Face à la mer, sous le soleil diffus du nouveau printemps, Sidi Bou Saïd apparait dans sa blancheur éclatante encadré d’orangers et de mimosa en fleurs.
Souvent envahi par les touristes, ce village de carte postale séduit tous ceux qui gravissent ses jolies ruelles pavées.
Impossible de résister à son charme !
Par Diane Cazelles
Lieu de traditions
Cet ancien village de marabouts fut jadis voué à la religion. En 1207, un mystique nommé Abou Saïd Khalafa ben Yahia s’y installa afin de développer le soufisme. Sanctifié à sa mort, la colline de Sidi Bou Saïd devient un haut lieu de spiritualité et le village pris son nom. Sa confrérie, encore très active, célèbre chaque année sa mémoire au cours d’un défilé spectaculaire, qui témoigne de l’attachement de Sidi Bou Saïd aux traditions.
Autrefois village paisible de pêcheurs, il doit sa renommée internationale au baron anglais Rodolphe d’Erlanger qui s’y installa en 1912 et y fit construire un somptueux palais donnant sur la baie. Amoureux de musique, il ouvrit sa porte aux artistes de tout bord en organisant des rencontres et des soirées où se mêlaient art, musique et littérature. Après sa mort en 1932, ses héritiers léguèrent son patrimoine à la Tunisie.
Ce palais, rebaptisé « Ennejma Ezzahra » est devenu le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes. Son magnifique musée d’instruments musicaux, son architecture et ses jardins sont accessibles au public.
Le blanc de ses murs, le bleu de ses boiseries, le jaune ou le rouge de ses portes anciennes, rehaussées par le soleil et les bougainvillées donnent une atmosphère d’éternelles vacances. L’architecture arabo-andalouse pure et raffinée, à chaque coin de rue, s’installe en étage sur la colline. Les moucharabiehs préservent jalousement les intérieurs authentiques et les portes cloutées révèlent le langage de leurs heurtoirs.
Celles des plus riches demeures disposaient de trois anneaux, dont la hauteur et le bruit différait, pour annoncer, selon leur sonorité, l’arrivée du maître de maison, des invités ou des femmes et des enfants…
Cafés légendaires !
Deux cafés se partagent la vedette. Le fameux « Café des nattes » en haut de la rue principale, dont le décor semble inchangé depuis qu’il fut fréquenté par Gustave Flaubert, Chateaubriand, André Gide et Simone de Beauvoir. Mais ce sont surtout les terrasses échelonnées du « Café Sidi Chaabane », rebaptisé « Café des délices » depuis que Patrick Bruel l’a immortalisé dans l’une de ces chansons, qui attirent les promeneurs
. Pour les gourmands, le marchand de beignets régale à toutes les heures de la journée.
Fréquenté par les touristes comme par les Tunisois venus y oublier le tumulte de la capitale, le panorama sublime sur le Golfe de Tunis, font de ce charmant village une étape incontournable.
Patrie des artistes et des savoir-faire
Sidi Bou Saïd est resté le rendez-vous des artistes. D’illustres peintres y sont venus en villégiature, comme Paul Klee, ou ont élu domicile à Sidi Bou Saïd. De nombreuses galeries du village exposent leurs œuvres et d’autres talents… Plus loin sous les portes cochères, sur les murs ou étalés devant les boutiques, des productions artisanales venus de toutes les régions de Tunisie s’exposent aux regards et aux envies. Bijoux, bibelots, tapis, poteries, vaisselle, senteurs, encens, c’est un voyage au cœur des savoir-faire de la Tunisie. Les oiseaux se sont échappés des gracieuses cages de fer peintes.
Blanches et bleues, toutes en courbes et arabesques ouvragées, elles sont de toutes les dimensions et restent aujourd’hui le souvenir typique du village.