C’est au cours d’une mission à Nairobi que UFFP a eu l’immense bonheur de visiter le Kenya, pays de la très regrettée Wangari Maathai. Prix Nobel 2004, elle fut récompensée pour l’engagement de toute une vie en faveur de la biodiversité mais aussi et surtout, en faveur des droits de l’Homme dans son pays.
De notre Envoyée spéciale au Kenya : Fériel Berraies Guigny
Wangari Maathai était et sera toujours une rôle model pour nous les femmes tant son combat pour la nature la biodiversité et les droits des hommes, reste global et universel. UFFP répondre à cette mission, était plus qu’un devoir, l’envie personnelle d’embrasser la « terre » où elle avait vécue et où elle a été enterrée. Mais aussi découvrir une autre Afrique comme on l’aime, faune, flore, culture et diversités au rendez vous.
Et ce fut également l’occasion de rencontrer Angela Sheldrick la fille de la célèbre naturaliste Dr Daphné Sheldrick. pour parler de l’héritage de ses parents et des combats qu’elle mène depuis des années pour préserver la biodiversité dans ce pays.
Entretien avec Angela Sheldrick:
Parlez nous du Fonds pour la vie sauvage David Sheldrick? ce fonds a été crée en hommage à mon regretté père qui nous a quittés en 1977. il fut un des pionniers en tant que régisseur des parcs nationaux au Kenya. A sa mort, les fonds ont continué à affluer en hommage à tous ses combats ; et c’est ainsi que nous avons perpétué son travail en vue de la protection des espèces en danger.
Parlez nous de vous, de vos parents? mon père était David Sheldrick et ma maman le docteur de réputation mondiale Daphné Sheldrick. Un film documentaire qui retrace sa vie passe actuellement à la Géode de Paris « Born to be Wild »
J’ai eu la chance en effet de grandir dans une famille unique, choyée par mes parents. J’ai grandi auprès de bébés animaux de toutes les espèces en totale harmonie avec la nature. Je réalise encore plus aujourd’hui que la préservation des espèces est aussi cruciale pour l’être humain et sa stabilité!
Aujourd’hui, j’ai repris les rennes du David Sheldrick Wild life Trust aux côtés de ma mère qui bien qu’ayant 78 ans reste très active.
Qu’’est ce que la société civile, mais aussi les gouvernements pourraient faire afin de donner assistance à vos combats? les gouvernements et particulièrement le gouvernement kenyan devrait comprendre que l’environnement la faune et le flore sont cruciaux pour l’avenir du pays et des nouvelles générations ; ils devraient prendre des mesures pour tenter d’éradiquer les fléaux générés par la croissance des populations. A l’heure actuelle, dans le pays il est clair qu’il n’y a pas une réelle prise de conscience et on ne réalise pas qu’en mettant en danger la biodiversité on ne peut prétendre à une avancée économique ou a un développement global quel qu’il soit.
Quand on considère que la réputation internationale du Kenya vient justement de son tourisme, des parcs naturels et de ses réserves, il faut justement tenter de préserver au maximum cette richesse naturelle qui à défaut, sera perdue pour toujours. Nous sommes de plus en plus en train d’assister à des comportements dangereux générés par les conflits humains, le braconnage, la perte de territoire d’habitation. Si le gouvernement ne réagit pas à temps il n’y aura plus de retour arrière possible.
En pratique et dans les faits que faire? les massacres des éléphants des rhinocéros cela continue pourtant? l’abattage des éléphants et des rhinocéros sont générés par cette soif de vendre leur ivoire en Extrême Orient ! les prix sont exorbitants et pour un pauvre cela peut représenter beaucoup d’argent d’où la tentation! tant qu’il n’y aura pas une loi internationale qui puisse bannir la vente de l’ivoire alors ces mauvaises pratiques vont persister. Mais il est aussi question de chasser et de braconner pour la viande, les populations des tribus ne sont pas exemptes de ce genre de méfaits. Les populations d’Afrique de l’Ouest sont particulièrement friandes de ce genre de viande et comme ils ont épuisé leur ressource, ils se tournent vers l’Afrique de l’Est à présent. Entre la chasse et le développement de ce commerce pour la viande de gibier on ne sait pas comment stopper ce fléau!
Le documentaire » Born to be Wild » que l’on a pu visionner à la géode de Paris est très touchant et parlant, quel est votre bilan de toutes ces années?
Nous avons fait beaucoup de choses et pas simplement au niveau de l’orphelinat des bébés éléphants. L’une de nos plus grandes satisfactions a été de constater que les bébés éléphants recueillis ont été relâchés dans le parc national de Tsavo et à leur tour ils ont donné naissance à des éléphants en territoire naturel. Mais notre travail ne se limite pas qu’à cela même si le reste est moins visible. Nous faisons également des programmes d’assistance vétérinaire par les airs, des unités mobiles de vétérinaires, nous faisons des campagnes de sensibilisation auprès des communautés, des programmes pour réhabiliter les zones d’habitation, nous finançons les clôtures électroniques afin de faire la frontière entre les animaux et certaines régions humaines sensibles. Le Fonds emploie 180 personnes et nous sommes fiers de pouvoir faire des changements dans les régions où nous opérons.
Que voudriez vous dire à ceux qui viennent vous visiter du Monde entier? merci de votre amour pour ce projet, de votre soutien et grâce notamment à internet de nous encourager car les gens nous suivent des 4 coins du monde. Bien sur beaucoup reste à faire car les éléphants et les rhinocéros ne peuvent survivre aujourd’hui sans une prise en charge adéquate de leurs besoins. Leur habitat et la vie sauvage doit être préservée avant que cela ne soit trop tard.
Encadré : le David Sheldrick Wildlife Trust est un petit organisme souple, créé en 1977 pour honorer la mémoire d’un célèbre naturaliste, David Leslie William Sheldrick MBE, le fondateur du Parc national Tsavo Warden au Kenya, où il a servi depuis sa création en 1948 jusqu’à son transfert à Nairobi en 1976 à la tête de l’Unité de planification de la conservation de la faune nouvellement créé et Département de gestion. David est décédé six mois plus tard, mais son héritage d’excellence et les systèmes qu’il a installé pour la gestion de Tsavo et de la faune en général, au Kenya, en particulier dans le domaine de la faune d’élevage et de l’éthique, continuent à vivre.
En 2004, le David Sheldrick Wildlife Trust a été reconnu comme « société de bienfaisance » par le gouvernement britannique.