Galerie ART Aujourd’hui du 13 mai au 20 juin
Par Diane Cazelles
Avec les œuvres de Mario PRASSINOS, Isabelle VIALLE, Gottfried SALZMANN (peintures) et Anne-Andrée CARRON(sculptures).
ARBRE de vie, pilier cosmique, mythes et rêveries autour de l’arbre, habitent l’imaginaire depuis la nuit des temps. L’homme a perçu l’arbre comme un frère végétal. « L’homme comme l’arbre est un être où des forces confuses viennent se tenir debout » (Gaston Bachelard, L’air et les songes). Plus l’arbre s’élève vers le ciel, plus ses racines s’enfoncent dans les ténèbres de la terre. L’arbre est un passeur de mondes, un lien entre le monde chthonien et le monde céleste où s’épanouit son feuillage au rythme des saisons. Sa croissance lente, imperceptible et silencieuse semble adossée à l’éternité. Les artistes présents et Mario Prassinos d’abord, chacun à leur manière, participent de cette vitalité silencieuse.
L’arbre est un thème qui traverse l’œuvre de Mario Prassinos.
La croissance et l’énergie du végétal s’y disent sous diverses formes et apparences qui peuvent aller de l’incarnation dans des formes humaines à l’abstraction du signe. Toutes les mutations sont possibles.Mario Prassinos est un des artistes majeurs de la deuxième École de Paris après 1945. D’origine grecque, né en 1916 à Istanbul, et mort en 1985, il s’installa dès 1951 dans les Alpilles, à Eygalières.
Profondément enraciné dans cette terre provençale où les arbres sont couchés par le mistral comme ceux de Grèce le sont par le meltem, ce vent violent qui en été souffle du nord-est sur la mer Egée. De cet œuvre protéiforme développé aux frontières parfois de la figuration et qui fut universellement reconnu et célébré du vivant de Prassinos, sont rassemblées iciquelques-unes des pièces les plus représentatives de périodes ou séries qui tournent autour de ce thème de l’Arbre.
« Etudes » d’arbres d’Isabelle Vialle.
Pour quelques années, Isabelle s’est enracinée en Grèce où elle s’est abreuvée à la source lumineuse des oliviers multi centenaires. Elle retrace ainsi ce qui a été pour elle une révélation : «Fascinée par les forêts d’oliviers, pendant des mois je les ai scrutés dans leur danse, plus humaine que végétale. Certains ont 2000 ans, ma première réflexion a été de me dire qu’ils avaient dû se doter d’une âme depuis tout ce temps. J’ai commencé à dialoguer avec ces troncs tortueux…Sur la toile j’ai commencé à explorer ce corps végétal, massif et aérien. Ils ont envahi l’espace pictural comme pour témoigner de cette rencontre émotionnelle forte. Ils sont devenu un corps paysage où palpite la douceur et la violence, la force et le désir. » (Extrait de la présentation de l’exposition « Paroles enracinées » à l’Institut français de Thessalonique, octobre 2014.)
« Mon attirance envers l’arbre a toujours été présente. Je ne dissocie pas l’homme de l’arbre. C’est l’essence même de la vie » Anne-Andrée Carron.
L’Arbre de Anne-Andrée Carron est un archétype de l’Arbre de Vie, universellement présent dans les mythes et légendes de tous les peuples du monde. Tronc robuste, bouillonnement majestueux du feuillage, modelé par Anne-Andrée Carron, il surgit, solitaire, tantôt d’un imposant talus, tantôt de l’élancement d’une stèle singulière. Solitaires, alignés ou disposés en une forêt mobile, les arbres donnent ici sens et vie au vide qui les sépare, créant ainsi un espace architectural à fonction rituelle. La terre brute, blanche noire ou rouge, se fait bois et frondaisons, revient au végétal, et cette transmutation forme des « natures vivantes ». C’est ainsi que l’artiste se plaît à définir ses créations.
Gottfried Salzmann a beaucoup regardé les arbres avant de concentrer son attention sur la forêt urbaine et ses reflets.
Ils sont pour lui, pur motif de peinture. Des quatre artistes présentés dans cette exposition G. Salzmann est probablement le plus éloigné de la symbolique de l’arbre, et de la force vitale qui en émane. Sa rencontre avec les arbres est d’abord visuelle et réside entièrement dans l’immanence du regard. Dans ce motif comme dans les autres, il cherche le point de vue original qui bouscule et renouvelle chaque fois notre regard sur le monde. Le rythme des troncs, les jeux de l’ombre et de la lumière, les variations de la couleur dans les feuillages, l’éclat furtif d’un bleu ou d’un vert mouillé sont les paroles silencieuses d’un infini dialogue avec le motif. Gottfried Salzmann est un peintre désormais mondialement reconnu pour la virtuosité de ses aquarelles.
INFORMATIONS
Galerie ART Aujourd’hui, 8, rue Alfred Stevens, Paris 9ème (métro Pigalle)
Ouvert du mercredi au samedi de 14h30 à 19h30.
Contact : Marianne RILLON : 01 71 37 93 51 / 06 52 34 98 24