C’est toujours avec un grand bonheur que nous assistons au défilé du ténor de la Haute Couture libanaise, Georges Chakra. Depuis quinze ans que nous le suivons sur Paris, il ne déçoit jamais.
Comment l’oublier, il y a treize ans alors que nous étions enceinte de nos jumeaux, il nous avait conquis pas sa simplicité et sa disponibilité mais surtout son sens de l’élégance et de la sobriété.
C’est donc au Petit Palais à Paris que nous avons eu le loisir de découvrir la nouvelle collection printemps été 2020. Un rendez vous avec la féminité dans son absolu mais surtout un vibrant hommage à la liberté, « une femme rose » pour la liberté, un hommage aussi à son cher pays le Liban qui redessine encore et toujours son histoire.
Un clin d’oeil à ses racines, sa jeunesse, tout en mettant encore une fois en exergue le talent qui lui est propre. Des femmes sylphides et des femmes fleurs et vaporeuses ont marqué les podiums. Loin des clichés, il embrasse sans détour et avec la sophistication qui est la sienne la réalité complexe de son actualité récente. La rose blanche remise à chaque invité incarne ce soutien à un changement pacifique au Pays du Cèdre. Le motif floral cher à Georges Chakra est une trame qui parcourt également l’ensemble de la collection. Aux nombreuses silhouettes immaculées comme autant de pages vierges sur lesquelles écrire une nouvelle histoire répondent une petite robe entièrement réalisée en pétales ivoire, une tenue en tulle entièrement rebrodée de roses, une fleur généreuse posée sur une mini robe en satin duchesse rose fluorescent, comme ces roses peintes une à une à la main sur le gazar d’une longue robe fendue. Les voiles et les transparences nimbent la collection d’un raffinement vaporeux, contrastant avec un travail sophistiqué de volumes. D’un côté, la géométrie épurée d’une robe-boule, les broderies origami et des plissés mouchoirs quasi algorithmiques. De l’autre, les bustiers qui embrassent le corps, les dos qui se dévoilent, la fluidité des capes et des traînes, les volutes des étoffes éclaboussées de plumes, rebrodées à la main de paillettes et de sequins, la sensualité du crêpe et de l’organza plissé.
Ce jeu de contraires dégage une énergie particulière, dopée par un jeu de tailles tour à tour ultra longues et extra courtes, convoquant un imaginaire de tapis rouge autant que les podiums disco des années 1970. Blanc, mais aussi rose éclatant ou poudré, aigue-marine, menthe à l’eau, bleu lagon, ciel ou glacier, iridescentes nacrées sur fond d’imprimé végétal… La palette de couleurs évoque une nature fantastique, entre forêt luxuriante et fantasme d’une île tropicale où le temps serait toujours au grand beau et où l’on récolterait des perles aux teintes indéfinissables. Les éclats d’or et d’argent viennent exalter la moire d’un tissu ou réveiller le mat précieux d’une étoffe.
Mais cet Éden couture est pugnace, comme le rappellent les flammes dévorant une robe longue à encolure bateau et les souliers plus plats qu’à l’accoutumée, dont ces spartiates à la féminité combative. Georges Chakra a souhaité aussi s’engager de manière concrète auprès des organisations qui lui tiennent à cœur. Scintillant au cou de la mariée, l’imposant collier en émeraudes et diamants spécialement réalisé par le joaillier Fawaz Gruosi a été mis en vente et une partie de cette vente sera reversée au profit du Children Cancer Hospital de Beyrouth et des bourses d’études de l’école Saint Vincent de Paul.
L’Art, la finesse, l’élégance et surtout la générosité du coeur étaient au rendez vous, un vrai régal des yeux et du coeur !
Bravo Georges Chakra …