IA et image du corps voilà quelque chose qui fait partie du quotidien désormais. A l’ère des images intelligentes beaucoup de questions sociétales et éthiques se posent. Ou commence la réalité et quand est elle dépassée par la fiction?
Cette recherche de perfection absolue rendue possible par l’intelligence artificielle, quelles sont les frontières à ne pas dépasser?
By UFFP editor Fériel Berraies Guigny
La notion de beauté quand elle est imposée par des machines ( alimentés par les diktats sociétaux et canons de beauté ) n’est elle pas un peu dérangeante?

PHOTO UFFP DR
Le philosophe Maurice Merleau-Ponty rappelait que le corps est avant tout un corps vécu, une expériences sensible du monde. Or, l’image numérique intelligente tend à réduire ce corps vécu à un corps visible, comparable, mesurable et évaluable.
La naturalité l’authenticité est devenue presque un handicap en ce siècle, car elle nous renvoie un miroir d’imperfectibilité, d’échec personnel presque, face aux attentes sociétales actuelles et aux canons surfaits de la beauté. Et l’IA aussi formidable puisse t-elle être pour les avancées technologiques, les services et l’entreprenariat, pose un problème éthique parfois. Quelle image humaine et à quel prix?
Dans une société où le paraitre et l’ego sont légion, la peur de ne pas être acceptés par les autres, nous plongent dans une solitude des plus absolue. J’ai vécu tout cela dans une ancienne vie, de mannequin à jeune diplomate, la peur du regard des autres, la non acception de mon image. Alors ce sujet m’interpelle en même temps qu’il me pousse aussi à mes anciens retranchements.
J’ai été top modèle, mais aussi anorexique et boulimique, et la peur de l’image m’a toujours tiraillée.
Aujourd’hui sortie du monde de l’image par choix personnel, j’essaye de protéger ma fille, mais il est compliqué face au numérique et à la surutilisation des réseaux sociaux et applications de toute sorte de contrôler ses enfants. Dans un monde ou les diktats de la beauté font rage. Il faut rester vigilants, l’IA redessine notre vision du monde et notre rapport au corps en bien comme en mal.

PHOTO UFFP DR
Quand la machine décide du regard que l’on a de soi, cela devient compliqué !
Mais qui au fond impose ces normes bien avant la machine et pourquoi?
IA une réalité de nos sociétés et du monde
L’intelligence artificielle n’est plus une option stratégique, c’est une bascule culturelle qui a planté ses racines dans les outils de notre quotidien, dans les services de clients etc.
Elle est imposée dans nos chaines de valeurs désormais et on nous demande de prendre le pas, de ne pas être réfractaire parfois, nous plongeant dans une sorte de solitude numérique si l’on arrive pas à suivre le rythme.
Que l’on veuille ou non, elle est déjà installée, et elle crée une rupture pour ceux cad individus ou entreprises qui n’arrivent pas à s’y faire.
L’IA est une révolution déjà bien implantée et c’est la réalité de nos sociétés actuelles.
L’IA suscite autant d’espoirs que de craintes
La peur est d’ailleurs souvent proportionnelle au manque de compréhension. Dans beaucoup de cas si l’on s’en tient d’abord au monde corporate, le premier frein n’est pas la technologie, mais le climat psychologique. En France beaucoup pensent que notre pays a raté le coche numérique et pas qu’un peu.
L’innovation dans le numérique obéit à des règles. Sans clarté et dans un contexte de règles illimitées, de bureaucratie, c’est un frein. L’IA sans cadre devient une succession d’expérimentations brillantes mais sans impact durable. Sans gouvernance, l’IA devient une succession de tests dispersés et souvent sans suite.
IA et monde médical
Imposée dans le monde médical, elle a permis d’énormes progrès pour l’avancée de la Science, les diagnostics, les traitements en cours, la gestion des dossiers etc.

PHOTO UFFP DR
Dans le domaine de l’esthétique elle est encore plus avancée, puisque les algorithmes calculent pour nous désormais comment on devrait être, nous renvoyant inlassablement cette image de perfection éphémère. Car le vivant, évolue, prend de l’Age, tombe malade et nous revoila au point de départ.
Combien d’opérations pour être parfaite et le rester!?
En quête d’un Graal qui nous piège plus qu’il ne nous libère… la pierre philosophale qui nous donne la jeunesse éternelle, on la cherche toujours… ni le botox ou l’acide hyaluronique n’y peut éternellement grand chose.
A cet effet, nous nous sommes approchés du Professeur Mustapha Ait-Aissa, Chirurgien plasticien basé en Californie pour parler de l’apport des IA dans le domaine de la représentation du corps.
Car il faut le rappeler, l’IA est devenu le nouvel acteur de la construction de l’image corporelle
Si on part du principe que l’’intelligence artificielle est aujourd’hui un acteur central de la production des images. Mais on sait aussi qu’il y a des frontières à ne pas dépasser dans la quête de perfection de l’image de soi.

PHOTO UFFP DR
Un petit rappel
Quand la technologie devient miroir, norme et question éthique
Se regarder a toujours été un acte chargé de sens. Du miroir antique au portrait photographique, l’image
du corps n’a jamais été une simple reproduction du réel : elle est médiation, interprétation, projection.
Aujourd’hui, avec l’émergence des images numériques intelligentes — filtres algorithmiques, avatars,
retouches automatiques, visages et corps générés par l’intelligence artificielle — cette médiation change
de nature. Ce n’est plus seulement l’humain qui se regarde, mais une technologie qui regarde pour lui, et parfois à sa place.
À l’ère de l’IA, l’image du corps devient un terrain où se croisent innovation, normes esthétiques et
enjeux profondément humains. La question n’est plus seulement comment nous nous voyons, mais qui
façonne ce regard.

PHOTO UFFP DR
UFFP s’est entretenue avec un Scientifique un médecin Humaniste et très philosophe ( oui oui c’est possible) pour aborder cette thématique assez complexe et passionnante.
Bio du professeur Mustapha Ait- Aissa :
Parceque la beauté commence par l’écoute, le Dr Mustapha Ait Aissa en a fait un sacerdoce.
Ses gestes il les connait, avec plus de trente ans de chirurgie plastique et reconstructrice, entre
Paris, Riyad, Oran et aujourd’hui les États-Unis,
Des expériences, des histoires d’humain, qui lui ont appris à observer avant d’agir.
Formé à Paris, il a appris que la beauté ne se crée pas. Elle se révèle. Dans ses mains, chaque contour,
chaque détail, respecte l’anatomie, le rythme et la singularité de chacun. Chez lui, l’excès n’a pas sa place.

PHOTO UFFP DR
L’élégance, oui.
Au Bahia Aesthetic Surgery Center, qu’il a fondé et dirigé pendant près de vingt ans, la discrétion est un LUXE, la maîtrise un art. Le résultat : naturel, durable, jamais ostentatoire.
Chercheur, enseignant, conseiller international, il partage ses connaissances avec la même attention qu’il
porte à ses patients. Mais c’est dans ses engagements humanitaires que se lit sa vision la plus profonde :
chirurgie reconstructrice, soins des brûlés, accès aux traitements pour les plus vulnérables. La compétence
au service des autres.
Aujourd’hui, polyglotte et consultant, il continue de dessiner la médecine esthétique avec précision,
humanité et discrétion. Une modernité qui s’impose sans bruit.
Et comme en plus de manier le bistouri il adore manier le beau verbe…
Citation
« La beauté véritable ne se fabrique pas. Elle se respecte, se comprend, puis se laisse apparaître. »
Entretien avec le Professeur en médecine Esthétique Mustapha Ait- Aissa :
- Que fait exactement l’IA dans votre “practice” concrètement ? l’intelligence artificielle joue un rôle bien précis, elle sélectionne améliore, corrige et génère des représentations corporelles selon des critères statistiques : symétrie, jeunesse, minceur, peau uniforme.
- Ce regard numérique n’est ce pas se voir au travers d’un autre miroir que soi? oui ces images ne se contentent plus de refléter l’apparence : elles permettent de se regarder à travers des images numériques intelligentes, c’est apprendre à se voir à travers un miroir qui interprète, transforme et parfois corrige le corps avant même que nous en ayons conscience. Le regard que l’on porte sur soi devient alors médiatisé par un algorithme, qui suggère subtilement ce qui serait « améliorable”
- Ce n’est pas un peu trop “directif” ? ce déplacement est silencieux, mais puissant : l’image ne montre plus seulement ce que nous sommes, mais ce que nous devrions être, une version parfaite de soi.
- Amplifier les normes existantes ce n’est pas dangereux ? oui c’est un risque bien réel ! D’un côté, l’IA amplifie des influences déjà présentes dans les médias et les réseaux sociaux.
- Les filtres de retouche, les recommandations algorithmiques et les images générées proposent des corps lissés,standardisés, parfois irréalistes. Parce qu’ils sont produits par des systèmes techniques, ces modèles semblent neutres, objectifs, presque naturels.
- Quelle cible en particulier ? chez les adolescents en particulier, cette omniprésence de l’image modifiée peut brouiller la frontière entre le réel et le transformé. Elle renforce les comparaisons sociales et accentue le sentiment d’écart entre son propre corps et des normes artificiellement produites.
- Quel impact psychologique en conséquence? Cette médiation algorithmique peut :
- déplacer l’estime de soi vers une validation numérique (likes, commentaires, visibilité),
- créer un décalage entre le corps vécu et le corps affiché, rendre l’image corporelle plus fragile, plus dépendante du regard extérieur.
- Le corps cela reste du vécu ? oui il doit être corps vu comme une expérience, pas comme un objet de calcul. Lorsque l’image modifiée devient la référence, le corps réel risque d’apparaître comme insuffisant, en retard ou défaillant. Le regard intime sur soi se transforme en regard évaluatif. Se voir devient se comparer. Se reconnaître devient se corriger.
- Mais ce glissement n’est il pas inéluctable ? ce glissement interroge profondément la construction de l’identité corporelle, surtout à une époque où l’image circule plus vite que l’expérience, et où l’apparence précède parfois le ressenti. Le danger n’est pas la technologie en elle-même, mais la perte de relation vivante au corps.
- Une autre utilisation de l’IA ? il serait réducteur de condamner l’IA sans nuance. Utilisée de manière consciente et éthique, elle peut aussi ouvrir des voies positives.
- L’intelligence artificielle permet notamment : de diversifier les représentations corporelles (âges, morphologies, handicaps, cultures), de déconstruire les normes uniques de beauté en montrant la richesse et la variabilité naturelle des corps, de soutenir des outils éducatifs et préventifs favorisant l’esprit critique face aux images numériques, d’accompagner le bien-être à travers des applications axées sur la santé, la fonctionnalité du corps et le ressenti plutôt que sur l’apparence.
Oui en somme, il faut un travail de sensibilisation et à bien des niveaux.
Éduquer le regard : un enjeu humaniste
A rappeler que l’IA n’est ni neutre ni déterminante en soi. Son impact sur l’image du corps dépend de la
manière dont elle est conçue, utilisée et régulée, mais aussi de la capacité des individus — surtout des
plus jeunes — à comprendre ses mécanismes.
L’enjeu majeur devient alors l’éducation au numérique et au regard critique : comprendre que l’image est une construction, non une vérité, reconnaître les choix techniques, culturels et économiques derrière chaque transformation, réinvestir le corps comme expérience vécue, sensible, mouvante — au-delà de l’écran.
Cette démarche rejoint les valeurs portées par United Fashion For Peace : respect de la diversité, dialogue entre les cultures, valorisation de l’humain avant la norme.

PHOTO UFFP DR
Se réapproprier son image : un acte de paix intérieure
Se regarder à travers les images numériques intelligentes peut devenir un piège, mais aussi un espace de
réflexion et de conscience. Tout dépend de notre capacité collective à humaniser la technologie, à la
mettre au service du bien-être, de la créativité et du respect de soi.
👉 La question demeure essentielle :
Est-ce l’image qui nous définit, ou notre capacité à lui résister, à l’interpréter et à la dépasser ?
À l’ère de l’intelligence artificielle, préserver une relation juste et bienveillante au corps — le sien et celui
des autres — devient un acte profondément humaniste, une manière de cultiver la paix avec soi-même
et avec le monde.
Consultant Plastic & Aesthetic Surgeon* based in California
*President of the Algerian College of Plastic & Aesthetic Surgeon’s*
*Active member ISAPS*
*Member of the American Society of Plastic Surgery*
* Mob:+1 831 320 02 61
