Les corporates étaient au rendez-vous au 1er Festival de Tunis
Par Fériel Berraies Guigny
Photos Diane Cazelles
Présent pour tous les différents salons de Messe Franckfurt dont l’Ethical Fashion Show qui n’est plus sur Paris mais à présent à Berlin, UFFP est allée à la rencontre de ce brillant industriel allemand pour parler des avantages et des défis de la filière textile en Tunisie, mais également de la place et de l’avenir de la création éthique et durable dans les tendances des prochaines années.
Messe Franckfurt est le premier organisateur du Monde du textile en amont. Ethical Fashion est le seul salon qui propose un produit fini. C’est un sujet du futur, les consommateurs le prouvent chaque année, l’éthique n’est pas qu’un effet de mode, c’est une tendance qui se construit dans la durée.
Michael Sherpe de Messe Frankfurt en présence de sa consoeur allemande basée sur Tunis
Messe Franckfurt :
Avec plus de 110 salons et événements organisés à travers le globe Messe Frankfurt est un acteur majeur du monde des expositions professionnelles.
Michael Sherpe
Récit de notre entretien :
Les consommateurs sont de plus en plus dans la mouvance éthique ? Oui c’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur et dans les sondages on le voit bien mais pas que dans le milieu de la mode et de la consommation. Mêmes les politiques s’y mettent qu’ils soient chanceliers, sénateurs ou Présidents tous mettent dans leur programme le concept de green economy et du social. En Europe et aux Etats Unis c’est bien ancré dans les Mœurs. Et Ethical Fashion Show est un salon qui intègre cette notion importante. Mais cela reste très difficile à transformer dans des business models car très souvent cela nécessite de l’argent, des investissements. C’est assez compliqué ; aujourd’hui on constate qu’avec ce salon, c’est l’Allemagne qui est un des leaders. Le salon de Paris, nous le mettons pour le moment « en sommeil » car ce qu’il faut rappeler c’est que Messe Frankfurt ne fait pas de salons promotionnels mais nous faisons des salons de marché. Et il n’y a pas de marché en France.
En d’autres termes, l’obstacle vient des acteurs qui servent le marché en France ? Oui ces acteurs ne veulent pas servir le marché de l’éthique. En Allemagne, il y a plus d’acteurs qui veulent le servir, ils ne savent pas encore comment, mais on sent quand même qu’il y a une dynamique propre dans notre salon de Berlin. Chose que nous n’avons pas dans notre salon de Paris. Oui le gouvernement actuel est sensible, j’ai des contacts avec M. Hamon, mais on voit bien qu’en l’absence de structures pour cette mouvance, on ne peut avancer. Qui va faire la structure ? Quel est le commerce indépendant qui aujourd’hui se jettera dans ce terrain ? C’est difficile. Lles revendeurs ne sont pas au fait des connaissances techniques afférentes à l’éthique et à l’équitable et même ils ne s’en soucient pas vraiment.
Faire la mode éthique à 100% une utopie ?oui aujourd’hui, on ne peut pas faire de la mode éthique à 100 % si on tente de le faire, ce serait industriellement un processus très long. Si demain il y a une loi mondiale par exemple sur le fait que tout ce qui n’est pas éthique est interdit à la vente, il y aura six milliards et demi de personnes NUES !
Toute belle idée nécessite le temps en d’autres termes ? Oui il faut accepter cette idée, sinon on tue l’idée ! C’est la problématique de la rapidité d’une idée difficile à mettre en œuvre.
L’Allemand a tout compris alors ? Oui en tout cas, il est plus rapide que d’autres, mais il faut surtout ne pas se précipiter pour autant, car cela aussi peut tuer l’initiative. Il faut avoir le rythme. J’ai voulu Ethical Fashion Show pour montrer ce qui existe mais à notre rythme.
LVMH était là dans la dernière édition parisienne ? LVMH est là depuis longtemps mais uniquement avec sa structure et pas avec les marques. Ce sont les corporates qui disent « oui nous on a une politique pour » mais s’agissant des marques, ils ne veulent pas en parler et d’autres ont peur car ils ne sont pas à 100 %
Il y a des entreprises qui ont une partie infime d’éthique peut être que 10% mais il faut qu’ils aient le courage d’affronter les médias et de le dire. J’espère que dans le futur, il y aura de plus en plus de gens qui diront que l’éthique manque dans les salons professionnels parisiens et qu’il faudra le faire.
Mais encore faut-il avoir les financements, on n’est pas là pour financer une filière.
Ethical Fashion Week Berlin s’ouvrira aux créateurs de la région, l’Allemagne, l’Europe, c’est aussi important le régional, il ne faut pas être assimilés à être « Ethnical » uniquement.
Que dites-vous à ceux qui regrettent le salon Parisien ? Qu’on avait tout pour réussir mais que manquaient l’industrie et le commerce, ce salon est « on hold », on le met en sommeil. Mais plus tard, il ne faudra pas dire « que c’est encore les Allemands qui sont les visionnaires et les précurseurs » ! On a tenté à Paris avant. A Paris on aurait pu
Des approches éventuelles que l’on pourrait faire face à ce marché ? Faire du be to see afin d’avoir une manifestation publique, qui pourrait déceler des offres potentielles et déterminer son public, faut-il encore que les gens le veuillent. Je pense que rien n’est définitif pour la France, mais Berlin doit donner plus de leadership. C’est un modèle et une stratégie qui ne mourra pas mais qui prendra du temps.
La Tunisie pour vous, quels objectifs ? On m’a fait rencontrer à Paris, un des dirigeants du textile tunisien et on avait dit qu’il était important pour moi de connaitre plus de dirigeants tunisiens pour voir si l’on ne peut pas faire des choses ensemble. A partir de là on va regarder les possibilités de stratégies. Mais pour cela il faut d’abord que la Tunisie se fasse une stratégie et voir si cela peut rentrer dans notre système. Je dois aussi reconnaitre, que j’étais impressionné par le bilan du textile tunisien et je n’avais pas cette image dans ma tête !
Cela prouve qu’à l’Etranger, la Tunisie est peut être mal connue ou représentée ? Entre l’image d’un cliché et la réalité…Certes il y a des personnes qui connaissent bien le terrain tunisien mais cela ne signifie pas pour autant que l’on ait une image globale du pays. A moyen ou long terme on peut créer une image positive de la Tunisie.
Mode développement durable croissance et capital ça se marie ? Oui c’est un travail au quotidien car ce n’est pas naturel dans notre Monde, c’est une exigence qui nécessite beaucoup d’excellence !