Invitée à animer le panel « Femmes dans les médias » et media partenaire de la dernière édition de la convention 2013 d’Action’Elles en mai dernier à Paris, UFFP est allée à la rencontre de divers entrepreneurs venus rendre compte de leur propre expérience.
PHOTOS DIANE CAZELLES POUR UFFP
A la Présidence de l’Association Action’Elles et à l’origine de cette méritante initiative, nous trouvons Cécile Barry,
une femme entrepreneuse ambitieuse qui se bat depuis des années pour mieux asseoir l’entrepreneuriat au féminin en France.
L’entrepreneuriat est un rêve d’enfant pour Cécile Barry : « depuis toute petite, je disais déjà à mes parents je veux devenir Chef d’entreprise de quelque chose.. »
Après avoir fait ses premières armes dans des grandes entreprises, Cécile a décidé il y a quelques années de se lancer en solo dans une aventure pleine de défis. Action’Elles est venue parachever tous ses efforts.
Alors oui, monter et lancer sa boite, sa marque, son logo, son projet est une formidable aventure mais dans la conjoncture actuelle elle engage davantage de risques. Le métier d’entrepreneur n’est pas sans danger et les aléas sont nombreux. Quand on débute, il est important d’être bien entouré, d’avoir de bons associés, d’être bien conseillée. De « réseauter », de s’inspirer des role-models et d’aller voir ce qui se fait ailleurs?
Certes, il faut aussi accepter de faire des « erreurs « et d’apprendre d’elles, pour autant les femmes déjà peu nombreuses dans le « milieu » seront-elles à même de relever les défis d’un monde resté profondément masculin fermé et élitiste?
Quelques idées et astuces et des parcours singuliers d’entrepreneurs, nous ont permis de dégager des petits conseils sur les choses à faire ou à éviter dans le métier.
Par Fériel Berraies Guigny
L’Entreprenariat un frein à la vie perso ?
Alors que les hommes font très peu attention à leur vie privée, les femmes elles portent une attention toute particulière à leur vie familiale, ce qui les freine d’ailleurs beaucoup en termes d’évolution de carrière. Le taux divorce est semblerait il assez élevé dans le monde de l’entreprise pourtant il faut parvenir à mettre un petit peu de raison dans l’équation. A commencé par trouver le juste équilibre pour parvenir à conjuguer les deux (vie pro et vie privée). Un bon entrepreneur est souvent celui qui a une vie personnelle épanouie et qui a réussi à maintenir le cap.
Dispersion dans le monde entrepreneurial pour ou contre ?
Quand on se lance dans l’entreprenariat on est souvent tentée de faire plusieurs choses à la fois, cela conduit à une certaine forme de dispersion qu’il faut cependant à tout prix éviter.
Car il s’agit avant tout de rester en focus « sur les priorités » car tout en étant à la « chasse au client » il faut aussi et surtout « être à l’écoute et le respecter » !
Le client est très important aux Etats Unis par exemple et en France, c’est un automatisme que l’on gagnerait à cultiver. L’écoute est par contre plus « facile » chez les femmes entrepreneurs car elles ont un sens inné par rapport à cela à l’instar des hommes plus orientés chiffres.
Etre à l’écoute et respecter le client
Les hommes sont très directifs, et la plupart du temps « ils parlent, exposent leur vision des choses sans pour autant prendre toujours la peine et ou le temps nécessaire pour écouter » les femmes elles, ont plus tendance à écouter.
Il faut aussi tenter d’éviter de parler sans trop réfléchir, ce sont certes des clichés peut être surfaits mais qui restent récurrents dans le monde corporate.
Pour vendre le mieux, il faut donc savoir bien écouter.
Savoir s’entourer c’est d’abord le bon choix de ses associés
C’est un équilibre nécessaire pour mener à bien le début d’une jeune entreprise. Des profils complémentaires et ou opposés peuvent suffire du moment que les objectifs restent les mêmes.
Phase I : Monter sa propre Entreprise une aventure excitante mais pleine de défis : le passage du 0 à 25 Kmh
Premier conseil du démarrage, il faut tout d’abord réseauter selon Cécile Barry. Car s’extraire du statut confortable de salarié n’est pas une mince affaire et il faut s’attendre tout de même à quelques écueils en début de parcours. Si l’entreprise « ronronne » et que la vitesse de croisière augmente peu à peu, qu’il y a moins de stress, que les sous rentrent, que le succès est au rendez vous, on aurait plutôt tendance à vouloir rester sur ses acquis.
Alerte danger !!! Quand le niveau de roulement est « correct » attention encore une fois de ne pas « s’éparpiller » et de ne pas trop se focaliser sur des détails et ou des broutilles qui risqueraient de nous faire oublier ce qui fut les raisons de notre succès au départ.
L’Entreprise qui « ronronne trop » est condamnée à terme
Il est important de laisser l’entrepreneur travailler, de s’épanouir et de le laisser foncer. Il ne faut surtout pas le « frustrer » et aux Etats Unis à l’instar de la France, le climat est propice aux jeunes créateurs d’Entreprise. Ce que l’on retient de tout ceci, c’est qu’il faut suivre les modèles qui avancent et prendre le maximum d’infos et de conseils sur ces entrepreneurs qui ont bien réussit leur modèle.
Phase II dans la création d’Entreprise: passer de 25 à 50 Kmh :
En chemin on va rencontrer quelques difficultés, il est très important ne pas perdre le cap
Manager « les autres » ? Pas évident !
C’est véritablement un autre défi quand on lance sa boite ou que l’on en reprend une.
Gérer l’articulation, la coordination, les petites histoires entre untel et untel, cela peut paraître effrayant au premier abord.
Quand on se lance dans la création d’entreprise, ou que l’on décide d’en reprendre une en difficultés il est primordial de savoir quel type d’entrepreneur on est ? L’entrepreneur créatif, l’entrepreneur fonceur ? L’entrepreneur qui manage et donc qui adore coordonner. Cela nous permettra de bien se positionner. Gérer des gens n’est pas une science innée, on ne l’a pas appris à « l’école » et on ne l’a pas réellement pratiqué non plus « quand on a eu 25 ans en ouvrant sa boite » bref, en sachant quel manager on est, automatiquement on saura de qui on a besoin et avec qui on doit s’entourer, associés etc.
Attention : ceux que l’on embauche ne sont pas vos amis !
Il est très important de savoir et de comprendre que ceux que l’on embauche ne sont pas des amis.
D’un jour à l’autre, on passe à créateur d’entreprise à Boss !
Phase III : on est bel et bien sur l’autoroute, que faut-il faire ? L’international oui ou non ?
Pour passer à la vitesse supérieure, il faut toujours regarder ce qui se passe au niveau « local » et en France il y aura beaucoup de choses qui se passeront d’ici 2014 ; il y aura en effet les élections municipales et bien sur entre deux élections ; il faut rester connectée également avec les marchés internationaux qui sont semblables à l’Europe » explique Cécile Barry. Et puis « il y a de nouveaux continents qui se développent » et regarder dans ce sens n’est pas négligeable.
Le choix de l’international et de son opportunité, dépendra aussi de la nature du métier, tout n’est pas exportable pour autant, il faut se le dire. Quand on a un partenaire local déjà sur le terrain, cela peut davantage aider à attirer sur la bonne cible.
En France, les entrepreneurs sont assistés et la législation mais également l’Etat font en sorte que naisse une « société des besoins ».
Ainsi on ne naitrait pas avec des envies ou des ambitions mais plus des « besoins », un état de fait qui infantilise le citoyen.
Néanmoins, ce système est amené à mourir un jour, et l’international peut aussi être une opportunité à saisir, même si il y a peu de PME française partant à l’international, cela reste un facteur clé pour de développement de l’économie et de l’Etat français.
Beaucoup de « boites françaises » ont de l’ambition mais elles s’arrêtent à la frontière de leur ville et ou pays « or il ne faut surtout pas se freiner » !
Il faut également se lancer tout en ayant un partenaire local et envoyer quelqu’un de votre boite sur le terrain. Piloter à distance votre partenaire local, ne marchera jamais. Il faut le piloter, l’accompagner et ensuite le lâcher complètement quand il devient autonome.
Il faut ensuite « comprendre l’autre » et s’imprégner de sa « culture » un automatisme que les français n’ont pas toujours. Une culture et une langue, demandent une capacité d’adaptation. Mais pour cela, il faut savoir « écouter voire s’assimiler » pour espérer s’implanter.
Les meilleures idées se développent durant les crises
« A l’inverse des idées reçues concernant la crise et ses difficultés et bien que cela fasse des années que l’on nous « bassine » en France et en Europe sur « la crise », les meilleures idées viennent justement en période de pénurie. Car c’est souvent l’occasion d’aller vers de nouveaux projets, de rechercher de nouveaux clients et se dire que le Monde n’est pas ou plus la France toute seule » ajoute Cécile Barry.
Par ailleurs, quand on commence un business dans les salons par ex, l’avance de fonds, reste très importante pour la trésorerie, car les « stands sont vendus avant que le gros des dépenses ne soit engagé » !
Attention à éviter : les dons de parts quand on ne peut payer ses employés
Même s’il s’agit de parts minoritaires, elles resteront potentiellement des « minorités de blocage » qui peuvent ralentir l’évolution d’une boite en cas de litige.
Il faut garder sa part de réalisme, le monde du travail est extrêmement difficile et les employeurs ne sont pas là pour vous faire plaisir et vous employer.
La reconnaissance, la gratitude ne sont pas toujours au rendez vous et « quand cela se passe mal » la nature humaine et ses turpitudes peuvent aussi reprendre le dessus.
Etre entrepreneur demande certes, une part de témérité, d’optimisme parfois béat, cependant il faut également garder en esprit, la possibilité de « scénarios potentiellement catastrophes » car mieux vaut prévenir que guérir.
Toutefois, si l’employeur veut quand même donner des parts à ses salariés, il est important de le faire sur le résultat et dans le temps, mais jamais à l’avance.
Les actions ne doivent jamais être données de façon gratuite, cela doit se payer en sang, en énergie, en résultat de travail.
Et les femmes dans tout ça ?
Quand il s’agit de l’entrepreneuriat sans vouloir rentrer dans les clichés trop surfaits, il a été constaté que les femmes ne gèrent pas « comme les hommes » à tort ou à raison, elles seraient beaucoup plus axées sur l’aspect émotif et relationnel, les hommes à l’inverse seront plus axés sur le capital « faire rentrer de l’argent à l’entreprise » etc.
Toutefois il est très important qu’une femme entrepreneure reste elle même, elle ne doit pas essayer d’être un homme, elle doit au contraire, garder sa féminité tout en essayant d’avoir une main de fer dans un gant de velours.
Il faut s’adapter à tous les scénarios, tout en restant qui on est dans le fonctionnement de l’entreprise. Il faut ainsi, faire accepter « la différence femme » et la faire respecter au sein même de l’entreprise.