poisson en tant que produit issu de la pêche durable en utilisant le logo MSC. Le consommateur risque, encore une fois, d’être dupé par des intérêts purement commerciaux. Une alternative existe mais ne bénéficie pas de beaucoup de soutien pour l’instant : nous devons soutenir et entretenir les pêcheries artisanales et accepter seulement le meilleur de la pêche industrielle. Les ressources et les subventions, qui se trouvent actuellement en grande partie entre les mains des industriels, doivent être transférées à la pêche sur petite échelle. Fish4Ever, avec des collègues du mouvement Slow Food, ne cautionnent pas le label bleu MSC et cherchent à développer un meilleur logo pour rétablir un équilibre.
(*) Alliance composée de Make Stewardship Counts and On The Hook – Pour plus d’information sur les fausses promesses de la certification veuillez suivre le lien: https://changingmarkets.org/media/publications-landing/