Dans le cadre de la journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, UFFP invitée par l’Association Violences et Droit des Femmes, s’est rendue à la conférence qui s’est tenue le 29 novembre dernier à La Mairie du 6e arrondissement à Paris.

photo DR UFFP de gauche à droite Marine Camara, Isabelle Demongeot, Dr Ayih Ekue et Maitre Emilie Vergne
L’occasion pour elle de suivre mais avec plusieurs écoutes : la casquette de criminologue et d’experte genre et la casquette de thérapeute et in fine la casquette de journaliste activiste.
Il est cependant important de rappeler qu’en matière de violences liées au genre, les statistiques sont éloquentes dans le monde :
Une femme sur cinq subira un jour un viol ou des attouchements sexuels. 10 à 69% des femmes (selon les pays) auraient été agressées physiquement par un partenaire masculin à un moment ou un autre de leur vie. En Asie, 90 millions de femmes manquent dans les statistiques démographiques, conséquence des avortements sélectifs ou des infanticides au nom de la préférence pour l’enfant mâle. Entre 100 et 140 millions de femmes et fillettes ont subi une mutilation génitale, pour des raisons culturelles ou religieuses.
La violence envers les femmes se rencontre partout à travers le monde, dans chaque région, chaque société, chaque culture.
Elle peut être perpétrée à l’intérieur de la famille ou au sein du groupe social ou de la communauté auxquelles elles appartiennent, ou encore commise au cours d’un conflit armé
(Le viol devenant alors une véritable arme de guerre, sujet de mes deux livres Enfance et Violence de Guerre Tome 1 et 2 l’Harmattan 2015).
Qu’elle soit sexuelle, physique, morale ou institutionnelle, cette violence engendre, outre de graves troubles dans la santé physique, des dégâts psychiques importants.
Elle peut aussi entraîner la mort, par homicide, blessure grave ou suicide.
Par Fériel Berraies Guigny
Il est clair par conséquent que le sujet sur les violences sur les femmes en général est multiforme, vaste, dense, au point qu’il était crucial qu’Ayih Ekue Président de l’Association « invitante » puisse contenir et le flot de paroles, les témoignages, tout en les délimitant à cette occasion dans la seule sphère de la communauté sportive.
Docteur Ekué est le cofondateur de l’association Violences et Droits des Femmes. Docteur en droit à l’Université Panthéon-Assas. Engagé depuis des années dans une croisade contre les violences faites aux femmes.
Il a mis en place une permanence juridique gratuite pour les femmes victimes de violences et œuvre pour un changement durable de la société à travers la sensibilisation et le plaidoyer législatif.

photo DR UFFP Barbara Para psychologue clinicienne prenant la parole
Une conférence qui commémore une date importante sur les violences au féminin
Dans un monde fermé, feutré, celui du domaine sportif. Une réflexion bien précise sur un phénomène endémique et sans frontières. Celui de la violence qu’elle soit physique ou morale et ou psychologique chez les femmes et ses effets néfastes mais dans un milieu bien particulier : celui du Sport.
A cet effet, des témoignages ont été recueillies par deux ex sportives de haut niveau invitées. Des personnalités qui ont accepté de confier leur vécu violent (Isabelle Démongeot ex N2 du tennis féminin français et Marine Fatou Camara ex boxeuse olympique représentant le Mali) A leurs côtés, des experts de santé ( Barbara Para psychologique clinicienne, lire l’itw inédite dans notre media) et juridique ( Maitre Emilie Vergne avocate pénaliste) ont apporté leur contribution dans la partie prise en charge.
Mais avant d’aborder ces cas et cette violence insidieuse et peu documentée, cad ces violences au féminin dans le domaine sportif, il est impératif pour nous de faire un petit état des lieux sur comment la parole s’est libérée et SURTOUT l’ECOUTE !
Car le phénomène du « coming out de la victime » est relativement récent tant ces problématiques continuent de gêner et de stigmatiser celles qui ont le courage de parler de leur intime et de leur douleurs, traumatismes et effractions psychiques obligent.
Les violences sexistes et sexuelles ne datent pas d’hier. Et la génération de nos parents à aujourd’hui, a amené son lot d’histoires bâillonnées, tues, par peur de l’opprobre social, du tabou, du rejet communautaire.
A l’époque, la « victime » pouvait devenir « responsable » voire “bourreau” et ses témoignages dérangeaient et ou n’était pas toujours bien accueillis. On prenait le risque de ne pas être « crues » de « salir la réputation de la famille » ou de l’instance dans laquelle les méfaits auraient eu lieu.
Vaste piège psychologique pour beaucoup nombre d’entre nous, moi-même ayant vécu le harcèlement sexuel dans la faculté de mon pays d’origine vers les années 90 et plus tard dans un Ministère de Souveraineté d’Etat où j’étais haut fonctionnaire, j’ai gardé le poids de ce secret toute ma vie (mon père était ambassadeur actif et moi jeune diplomate) alors.
Ce harcèlement je l’ai vécu aussi dans la rue, dans les transports, et à chaque fois, il y avait cette part de culpabilité, 1M80 minijupe, c’est peut-être ma faute…
Car la société et son regard peut faire culpabiliser « tu te parfumes trop, tu mets des mini jupes, tu es trop colorée, dans le milieu faut rester transparente »…
Se Raconter dans sa douleur
Oui c’est un processus, intime, douloureux, solitaire, le coming out de la victimisation. Comme un deuil personnel que l’on accepterait de faire , mais dans des sociétés restées machistes, phallocrates et mysogines ( Du Nord au Sud)
Et sans féminisme outrancier, une femme que l’on ne peut posséder on finit par la détruire. Et il est clair que cette problématique, n’est pas qu’ethnoculturelle. Elle est humaine, une condition humaine de féminitude et du NORD au sud : la prédation est la même.
Les Weinstein du MONDE nous ont-ils vraiment libérées ?
Flashback il y a d’abord eu l’Affaire DSK un scandale politique au plus haut niveau d’un de nos dirigeants les plus illustres, longtemps on considérera que Fatou la femme de ménage, était suspecte, elle ne voulait que son argent « elle n’est pas belle, il peut avoir toutes les femmes qu’il veut » ce scandale a fait couler beaucoup d’encre, en attendant on retiendra uniquement que la victime grâce à l’argent du procès aura acheté un Restaurant…
Quelle tristesse…
Puis vient 2007 un mouvement contestataire voit le jour, qui prendra de l’ampleur en 2017 lors de l’affaire Weinstein – du nom du producteur américain accusé de multiples violences sexistes et sexuelles (VSS) –, le mouvement #MeToo
Elisabeth Mac Govern, Ashley Judd et tant d’autres starlettes d’Hollywood décident de s’exprimer et cela fait boule de neige… la dernière qui était en pleine ascension disparaitra des radars « plus personne n’a voulu l’engager à Hollywood depuis » sa carrière sera brisée : double victimisation mais libération morale !
Actuellement on est en plein scandale sexuel avec les fiches de l’Affaire Epstein et là c’est encore en cours… sur fond de chantages politiques aux USA.
Du cote de la France, le mouvement est aussi contagieux, les victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles commencent a pousser partout comme des champignons. Le (#balancetonporc), amènera une vague de coming out sur les réseaux sociaux.
Et dans tous les domaines : économiques, médias, politique, santé.
Plus personne semblerait-il, n’est à l’abri par ce système de signalement public.
Pour autant, les mentalités ont-elles vraiment changé ?
En 1992, Gibson Burrell dans une des ses études se posait la question de savoir si la « re-sexualisation » de la femme durant les années 1960-1970 dans les pays occidentaux n’était pas responsable de la maltraitance des femmes (discrimination, harcèlement sexuel) ou à leur exploitation comme objets sexuels dans les publicités ou dans les rapports avec la clientèle. Mais, ces recherches mises à part, la sexualité demeure largement ignorée des travaux académiques.
Un monde d’hyper consommation qui sexualise la femme pour vendre !
Avant#MeToo, la thématique des violences sexuelles restaient tabou pour les femmes. A une période où paradoxalement on n’arrêtait pas de marchander et commercialiser le féminin.
Désexualisation du Monde du travail ?
Si l’on part du principe que beaucoup d’entre nous avons rencontré nos amis mari ou amants au travail, ce concept peut paraitre surréaliste. Et pourtant, c’est une réflexion à faire, car les maltraitances sont présentes dans cette sphère, et pas qu’un peu.
Si les femmes sont ouvertes au « monitoring » les hommes eux restent tièdes.
Les hommes sont réticents à concevoir un monde du travail, aseptisé, ou la capacité de séduction ou flirt serait contrôlée ou érodée. Dans l’imaginaire érotique masculin, cela reste inconcevable, notamment en France.
Le DRH ou le service RH aurait bien du mal à installer des codes de conduites « politiquement correctes ou pas » et « Un HAPPY MANAGEMENT OFFICER » aurait bien du mal à le faire respecter. Pourtant une éthique de la sexualité est cruciale dans le monde de l’entreprise et des institutions.
La censure féministe qu’a obligatoirement amène le mouvement #MeToo a durci certes la spontanéité pour beaucoup « c’est dur d’être un homme au XXIe » dira ton, je répondrai c’est tout aussi dur d’être une femme.
Le dérisoire dans tout cela c’est que #MeToo, pour de nombreux hommes a signifié la crainte d’un déclassement professionnel.
Mais que doit dire une victime de viol dans certaines sphères conservatrices ou pas ?
Éthique de la sexualité
Pour ceux qui s’opposent à #MeToo, la sexualité peut être une arme contre le travail, notamment si l’on se focalise uniquement sur la sexualité masculine. Il faudrait que les deux soient concernés. Oui certes, d’autant que les dérives du mouvement ont montré quelques écueils.
Car la guerre contre #MeToo a AUSSI amené des dérives » : dénonciations publiques sans preuves, injures vis-à-vis des incriminés, demandes d’annulations de manifestations artistiques et universitaires, menaces de violence physique, intimidations.
Le risque de la dissolution de #MeToo en Entreprise
Ce phénomène serait terrible pour les victimes réelles.
Et passeraient sous silence bon nombre de violences sexistes et sexuelles au sein des entreprises et autres espaces.
Détournements, prise de pouvoir, tout est possible.
Le Management peut renverser tout un mouvement de société et l’annuler pour inverser la donne. Dans un monde ou les calomnies et les diffamations vont bon train, il faut avoir les reins solides pour attaquer sur la réputation. Méthode très aléatoire qu’on se le dise et qui est à la fois très efficace et peu coûteuse. Ou couteuse si l’on ment…
Comment démêler le vrai du faux dans tout ça ?
Les violences sexuelles en résumé prennent diverses formes : propos sexuels ou sexistes, invitations trop insistantes, chantage, menaces, messages ou images pornographiques, dont résulte une violence qui peut être à la fois verbale, physique et psychologique, dégradant l’image qu’a la victime d’elle-même. Au plus grave, l’atteinte physique, le viol.
Les mouvements de prise de paroles ont certes créé un précédent qui a libéré la parole.
Mais le processus reste douloureux, stigmatisant et demande énormement de résilience et de stratégie de faire face.
Briser un secret. Lever un tabou. Dénoncer. Avoir le courage, au fond, de se livrer et donc de se mettre aussi en danger.
La Violence dans le Sport
Oui certains sports sont violents auraient ont envie de dire « mais les violences muettes, cachées que l’on porte comme des stigmates dans la peau et l’âme « le sont tout autant.
Car on rentre dans l’intime.
Oui les violences sexuelles survenues en milieu sportif sont particulières. Elles se racontent en individuel, mais elles sont souvent opérées dans un cadre bien fermé, un cadre institutionnel.
Et entre ces murs, rien ou peu se voit. Entre le harcèlement sexiste et de genre il n’y a qu’un pas me direz-vous. Mais les violences sexuelles dans ces murs, sont encore compliquées.
Cet espace qui est supposé avoir une éthique, encourage à bien des niveaux les dérives par certaines variables dont :
Promiscuité, lien d’autorité, tournois internationaux, déplacement, vestiaires, soins médicaux, tout est propice au rapprochement… et le too close for comfort.
Le rapport entrainé entraineur, forme de domination et emprise, le travail autour du corps
Tout cela peut amener violences psychologiques, maltraitance morale et physique.
Ces variables alimentent le passage à l’acte
Mais comment le discours sur soi – l’histoire personnelle, le trauma qui en découle – peuvent être à l’origine d’une prise de conscience et d’un combat collectif – d’un combat politique ? Quels sont ses limites et ses dangers ? comment tout cela peut amener une prise de position collective pour changer la donne, mieux protéger, mieux prévenir, mieux accompagner ?
Quelques chiffres en France
De février 2020 à février 2021, on compte 387 signalements à la cellule ministérielle destinée à la lutte contre les violences sexuelles au sein du ministère des sports (mise en place en 2020 mettant en cause 421 personnes issues de 48 fédérations différentes. La ministre des sports Roxana Maracineanu indiquait que le nombre d’affaires en cours en septembre 2021 était porté à 533
La cellule ministérielle indiquera en mars 2022 que, parmi les dossiers qu’elle recense, cela a trait à toutes les fédérations sportives et 73 % des dossiers sont relatifs à la période 2012-2022. Pour la saison sportive 2020-2021, on dénombre 107 affaires. Les mineurs forment 84 % des victimes des violences. À partir de septembre 2021, les bénévoles sont soumis à un contrôle d’honorabilité
Quelques affaires notables
Affaire dite des lanceurs de marteau (1991)
En 1991, Catherine Moyon de Baecque est la première à porter plainte pour violences sexuelles en contexte sportif. Elle dénonce un viol collectif survenu à l’occasion d’un stage national de l’équipe de France d’athlétisme en 1991. Elle raconte son histoire dans un ouvrage paru en 1997 et intitulé La médaille et son revers.
Affaire de Camaret (2007)
En 2007, un nouveau scandale majeur retentit avec la dénonciation des crimes commis par Régis de Camaret. Isabelle Demongeot, ex-numéro 2du tennis féminin français se rend auprès de la justice pour porter plainte pour viol contre son ancien entraîneur. Elle raconte les faits dans l’ouvrage Service volé (2007). La ministre des sports et de la santé de l’époque, Roselyne Bachelot, commandera alors la première enquête nationale étudiant la prévalence des violences sexuelles en contexte sportif.
En décembre 2019, des journalistes du média Disclose publient une large enquête dénonçant les violences sexuelles dans le sport français et la persistance de nombreuses failles dans le traitement de ces affaires. Le reportage créé une première onde de choc. Quelques semaines plus tard, c’est au tour de Sarah Abitbol, ancienne patineuse internationale française de prendre la parole pour dénoncer les viols qu’elle a subis dans son adolescence par son ancien entraîneur Gilles Beyer. Elle publie Un si long silence chez Plon. Ces deux affaires entraînent une série de dénonciations dans de nombreuses disciplines : la démission du président de la fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet, la nomination d’une déléguée interministérielle à la lutte contre les violences sexuelles dans le sport, Fabienne Bourdais et la mise en place d’une cellule de signalements et de traitement des violences sexuelles au sein du ministère des sports, intitulée Signal-Sports.
D’autres affaires comme les affaires Michel Mérel (moto-cross), Christophe Millet (natation), Loïc Caudal (équitation) ou encore les témoignages d’Anne-Line Rolland et d’Amélie Quéguiner.
Conférence de l’Association Violences et Droits des Femmes
Deux femmes ont pris la parole et ont raconté leur histoire

photo DR UFFP Isabelle Demongeot
Militante et lanceuse d’alerte, elle a fondé l’association Bien Jouer pour prévenir les violences dans le sport et accompagne aujourd’hui de jeunes athlètes dans un cadre bienveillant.
Sportive de haut niveau, ex n2 du tennis féminin en France, elle avait tout ou en tout cas, on ne voyait rien d’autre. Son livre « Service volé, « mais aussi « le téléfilm qui a été fait sur sa vie » sont autant d’outils qu’elle a utilisés aujourd’hui pour se défaire d’un passé douloureux et traumatisant.

photo DR UFFP
Reprendre le pouvoir pour être la protagoniste libérée de son histoire douloureuse. Violée pendant des années par son coach, aujourd’hui elle est en procès contre lui. Récemment réhabilitée par la fédération de tennis, elle reprend la place qui lui est due.

photo DR UFFP le téléfilm qui retrace son histoire
Mais la traversée du désert a été longue, ces viols ont été dans la durée, en France et à l’international, face à certains membres de sa famille dans le déni face à son calvaire.
Car elle était à l’apogée d’une carrière et parler à l’époque « de viol » aurait impacté autant sa carrière, la fédération que sa propre famille. Isabelle a pris du temps avant de décider de franchir le pas. Mais ce ne fut pas sans conséquences pour elle et les siens.

photo DR UFFP Marine Fatou Camara aux cotés de Maitre Vergne
Marine Fatou Camara
Cette ancienne championne olympique, sportive et entrepreneuse a su se reconstruire après des années de maltraitance psychologique de son ancien coach entraineur.
Avec sa passion pour ce sport hautement « masculin » elle s’est réappropriée son histoire, et ses maux ne sont plus que des variables d’avancement.

photo DR UFFP
Consultante sportive pour RFI, chef d’Entreprise, elle a tracé sa voie et vient en aide désormais à toutes ses catégories sociales vulnérables. Des enfants, des jeunes, des femmes, parfois broyés par le système et des conditionnements pesants et douloureux.
La Boxe et le club de Boxe « Sorority » a permis aux femmes victimes de violence de reprendre le contrôle de leur corps mais surtout de « reprendre le pouvoir « sur leur agression passée. En créant un espace de défoulement et d’expression physique de leurs maux, Marine leur a permis de s’émanciper de leur trauma.
Dans un environnement féminin, bienveillant, ou chacune est accueillie avec son histoire, ses doutes, ses fêlures.
La reconstruction, est un chemin certes personnel, mais se « retrouver » et sentir que l’on et pas seules, accompagnées par des semblables, reste crucial.

photo DR UFFP Barbara Para psychologue
Barbara Para psychologue clinicienne
Psychologue et dirigeante du cabinet JuriPsy & Acomplice, elle analyse les troubles cliniques liés aux violences vécues et l’atteinte morale, en abordant également la prévention précoce et le rôle des témoins.
Une prise en charge spécialisée est essentielle aux femmes pour se reconstruire. Et il faut obéir à une politique des étapes : identifier, cibler, mesurer les conséquences. Tout cela pour soigner les traumatismes et les aider à s’engager dans le parcours de sortie des violences. Toutes les femmes victimes ne peuvent pas accéder à la prise en charge psychologique ?
Elles ne sont pas égales face à la souffrance, ni face à la thérapie dont elles ont pourtant besoin il faut le dire. Il est donc crucial d’ identifier les obstacles existants à cette prise en charge pour émettre des préconisations auprès des décideur·euses politiques ainsi qu’à toutes les institutions concernées par la prise en charge psychologique des femmes victimes de violences ( retrouvez notre entretien avec la thérapeute dans UFFP)
Maitre Emilie Vergne avocate pénaliste
Émilie Vergne, avocate depuis 12 ans en droit pénal et civil, est formée en communication non violente, PNL, gestion du stress et détection de la vérité,
L’avocate très investie a évoqué les aspects juridiques et la responsabilité collective, en mettant l’accent sur la protection des victimes et l’optimisation des communications avec les institutions.
Très passionnée pour avoir également été victime de violence sexuelle, elle nous a fait un petit bilan de ce que prévoit la loi.
Les violences à caractère sexuel, telles qu’elles sont définies par le code pénal, peuvent prendre la forme d’un crime dans le cas du viol, et de délits tels que les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel. Des comportements sont donc punis par la loi parce qu’ils portent atteinte à la santé mentale, physique et psychologique d’autrui. La sphère sexuelle est dominée par le consentement. Sans ce consentement, les actes sont nécessairement constitutifs d’une infraction réprimée par la loi pénale sur différents fondements : le viol lorsqu’il y a un acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis par violence, contrainte, menace ou surprise (article 222-23 du code pénal), l’agression sexuelle en cas d’atteinte sexuelle sans pénétration mais commise avec violence, contrainte, menace ou surprise (article 222-27 du code pénal) ou encore l’atteinte sexuelle lorsque celle-ci est commise par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans et ce même sans violence, contrainte, menace ni surprise (article 227-25 du code pénal). Ces comportements sont lourdement sanctionnés pénalement et peuvent être aggravées selon les circonstances dans lesquelles se sont produits les faits. Ainsi, le le viol est passible de 15 ans de réclusion criminelle voire de 20 ans si le viol est commis sur un mineur de quinze ans ou par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions (Articles 222-23 et 222-24 du code pénal).
En plus des dispositifs législatifs et judiciaires, des actions et dispositifs de sensibilisation, prévention et lutte contre les violences sexuelles ont mis en place.
Mais au fond face à la souffrance « y a til des PETITS OU des GRANDS VIOLS » ?
Le ministère des sports a créé une cellule ministérielle destinée au suivi des violences sexuelles dans le sport en 2020, puis a lancé en juin 2021 un plan de prévention des violences sexuelles. D’autres instances publiques mènent aussi des actions dans ce sens. Dans les années 2020, la Ligue de football mène des actions de sensibilisation. Le 18 janvier 2022, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a mis en place en son sein une commission de lutte contre les violences sexuelles et les discriminations dans le sport.
Alors en conclusion oui le #MeToo et Balance#ton porc ont permis de libérer la parole, mais l’écoute gagne encore à être améliorée.
Car si la dimension humaine, sociale, sanitaire est bien prise en considération, c’est bien encore la dimension politique qui fait figure de « mauvaise élève » on considère encore que le « sexe et ses dérives » c’est encore une histoire privée, taboue, et au fond cela arrange tout le monde, parce que ça permet de laisser les choses telles qu’elles sont.
Ce sont seulement les associations qui se chargent de faire ce travail. A partir de témoignages qui deviennent des outils militants et ce sont des médias sociaux comme UFFP qui peuvent relayer le travail pour ouvrir la voie et donner la voix.
Les réseaux sociaux permettent vraiment la libération de la parole des femmes, dans la lignée du mouvement #Metoo qui reste un mouvement d’une ampleur inédite dans l’histoire du féminin.

photo DR UFFP Dr Ayih EKUE fondateur de l’Association Violences et Droits des Femmes
Et bravo à Ayih Ekue et son Association !
