Par Fériel Berraies Guigny
PHOTO DR JUNGLENO
A la veille de la Journée Internationale de l’élimination des violences à l’encontre des Femmes, l’Association Internationale des Droits de l’Homme – A.I.D.H.- avait consacré un colloque sur les violences faites aux femmes. La Présidente, Françoise Traverso avait fait à cette occasion, une brève revue des actes dont les femmes sont victimes dans le Monde, dont le plus criant reste pour nous, le cas de la pakistanaise Malala, abattue par les talibans cet automne dernier. Une jeune fille qui voulait avoir l’accès à l’éducation de base, désireuse de se battre pour le droit des petites filles de son pays, pour l’éducation.
Le bilan n’est pas positif en 2012 pour les femmes du Monde et les années qui s’annoncent avec les profonds remous géopolitiques et économiques qui secouent le monde, n’augurent rien de bon pour nous toutes. Les discours et les forums sur les femmes battent leur plein, la théorie de nos droits est là, mais dans les faits rien ne change immuablement. En cette veille de 2013, bien des femmes seront sacrifiées sur l’autel de la globalisation, ou sur celui, tous cultes confondus, d’un intégrisme religieux rétrograde et liberticide ; et les violences physiques bien que gravissimes, seront également accompagnées par des violences plus insidieuses car elles seront morales.
Françoise Traverso Présidente A.I.D.H
Les violences verbales qui sont tout aussi traumatisantes, humiliantes, finissent par détruire. Elles sont souvent annonciatrices de violences physiques.
Les femmes restent la catégorie la plus touchée par la profonde crise économique qui secoue notre planète. Et les mouvements de libération qui laissaient entrevoir de profonds bouleversements, n’ont accouché au mieux d’une souris, au pire de monstres. Les suites du Printemps arabe furent désastreuses pour les femmes et les jeunes. Au Sahel, les femmes sont aussi face à de nouvelles mouvances rétrogrades qui leur nient tout droit à l’émancipation. Dans le Nord, beaucoup perdront leur emploi et seront livrées à elles-mêmes ; et les femmes mères célibataires, qui deviennent légion dans un monde sans repères et en perte de valeurs, sont les catégories les plus fragilisées. Entre le statut de travailleuse pauvre, à celle de rmiste, ou pire de femme dans les rues, les statistiques sont accablantes. Mais au-delà des statistiques, il faut voir le désarroi et la tristesse d’un quotidien ou seul un avenir désespérant est perceptible.
Michel LACHARTRE, modérateur du Colloque de l’AIDH, rappelait du reste que nul, homme, femme, enfant, n’est épargné par les violences au sein des sociétés. Pourtant, cela n’est pas une fatalité à accepter, même si selon Françoise TRAVERSO, des instances comme celles des Nations Unies, restent importantes dans la prise de conscience de ce phénomène au niveau. On pourrait rester des heures à palabrer sur le contenu de ce colloque, qui aura eu le mérite de réunir des personnes de bonne volonté, mais dans les faits, le changement viendra ailleurs.
De la matrice, de l’éducation, de principes citoyens à inculquer à nos enfants, du décloisonnement des genres et là faudra un gros travail des mentalités. En Afrique, la question du genre était tabou jusqu’il y a quelques années et ce n’est que depuis peu que l’on commence à accepter que les femmes africaines ne soient pas uniquement des mères procréatrices soumises ; leur voix commence à se faire entendre et c’est un progrès indéniable. Les problématiques relatives aux mariages des adolescentes et de l’excision qui perdurent, démontrent cependant les lenteurs du processus.
En ce qui concerne l’excision, l’on recense environ 150 millions de femmes excisées et infibulées dans le monde. S’ajoutent à ce chiffre 3 millions environ chaque année. La France compte 30.000 femmes et jeunes filles excisées. Il y en a 6.000 fillettes excisées par jour dans les Etats Arabes et en Inde.
Le professeur Franklin NYAMSI, agrégé de philosophie, rappelle en effet que les origines de la violence proviennent du fait de la domination masculine au sein de nos sociétés. La violence envers les femmes n’est donc que la traduction du système patriarcal instauré depuis l’époque néolithique. Ceux qui dominent ne reconnaissant pas les autres dans leur différence.
Le Ministre Olivier STIRN dénonce quant à lui également la violence persistante envers les femmes malgré les lois en vigueur. Et là ce n’est pas une question de religion ou de coutume ou de condition économique car, contrairement à ce que l’on pense, dans le Nord, ce phénomène est endémique. Encourager les politiques publiques en direction des victimes et prôner la tolérance zéro envers les auteurs des violences, seraient un premier pas. Il faut savoir qu’une femme meurt en France sous les coups d’un conjoint tous les 3 jours, 122 sont décédées en 2011.
Madame Caroline DE HAAS, conseillère en charge des politiques féministes au Ministère des Droits des Femmes, s’exprimant au nom de la Ministre des Droits des Femmes, Madame Najat VALLAUD-BELKACEM, a dénoncé le système de fonctionnement de nos sociétés qui reste machiste et laisse de fait peu de place aux femmes. Parmi les mesures de prévention en France, elle propose d’ailleurs, la généralisation sur tout le territoire, du téléphone portable à bouton unique, relié à un commissariat central du Département.
Le Gouvernement actuel et notamment la Ministre des Droits des Femmes a l’intention pour se faire de mettre en œuvre un plan d’action qui permettra d’améliorer l’accueil, l’accompagnement et la protection des victimes.
On voit bien que, partout dans le monde, les actions se multiplient pour donner aux femmes ce qui leur revient de droit : être l’égal de l’homme. Mais le plus important c’est que dans chaque foyer, celle qui est mère, épouse, sœur, fille soit aimée et respectée en tant qu’individu, en tant qu’être humain. Si nous ne réussissons pas à dépasser ce premier stade de la différence liée au genre, comment envisager de combattre les différences de cultures, de religions, de races, de statut social, qui meurtrissent le monde !!!
En attendant une meilleure évolution socio-économique de nos sociétés, les femmes doivent apprendre à se servir de leurs membres supérieurs et on inférieurs pour s’auto- protéger et s’auto-défendre. Salut, joyeuses fêtes .