Dans le quartier nomade de la médina, les petites boutiques s’affichent sur le pavé des ruelles et les façades. Au-dessus et de part et d’autre de la porte virevoltent au courant d’air des textiles chamarrés. Sur le sol sont empilés pots, plats et de larges potiches. Ici point de motifs d’arabesque, un sourd émail vert resplendit sous la lumière doré du soleil. Plus ou moins clair, ce vert prend des nuances émeraude ou olive recouvrant inégalement en gouttes et en aplat. Les pièces amoncelées se prêtent à des formes classiques des plus petites aux plus grandes.
Par Diane Cazelles
Assiettes, bols, brocs, grands plats, tagines, lampes à huile et jarres… Façonnées à la main, elles gardent le souvenir du geste humble et adroit. Hassan reçoit dans la jolie boutique et autour d’un thé à la menthe raconte l’histoire de la poterie verte.
Tamgroute et ses richesses !
C’est à l’extrême sud du Maroc, sous les vagues du désert qui grignote peu à peu le paysage. A Tamegroute, le vert résiste grâce à la poterie locale, unique par sa couleur ! Sur les grandes routes caravanières de la vallée du Draâ,Tamegroute, berceau de la confrérie soufie Zaouia Nassiria, fondée au XVIIe siècle par Mohamed Ben Nasser, conserve une célèbre bibliothèque, dont certains ouvrages remontent au XIe siècle.
La particularité de cette cité reste cette incroyable poterie verte, dont les secrets sont transmis de génération en génération jusqu’à aujourd’hui. Unique sans doute, personne n’a pu encore reproduire ce merveilleux émail. La fabrication de la poterie passe par quatre étapes principales: la préparation de l’argile, le modelage, la peinture et la cuisson. Un mélange de minéraux et quelques fibres végétales sont astucieusement mélangés pour préparer l’engobe.
L’interaction du cuivre, du khôl (à base de manganèse) et de pierre morte génère cette couleur verte lors de la cuisson, tandis que de la poudre céréalière donne l’aspect brillant ondulé…Au cœur de cette fabrication artisanale, chaque ingrédient est aussi demeuré authentique. La terre et l’eau pour préparer la boue proviennent de la vallée du Draâ, et le bois des fours traditionnels des restes de troncs et de feuilles des palmiers-dattiers. Quant au transfert de ces différents matériaux, il se fait toujours à dos d’âne.
Il reste une dizaine d’artisans à œuvrer dans le secret, descendants de six familles installées dans la région depuis quatre siècles. Ici, la poterie est la deuxième activité des habitants après l’agriculture. Elle représente les traditions et le patrimoine culturel, et favorise le tourisme local. Dans les périodes difficiles de grande sécheresse, l’artisanat devient la seule source de vie de la population.
Une bien belle histoire… Merci Hassan !
INFORMATIONS
Médina d’Essaouira, quartier nomade
Wahidi Alaoui Moulay El Hassan, Tel.: 06 51 30 37 56