Le Covid, le cancer, Alzheimer la liste est longue de ces pathologies qui emportent nos êtres chers.
Mais aujourd’hui, face à la crise sanitaire en plus du chagrin de la perte nous devons aussi faire face au chagrin de la confiscation de certains rites et l’impossibilité de communier avec les proches pour motifs de contagion du virus.
Face à la sinistrose ambiante, l’isolement, la déferlante du COVID qui a tué le lien social, mettant à mal les effusions, les contacts physiques et même les possibilité de vivre « normalement » les relations « sociales » , « familiales » « affectives et amoureuses » il est très difficile » de vivre normalement son deuil ou une quelconque maladie.
J’écris ce billet en pensant à mon mari qui nous a quittés en juin dernier et pour communier avec tous ceux qui ont vécu le drame de la perte, en tant de confinement et d’isolement sans pouvoir le voir une derniere fois. Nous n’avons pas pu l’habiller, ni le voir une dernière fois et ces dernières semaines, mon aimé n’a pu voir ses petits, nos enfants, car le médecin l’empêchait.
Cela a beaucoup fait souffrir mon mari.
Alors ce jour, gillou on pense encore à toi.
Par Feriel Berraies Thérapeute
J’écris ce billet car je suis frappée de plein fouet par ces problématiques en tant que femme, mère, épouse aujourd’hui veuve.
Je sors de mon mutisme et reviens à ma casquette de thérapeute après six mois d’absence ou j’ai cessé d’écrire « pour faire mon deuil » de la disparition tragique et violente de mon époux sur fond de restrictions liées au covid.
« Faire son deuil » le fait-on vraiment ? et le peut-on aujourd’hui ?!
J’ai toujours réussi à garder une certaine distanciation face à la mort et toutes ces années, j’ai pu aider beaucoup de mes sophronisés à faire face à des pathologies gravissimes, des ruptures, des trahisons, des divorces.
Mais je ne m’étais pas préparée à ce tsunamis émotionnel sur fond d’isolement et cassure du lien social. Depuis le 27 janvier dernier, moi et mes petits sommes plongés dans ce drame, et nous ne pouvons recevoir notre famille restée bloquée en Tunisie pour « pouvoir faire le deuil » de ce membre cher qui nous a quittés.
Au fur et à mesure que les mois ont passé, j’ai constaté que la situation commençait à empirer et que de plus en plus, du fait de l’impossibilité de nouer un lien social sain, pas mal de souffrances morales et psychologiques ont vu le jour autour de moi et pas uniquement au sein de mon cabinet et entourage. Que ce soit lié à la mort, une maladie ou le décès par Covid.
Alors comment faire son deuil quand on est isolés coupés de tout et que l’on ne peut plus se toucher et se rassembler ?
La mort de mon époux fut injuste, violente soudaine et en plus de sa pathologie gravie il a fini aussi par attraper le Covid.
Il n’a pas pu dire aurevoir à nos petits
Je sais que ce n’est qu’un cas parmi tant d’autres dans le monde, mais il faut en parler, il faut le raconter pour essayer de cautériser la peine. Tant de cas passés sous ce silence et cette douleur indicible du proche qui n’a pas accomplir ce que le défunt méritait.
La théorie de l’attachement
Pour Bowlby, le rite d’adieu permet de se préparer à laisser partir. Pour ceux qui y croient, l’âme des défunts, pour les vivants, se trouve dans un état d’entre deux, et c’est par le rite du passage dans l’autre monde, que l’on permet le détachement et ce à travers du rite funéraire.
Mais il faut pouvoir le partager en communauté et en communion !
Le Covid nous rend orphelin des adieux
Des milliers de personnes ont fait face au deuil et à la douleur dans l’indifférence et l’isolement, sans contact, sans effusions ou support moral de quelque sorte, pandémie oblige.
Cette souffrance est donc devenue double puisque désormais il faut apprendre à dire aurevoir mais sans les rites et en communion.
Un droit de mémoire avorté
Malgré soi, la situation actuelle nous ampute de ce droit important. Une restriction qui pèse lourdement dans nos vies et dans notre capacité à nous guérir du chagrin qui doit suivre plusieurs étapes. La mort devient suspecte, handicapée de l’affect.
La mort n’a pas de sens dans la vie mais elle fait partie de la vie, pourtant seule la mémoire nous permet de garder un lien du passé. Et c’est par le rituel qui est aujourd’hui très restreint presque avorté, que l’on peut faire face à l’inéluctable, Pourtant, le covid 19 a tout redessiné dont notre perception du temps, et de l’espace, rendant la guérison encore plus improbable et complexe.
Le Trauma du Deuil
Ce scénario du covid dans ces circonstances va nourrir le trauma, d’autant que la personne reste profondément marquée et n’arrive pas à faire son deuil « naturellement » puisque on lui brule certaines étapes.
Quand une mort est consécutive à une maladie et que dans le conscient, on est plus ou moins par des thérapies bréves ( Sophrologie) on peut réussir à atténuer les souvenirs dégradés des dernières semaines. Mais il faut pouvoir dire aurevoir dignement. Et ce n’est plus le cas.
Essayer de trouver la force de garder les souvenir positifs
Ici le travail sera centré sur le positif d’une circonstance douloureuse, pour ne garder que les belles images. L’Hypnothérapie peut aider à accélérer ou relancer le travail de deuil par l’hypnose.
Mais il faut respecter les 7 étapes du Deuil
Elisabeth Kubler Ross, psychiatre et psychologue, décrivait les 7 étapes nécessaires au travail de deuil: Le choc, le déni, la colère, la tristesse, la résignation, l’acceptation et la reconstruction. Le deuil peut devenir complexe voire même devenir un pathos si l’une de ces étapes ne s’est pas déroulée correctement.
Attention au Deuil pathologique
Car il engendre une série de conséquences psychosociales : allant de l’anxiété à la dépression. Ses expressions extrêmes seront les phobies, les crises de panique, les troubles du comportement alimentaire, les TOCs , les pensées morbides et suicidaires etc
Casser les blocages du Deuil
Regrets, sentiments de frustrations, culpabilité, déni, non-dits, il nous faut pourtant faire face.
Il faut parvenir à débloquer le processus du deuil qui ne peut plus faire son chemin naturellement.
La thérapie comportementale peut aider à reconstruire « ce chapitre ou épisode manqué » permettant un espace d’expression thérapeutique dans lequel le processus de deuil est relancé, pour que cette fois ci, chaque étape se déroule dans son intégralité.
Laissez partir …
Lorsque l’absence intolérable, il faut accepter d’aller voir un thérapeute. Et c’est par une politique des étapes qui soit écologique que vous aller aider l’inconscient à faire le travail de deuil. Petit à petit, à votre rythme vous construisez un chemin celui de la cohabitation avec l’absence, sans douleur, sans oublier mais en gardant le meilleur de son souvenir et de son amour qui est lui, immortel.
M’écrire : fbsophro@gmail.com
Site : www.feriel-berraies-
Je reçois à mon cabinet sur Ozoir la Ferrière (Seine et Marne )