UFFP a rencontré Joyce Ablan Nouaho durant l’Africa Fashion Reception à Paris, en juin dernier. Un grand coup de coeur pour ce petit bout de femme d’origine ivoirienne, une véritable femme passionnée et une battante et dont l’ambition et le talent n’ont d’égale que la magnificence de la palette d’artistes choisis. Ces mêmes artistes rappelons le, qui ont pu fouler la capitale internationale de la mode, l’espace d’une soirée pour être les ambassadeurs de leur pays, durant un événement hors pair » l’Africa Fashion Reception » la Fashion Week parisienne à côté, n’avait rien à envier. Avec il faut le préciser, la somptuosité de la Salle Wagram qui n’a pas perdu de sa superbe pour autant. A cette occasion, UFFP a pu rencontrer certaines de ces amies artistes dont Bee Arthur du Ghana, Nafi diop du Sénégal, Mariah Bocoum Keita du Mali et enfin sa soeur du Maroc, Siham El Habti.
Nous tenons aussi à féliciter tous les artistes qui ont représenté leur patrie fièrement, montrant l’étendard d’un Continent qui n’a pas son pareil, s’agissant de l’Art et de la Culture.
Une magnifique soirée en tout cas et dont nous gardons un beau souvenir, le coeur gonflé de bonheur et de fierté ( il faut le préciser) , tant la richesse de notre Continent et toute sa frénésie créative sont infinis.
Flash Back et entretien in aparté avec une africaine canadienne d’adoption, qui reste fière de ses racines et de ses origines, femme multifacettes et touche à tout, elle a tâté de tout: banque, finances, journalisme et aujourd’hui la promotion culturelle de l’Afrique par le biais de la mode.
Entretien avec UFFP
1 Parles moi de ton parcours? des liens avec la Côte d’Ivoire? quel est ton regard de ce qui se passe actuellement la bas?
Je suis née en Côte d’Ivoire d’une mère traductrice et d’un père diplomate ayant tous les deux, des origines allant jusqu’au Bénin en passant par le Ghana et le Togo. J’ai poursuivi ma scolarité entre la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Maroc où j’ai obtenu une maitrise en Sciences de l’Information. Suite à cela, je suis rentrée dans la vie active et j’ai travaillé dans divers secteurs (consulat, banque, service clientèle…), d’Abidjan à Montréal en passant par Lagos. C’est d’ailleurs dans cette dernière ville que j’ai, pour la 1ère fois, côtoyé le monde fascinant de la mode. Aujourd’hui, j’y travaille à temps plein avec le sentiment d’avoir enfin trouvé ma voie.
En ce qui concerne mon regard sur la situation en Côte d’Ivoire, je dirai tout simplement que le peuple ivoirien vient de très loin et que tout ce qui importe aujourd’hui, c’est la prise de conscience collective suite à ce passé douloureux –des milliers de vies perdues, le retard économique accumulé en tant que nation– et la volonté de tout un chacun d’ œuvrer pour que tout cela ne se reproduise plus jamais.
2 le rôle et le poids des femmes dans ton pays d’origine?
Tout comme dans la plupart des pays africains, en Côte d’Ivoire, la femme est le pilier de la cellule familiale où elle joue simultanément les rôles de mère nourricière, d’éducatrice, de guide, de conseillère. Toutefois, la femme ivoirienne a la particularité d’être très émancipée, battante et autonome ; n’hésitant pas parfois, à tenir tête à son homme quand cela lui semble nécessaire. La notion de soumission de la femme africaine, telle que véhiculée dans beaucoup d’autres pays de la sous-région (Sénégal par exemple), est peu acceptée chez nous.
3 Que penses-tu de la culture pour la paix? une initiative comme UFFP? Womanity tu y crois, quels sont les défis pour les femmes africaines, les obstacles et les avancées?
Je pense que l’initiative de l’UFFP est très louable dans la mesure où cette association, à travers ses diverses avenues, utilise la puissante arme de la culture pour promouvoir la PAIX dans le monde. Aujourd’hui plus que jamais, face à la montée du capitalisme et à l’industrialisation massive, l’égoïsme de la nature humaine atteint son paroxysme, conduisant à des guerres d’intérêt partout dans le monde. Il est donc de notre devoir, en tant que citoyens du monde, de prendre du recul face à toute cette frénésie, de déterminer quelles sont nos priorités et de mettre en place des moyens de sauver la planète pour les générations futures. Et qui mieux que la femme, porteuse et donneuse de vie, pour mener à terme ce combat ?
Womanity….Sans pour autant être une féministe radicale (car je pense que la femme a besoin de l’homme pour s’épanouir et vice versa), je reste convaincue que seule l’implication active de la femme dans les processus de prises de décisions pourra mener à cette PAIX tant recherchée. En Afrique de nos jours, le statut de la femme a évolué….sur papier. Mais dans les faits, beaucoup reste à faire. Le taux de scolarisation des filles est encore très bas, celui de décès des mères en couches élevé, l’accès aux postes de responsabilité, le droit de vote, etc…
En ce qui me concerne, le principal obstacle de l’émancipation/l’évolution de la femme africaine est l’analphabétisation qui maintient l’être humain, homme ou femme, dans l’ignorance.
4 tu résides à Montréal et qu’y fais tu? parles de legendary gold? ta connexion avec le Nigéria? que fais Nigéria Gold?
J’ai vécu à Montréal il y’a quelques années déjà et j’y suis revenue depuis quelques mois avec pour objectif principal de rechercher des débouchés pour les intervenants africains de la mode Africaine. Mon rêve est d’établir une passerelle de connaissance dans ce secteur entre l’Afrique et l’Amérique du nord, le Canada en particulier.
Legendary Gold Ltd est une entreprise de promotion de mode vieille de plus de 15 ans, pionnière de la mode au Nigéria et en Afrique. Elle a déjà révélé au monde, bon nombre de mannequins et de stylistes Africains à travers des évènements d’envergure (Nigeria Fashion Week (NFW) 2011 – CNN video report / Nigeria Fashion Week (NFW) 2011 –CNN post). Nous faisons de la promotion de mode à travers nos évènements, de la communication et relations publiques pour nos clients (créateurs et mannequins). Nous avons aussi une agence de mannequinat et un studio photo professionnel. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à visiter notre site: www.legendarygold.tv
Ma connexion avec le Nigéria est d’abord un coup de cœur puis le travail! Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis tombée amoureuse de l’énergie que dégage ce pays en termes de potentialités et de combattivité de sa population.
5 Pourquoi Paris pour l’Africa Fashion Reception? ton bilan de cette premiére?
Paris fut et demeure la capitale mondiale de la Mode. Alors, pour un évènement de l’envergure de l’Africa Fashion Reception, Paris nous a paru la destination appropriée. Et nous ne regrettons pas notre choix.
Le bilan de cette 1ère édition est très positif grâce à beaucoup de facteurs tels que, pour ne citer que ceux-là, le soutien de la World Fashion Organization (WFO) et de l’Ambassade du Nigéria à Paris, le professionnalisme de nos partenaires sur place à Paris, l’accueil et la disponibilité de la presse locale et du public français. J’en profite pour les remercier tous et les inviter à continuer à nous soutenir pour les éditions futures. J’invite également toutes les personnes désireuses de s’associer avec nous en tant que sponsors ou partenaires pour la prochaine édition, à me contacter à l’adresse email suivante : joyce@legendarygold.tv
Visiter le site également le site www.africafashionreception.com pour voir les retombées de cette 1ère édition.
6 les prochains events où auront ils lieu?
Nos prochains événements auront lieu à Dublin, Lagos et Paris, bien entendu …
7 en Conclusion que voudrais tu dire à tes sœurs d’Afrique et du Monde arabe qui se battent au quotidien ? la mode pour eux c’est possible?
Mon message à mes sœurs d’Afrique et du monde arabe est le suivant :
Chères sœurs, choisissons nos batailles ! Mais en le faisant, ayons à l’esprit que nous sommes différentes de nos sœurs occidentales et que cette diversité représente notre richesse. Arrêtons donc de nous déprécier et de nous disperser en nous identifiant à des valeurs qui ne sont pas les nôtres. Acceptons-nous telles que nous sommes, embrassons nos us et coutumes, nos traditions, notre culture à bras ouverts. N’ayons pas honte de nos cheveux crépus ou frisés, de notre peau noire ou basanée, de nos corps voluptueux! Assumons-nous et transmettons ces valeurs à nos enfants. C’est seulement à ce prix-là que nous gagnerons le respect des autres peuples et que nous aurons voix au chapitre. Alors, à ce moment-là seulement, TOUT, y compris la mode, nous sera possible et facilement accessible. Un vieil adage africain ne dit-il pas que : « ce que femme veut, Dieu veut »? Merci Fériel pour cette opportunité.