Terre de mines, du charbon, de la sidérurgie et du ciment, la région de l’Oriental, autrefois en déclin, est en phase de reconstruction. Grâce aux dispositifs contenus dans la nouvelle constitution – qui prône, entre autres, « la régionalisation avancée », une stratégie visant l’industrialisation des régions défavorisées du royaume chérifien est en phase de concrétisation. Une nouvelle vision gouvernementale qui va permettre la création des richesses et des emplois.
Par Hakima Bedouani Kernane
Désenclavement. Lancée il ya une décennie, l’initiative royale pour le développement socio économique de la région de l’Oriental est en marche. De nombreux investissements publics structurants ont été consentis, notamment dans la construction des infrastructures modernes et de nouveaux sites industriels. La construction des infrastructures, qui constitue l’un des principaux piliers du développement territorial, contribue aussi à l’amélioration des conditions de vie des citoyens, notamment par l’amélioration de l’accessibilité à l’éducation, à la santé et à l’emploi.
Pour y parvenir, les autorités publiques ont opté pour le renforcement des infrastructures routières à travers la réalisation de l’autoroute Oujda/Fès, de la rocade méditerranéenne Saidia/Tanger et de la voix express Oujda/Nador.
Le désenclavement de la région de l’Oriental est rendu possible grâce à la mise en œuvre de projets de lignes ferroviaires, notamment celle reliant Oujda à Casablanca. Notons que les infrastructures portuaires et aéroportuaires ne sont pas en reste puisque des programmes ambitieux de construction de ports et d’aéroports ont été réalisée : les aéroports de Oujda et de Nador, le complexe industriel et portuaire Nador West Med et le port de plaisance de Saidia. Selon les autorités locales, la stratégie gouvernementale vise ainsi à placer la région de l’Oriental au cœur du triangle Casablanca – Alger – Madrid.
L’essor économique de la région repose aussi sur la promotion des investissements dans l’économie verte, les énergies renouvelables et l’agro industrie. Le technopole de Oujda, structuré sur cinq pôles dont le Clean Tech, une zone dédiée aux énergies renouvelables et aux industries d’efficacité énergétique, représente est un des exemples les plus significatifs dans la région de l’Oriental.
Dans la filière touristique, cette région dispose de nombreux atouts naturels : larges plages, des vallées, des forêts, des sources thermales et des grottes, lui permettant de proposer de nombreux produits touristiques. En effet, dans le cadre de la stratégie touristique établie par le gouvernement pour l’essor de la région de l’Oriental à l’horizon 2020, il est question de la valorisation et la promotion du tourisme balnéaire et de l’écotourisme.
Selon les autorités locales, 118 projets sont en cours de réalisation. Le programme de Saidia, une ville côtière de la région frontalière avec l’Algérie, a nécessité un investissement de 12 milliards de dirhams. Quant à Marchica, située sur la façade maritime de la ville de Nador, est un site d’intérêt biologique et écologique (SIBE), doté d’un potentiel éco tourisme et bénéficiant d’un plan d’aménagement qui inclue diverses activités comme le tourisme, l’urbanisme et l’écologie. La lagune, considérée comme l’un des plus grands espaces écologiques humides de la rive sud de la méditerranée, et bénéficiant d’un éco système, riche et diversifié, est concerné par un plan de dépollution de grande envergure. En effet, la convention signée avec le ministère de l’Intérieur, le secrétariat d’Etat chargé de l’eau et de l’environnement, la province de Nador et de l’Agence de l’Oriental, prévoit la dépollution totale de la lagune grâce à l’octroi d’un budget de 75 millions de dirhams.
Notons que l’investissement global de la valorisation du site de Marchica, estimé à 45 milliards de dirhams, est consacré à la construction d’unités hôtelières, résidentielles et touristiques, des équipements, des commerces et des espaces de loisirs. Selon les chiffres publiés par l’Agence pour l’aménagement du site de la lagune de Marchica, ces investissements vont permettre la création de 80 000 emplois à l’horizon 2025.
Le secteur de l’agriculture, une des activités économiques phares de la région, est aussi en phase de diversification de la production agricole et de modernisation des systèmes d’irrigation. Parmi les réalisations récentes, l’agropole de Berkane, un programme qui a nécessité un investissement de 300 milliards de dirhams. Ce projet comprends quatre zones : une zone pour abriter les unités agroindustrielles, une deuxième zone consacrée aux stations de conditionnement, et deux autres zones sont réservées à la logistique et aux activités tertiaires. Pour instaurer une compétitivité et assurer une attractivité pérenne, les professionnels du secteur misent aussi sur la certification des produits locaux, à l’image de la clémentine de Berkane, l’agneau de Bni Guil, les dates Aziza de Feguig et les nèfles de Zegzel.
Notons que dans le cadre de la politique gouvernementale Plan Émergence, les activités industrielles comme la métallurgique, la sidérurgie et la filière bâtiment et travaux publics, bénéficient aussi d’une stratégie de dynamisation.
La région de l’Oriental jouit d’un positionnement géographique stratégique. Située au nord est du Maroc, elle dispose d’une façade méditerranéenne de 200 km et une frontière terrestre avec l’Algérie de plus de 700 km. Positionnée à près de 200 km d’Almeria, Malaga et Oran, la région de l’Oriental pourrait devenir le cœur de la méditerranée, entre le Maghreb et l’Europe.