En 2012, Yann Arthus-Bertrand et sa fondation GoodPlanet initient, avec le soutien d’OMEGA, un vaste programme de sensibilisation sur le thème des océans qui invite à mieux connaître les dessous de notre planète bleue. Au travers d’une série de supports et d’actions présentant la beauté des écosystèmes marins et les enjeux de leur préservation, l’objectif est de mettre l’océan au cœur des consciences.
Par Gabrielle Birnholz pour UFFP
Michael-Pitiot-et-Yann-Arthus-Bertrand-Copyright-Gabrielle-Birnholz-Courtesy-of-United-Fashion-for-Peace
Planète Océan, le film phare de cette campagne, est un documentaire de Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot, produit par Hope Production, en association avec la Fondation Tara et en partenariat avec OMEGA.
BTS underwater pictures_David Hannan_COPYRIGHT David Hannan
BTS-underwater-pictures_Denis-Lagrange_COPYRIGHT-Robin-Savch
Ne nous attardons pas sur l’interprétation poétique de l’origine du monde, mais plutôt sur la beauté biologique conférée par des images saisissantes et d’une rareté époustouflante. Les réalisateurs donnent voix à l’Humanité. Leur film renvoie par miroir à la mémoire inter-générationnelle. Nous y remontons jusque dans nos origines organiques et pour y ancrer l’actualité de notre espèce et un status-quo des océans.
Kuna-settlement-Robeson-Islands-San-Blas-archipelago-Panama-photo Yann Arthus Bertrand
« En 2012, 80% des stocks de poissons sont pleinement exploités ou surexploités, 90% des stocks de poissons commerciaux ont disparu et 1 espèce de poisson sur 3 est menacée d’extinction. Alors que la pression de la pêche se fait de plus en plus intense, 70 % des océans échappent encore à toutes formes de juridiction et constituent la plus grande zone de non-droits de la planète. »
Raja-Ampat-Islands-Four-Kings-West-Papua-province-Indonesia photo Yann Arthus Bertrand
On oublie difficilement les émotions et la béatitude que nous procurent les eaux par leurs splendeurs et phénoménologie. La beauté est le point de départ d’un voyage sensoriel mondiale dans les océans, sur les mers, de Shangai à Rio, en passant par de nombreux fonds marins et récifs. Cet hommage au miracle de la vie appelle par son scénario la magnificence de l’histoire humaine et ses exemples de conquêtes et défaites, ponctué d’une sensibilité humaniste et spécifique à notre relation avec l’Ocean. Il nous confronte à la crise de l’humanité dont le rapport et l’impact inéluctablement dépendent des océans autant qu’ils ne l’infectent de milles maux.
Shark Bay, baie de Henri Freycinet Harbour, Australia COPYRIGHT Yann Arthus-Bertrand
Dans Home, en 2009, nous avions été mis en garde : dans une dizaine d’années, nous atteindrions un seuil de dégradation irréversible de la nature. Dans ce nouveau film, notre échelle temporelle est mesurée par le nombre de naissance à la seconde, l’appauvrissement des stocks organiques maritimes pour survivre, et la diminution de la diversité et des richesses de la nature. Ce film au images sciantes et vraies révèle l’aspect fondamental des océans. Son montage transporte le scénario à des conclusions sérieuses et appelle en nous le pouvoir de vivre ce rêve Nature en toute tranquillité.
Icebergs-and-Ade¦ülie-penguins-Ade¦ülie-Land-Antarctica-South-Pole-COPYRIGHT-Yann-Arthus-Bertrand
« En 1992, à l’occasion du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, l’ensemble des parties prenantes de la conférence internationale s’accordait sur la nécessité de sauvegarder les océans. 20 ans plus tard, les objectifs ne sont pas atteints et seul 1,4% de la surface des océans est aujourd’hui protégé.
La corruption et l’industrie font bon ménage avec la pollution, l’abus des quotas de péche, et le manque de réactivité des pouvoirs décisifs. Ainsi, elles noient les cris des scientifiques, des écologistes et des militants humanitaires. Comme sur terre, les déserts marins avancent, l’équilibres des écosystème est fragilisé.
Notre Thon Crudité quotidien est la finalité d’une chaîne parfaitement ficelée qui met en péril toute la vie océane. 200g en boite ne sont rien d’autre qu’une traversée de la conserve provenant souvent de l’Asie, par la force du pétrole sortie d’une des 20 000 plateforme actives, grâce auxquelles 1 millions d’années carbones sont brulées en 1 an. La pression financière des banques sur les pêcheurs chiliens force ces derniers, à pêcher du non-comestible (car voila tout ce qu’il reste) afin d’en faire de la farine pour nos Saumons Fumés élevés en Norvège (4 kilos de farine de sardines sauvages pour 1 kg de poisson d’élevage dans votre frigo). En eaux libyennes, malgré les quotas imposés, les pêcheurs poursuivent leur collecte de thons qui n’ont souvent pas pu se reproduire; tandis que l’Union Européennes ferme les yeux en encourageant cette industrie primaire par ses subventions financières.
L’action avec un grand A, c’est le véritable appel de ce film et du travail mené par une équipe acharnée et revendicative pour une planète saine et respectée. L’action, c’est le fin mots de cette histoire, car chaque pas que nous faisons, chaque moment ou nous répondons rien qu’à nos besoin les plus primitifs, tel que manger ou dormir, élargissent le phénomène de dégradation de notre planète plus loin. Aujourd’hui nous sommes au coeur de notre mondialisation et de sa crise. Les solutions existent, elles sont nombreuses et toutes nécessaires.
Nous devons encourager la pèche artisanale afin de faire vivre les 99% qui ne raclent pas le fond des océans de leurs filets de 40 km et pouillant la vie à 3000m de profondeur (faute de stock de surface). Nous devons refuser le poisson plein d’oeufs afin d’exercer une pression indirecte sur l’industrie. Nous devons prêter plus d’attention à nos excès car 46000 déchets plastiques sont comptés au km2 maritimes. Nous pouvons acheter bio et du moins « Pèche Durable », consommer « local » nos fruits et légumes, nos vêtements et même nos voitures; car tout ceci vient de loin par la mer, bien souvent parmi les 300 millions de contenaires de Chine, dont le plus gros port est entouré d’eau vide de vie.
Il ne faut plus attendre que les politiciens réagissent. Le résultat est flagrant en 20 ans d’histoire. Il est indispensable que l’individu agisse et informe son entourage, qu’il le pousse à changer ses moeurs, tandis qu’il réajuste les siens. Il faut vivre dans le doute et investir les bonnes questions pour que nos réponses soit sincères et bénéfiques. Ces actions collectives et propres sont notre force.
Uniquement, quand nous agirons à notre échelle pour le respect de notre planète par l’ensemble de nos actions, et non quelques unes isolées, nous aurons le pouvoir d’influer les engagements des grands décideurs de l’avenir de notre planète. Les gouvernements n’auront plus le choix de fermer les yeux et seulement, alors, l’Humanité fera écho dans ce monde et nous constaterons le changement pour l’optimisme.
L’appel de Yann Arthus-Bertrand et Michael Pithiot ainsi que toutes les équipes de chercheurs et plongeurs pourtant semblent prendre fin avec la projection. Face à la passivité qu’engendre l’écran, on pourrait alors se demander comment un tel film qui appel a l’activisme peut engendrer des résultat concrets. Educatif, ce film est le concentré d’un message violent, réel, et d’une actualité des plus évidentes. Ce n’est pas un message pessimiste, mais au contraire un appel, un encouragement pour prendre des mesures décisives et immédiates.
Planète Océan nous saisit le temps de sa projection, par sa beauté, ses chorégraphies aquatiques. Il nous permet en un si court moment de voir l’étendu de notre phénomène humain sur l’histoire la plus ancienne, celle de la vie. L’impact vital des océans sur notre développement, et sa détérioration vont de pair avec notre capacité de survie. Les liens qui nous y unissent sont si fort, que sans cette histoire, la notre n’est que poussière.
14 projections de Planète Océan
les 15 et 16 décembre au cinéma du musée du quai Branly, à partir de 11h
Séances les 16, 17 et 18 décembre à la Géode à 19h30
Séances scolaires les lundi 17 et mercredi 19 décembre à 10h à la Géode, suivies d’un échange avec un océanographe de la Fondation GoodPlanet.
Grande conférence sur l’avenir de l’univers marin
le samedi 15 décembre au musée du quai Branly, de 15h30 à 17h30
Entrée libre dans la limite des places disponibles, sur réservation.
Déjà disponible en DVD.