Nous sommes tombées sur une pépite et c’est peu dire et cela tombe bien chers UFFPiens c’est la saison des fêtes!
La Pépite c’est la griffe Anissa Aida et derrière la marque éponyme, une designer tunisienne, Anissa Meddeb.
Originaire de Tunisie, ayant grandi entre Tunis et Paris, Anissa Meddeb s’est envolée pour New York pour étudier le stylisme à la Parsons, The New School où elle a obtenu son diplôme de Fashion Designer. Pendant ses études, elle a bénéficié d’un programme d’échange avec la Central Saint Martins à Londres. Sa collection de thèse a été parrainée par Jason Wu (décembre 2014) et nominée pour le prix Hugo Boss Senior Prize (janvier 2015).
Elle a acquis des expériences professionnelles avec des designers prestigieux tels que Marc Jacobs, ThreeAsfour et Outdoor Voices à New York.
En 2016, Anissa a lancé son label Anissa Aida.., rendant hommage à sa sœur aînée décédée en 2010. La marque conjugue les inspirations tunisiennes et japonaises, deux cultures riches en patrimoine et artisanat traditionnel
Sa première collection « Interfaces : a visual dialogue », a été présentée à la galerie Musk and Amber Tunis, en mars 2016. Elle a été ensuite primée parmi les “Ones to Watch” de Fashion Scout London, et a bénéficié d’un sponsoring pour ses collections Printemps Eté 2017 et Automne Hiver 2017/18 lors de la London Fashion Week. Anissa Meddeb a suivi le très sélectif programme “Design Entrepreneur” du Fashion Institute of Technology, à New York dans lequel elle a appris les fondamentaux de l’entreprenariat des industries créatives. Anissa Aida a également été lauréate du prix OpenMyMed 2018 de la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode, un programme de soutien ciblé pour les jeunes labels dans la stratégie de marque, la communication et le commerce.
En septembre 2021, la créatrice a été sélectionnée pour représenter la Tunisie à l’exposition « Bonne Arrivée » au prestigieux Musée des Arts Décoratifs à Paris, dans le cadre des événements Afrique 2020 menés par le président français Emmanuel Macron.
Cette année, en 2025, la marque a présentée plusieurs tenues lors de l’exposition “Infiniment Bleu” au Musée des Arts Décoratifs de Marseille ainsi qu’à l’exposition “Fashioning North Africa” au Kent State Museum, Ohio, US.
ANISSA AIDA… fait partie du programme CANEX (Creative African Nexus) soutenu par l’Afreximbank. En novembre 2021, la marque a participé au Salon du commerce intra-africain à Durban, en Afrique du Sud. En septembre 2022, Meddeb a participé à un défilé de mode à la Barbade, avec CANEX.
UFFP et sa fondatrice Fériel Berraies Guigny s’est entretenue avec elle, malgré un emploi du temps assez charge ( entre autre ) un timing assez speed car elle est aussi jeune maman et nous l’en remercions.

Anissa Meddeb la créatrice derrière la griffe Anissa Aida photo DR
Entretien coup de cœur :
1/ Qu’est ce qui nourrit votre créativité ? ce qui m’inspire? C’est bien sûr ma Tunisie, ses couleurs, le bleu de son ciel, de la mer, sa lumière, sa douceur de vivre, sa culture et en particulier sa culture vestimentaire, sa diversité, ses savoir -faire, son ouverture sur la Méditerranée, sur les autres pays africains, sur le monde arabe, sur le monde en général!
Ce qui m’interpelle c’est aussi le dialogue qu’elle peut entretenir avec d’autres cultures. J’ai choisi s’entremêler son langage vestimentaire avec celui des pays asiatiques et en particulier celui du Japon dont les traditions et les créations vestimentaires m’ont toujours inspirée. Mon mot d’ordre c’est: « la Tunisie de mes racines et le Japon qui me fascine! »
2/ Au départ vous habilliez les femmes ? J’ai commencé à habiller la Femme. Ma cible est la femme qui cherche à mettre en avant sa personnalité à travers ses vêtements. Elle est active, mobile, veut se sentir à l’aise dans un vêtement créé pour lui raconter une histoire, un vêtement qui lui parle et qui parle à ceux qui l’entourent, la femme dont le corps n’est pas un objet et encore moins un simple objet de désir, une femme de goût, d’idées et caractère.
Puis, sous la pression de mes amis et des conjoints de mes clientes, je me suis lancée dans le vestiaire masculin. Je vise l’homme qui veut sortir du costume cravate ou du jogging passe-partout, l’homme qui n’hésiterait pas à porter un saroual, une blouse djerbienne, un dengri ou encore un kadroun. Mes clients sont souvent des artistes, danseurs, comédiens, plasticiens, architectes. Ceci dit, j’ai réussi à convaincre aussi certains adeptes du costume cravate!
Avant l’Homme, j’avais lancé une ligne d’accessoires, essentiellement de la maroquinerie, des sacs en cuir, minimalistes et aux formes géométriques simples, déclinés dans de nombreux coloris et proposés du maxi au micro bag.
3/ Ethical Fashion celui d’UFFP cela vous fait quoi ? Je suis une adepte de la mode éthique car elle est plus respectueuse de l’Homme et de l’Environnement, avec des objectifs de durabilité. Elle est, à mon sens, l’alternative à la Fast Fashion et à l’Industrie de la Mode. Depuis le lancement de ma marque, j’ai eu la volonté de m’inscrire dans la vision Slow Fashion et j’ai priorisé l’utilisation de matières naturelles telles que la laine, le coton ou la soie.
J’ai bien évidemment conscience que le coton pose beaucoup de problèmes environnementaux mais il est encore difficile aujourd’hui en Tunisie de tracer la provenance d’un produit et son mode de production, dans les circuits d’approvisionnement que j’utilise. En revanche, je n’importe que très peu de tissus, je fais le choix d’utiliser ce que je trouve sur place, ce qui économise la taxe carbone.
Les vêtements que je crée sont intemporels, ils ne suivent pas la tendance du moment. Mon exigence quant à leur qualité en font des pièces qui restent longtemps dans nos garde-robes.
4/ Marque niche ? Je suis une marque de créateur et j’ambitionne de le rester même si par moment c’est difficile. Acheter des tissus qui ont un suivi est pratiquement impossible, les grands ateliers de confection refusent de produire des petites quantités et l’exigence de qualité augmente les prix face à ceux pratiqués par les géants de la mode qui produisent en quantité industrielle .
Je travaille avec des artisans et je leur procure du travail. Je fais travailler des couturières, des tisserands, des brodeuses , des fabricants artisanaux de chaussures dans la médina de Tunis et des petites unités de maroquinerie, pratiquement en fait main.
5/ Deux prénoms feminins A et A ? Le nom de ma marque est un hommage à ma sœur, partie rejoindre les étoiles en 2010, à l’âge de vingt ans. Ce n’est pas un message au monde entier, c’est un ancrage pour moi même: c’est la réalisation d’un rêve que nous avions eu ensemble, jeunes. C’est la sentir toujours à mes côtés.
6/ Vous avez envie de dire quoi aux jeunes ? Depuis quelques années, j’ai des jeunes et même des très jeunes qui viennent accomplir leurs stages dans mon entreprise. Aux plus jeunes, collégiens et lycéens, je leur dis de poursuivre leurs rêves, quel qu’ils soient, d’aller jusqu’au bout de ce qu’ils voudraient faire dans leur vie. J’en ai eu des extrêmement motivés pour leur âge et avec beaucoup de talent et de potentiel créatif. Aux alumni d’écoles d’art et de stylisme, je souhaite transmettre la patience, rigueur, persévérance ainsi que bien sûr la passion du métier et le respect des artisans.
7/ Mode circulaire douce illusion ? Une mode durable et circulaire peut être impulsée, pratiquée ou espérée par les créateurs, mais elle ne peut réellement aboutir sans un engagement fort des politiques publiques. Certes, certaines actions menées par les entreprises de mode permettent d’avancer : produire moins et mieux, ralentir le rythme effréné des collections, ou encore organiser des programmes de recyclage avec retour des pièces portées, offrant un avantage au client.

une création de sa dernière campagne photo Asch – ( voire notre éditorial next page on Anissa Aida)
De nombreux créateurs font également le choix d’éviter des matières synthétiques très polluantes. Mais leurs efforts restent limités tant que les géants du prêt-à-porter continuent d’inonder le marché de ces matériaux. C’est pourquoi des décisions doivent être prises à l’échelle nationale et internationale pour réduire l’impact environnemental, dans la mode comme dans l’ensemble des industries polluantes.
Les actions individuelles sont importantes, bien sûr, mais elles ne suffiront pas sans une transformation systémique et collective. Démocratiser l’économie circulaire et encourager une véritable durabilité dans la mode passe nécessairement par une meilleure compréhension de ces enjeux, ainsi que par l’éducation des jeunes générations, notamment au sein des écoles de stylisme et de modélisme.
8/ Des rêves en technicolors ? Des rêves? Oui, bien entendu ! Tout d’abord un monde de paix, de fraternité et de solidarité, puis une planète préservée et réhabilitée pour nous et les générations futures. C’est terrible de voir dans quel état nous laissons le monde à nos enfants!
Et aussi des rêves de voir grandir et s’épanouir Anissa Aïda et d’ouvrir grandes ses ailes vers des horizons plus nombreux.
ANISSA AIDA… a son showroom à Mutuelleville, Tunis depuis 2021 et ses créations sont également disponibles
Big up FROM UFFP !
son site web: https://anissaaida.com ainsi que dans des boutiques à San Francisco, Zanzibar et au Japon.
