Parceque la société civile est devenue beaucoup plus alerte et attentive à la manière dont les collectivités sont gouvernées, il a été décidé de lancer le concept des assises citoyennes à Oujda.
A rappeler e en effet, que les seuls contacts avec les leaders de groupes de pression et les leaders d’opinion ne suffisent plus à obtenir l’adhésion des populations. De ce constat, il a été décidé de mettre en place des plateformes de dialogue avec les organisations de la société civile, faisant appel à des innovations institutionnelles et à la mise au point d’outils et méthodes de démocratie participative auxquels peu de leaders locaux sont préparés.
Les populations sont devenues beaucoup plus exigeantes vis-à-vis des élus, et leurs attentes sont souvent en décalage avec les ressources limitées des budgets locaux. Les populations pensent que les élus ont plus de moyens à leur disposition qu’ils ne veulent bien le dire. Les élus de leur côté pensent que les faibles budgets de leur collectivité résultent en partie de l’incivisme fiscal des populations qui ne veulent pas mettre en cohérence leurs demandes et leur contribution au budget commun. Cette contradiction est difficile à gérer pour la plupart des élus locaux qui ne savent pas comment sortir du cercle vicieux qui veut que les populations ne paient pas volontiers les impôts car elles ont le sentiment qu’elles n’en ont pas le bénéfice en termes de services, et les collectivités ne fournissent pas les services au niveau attendu parce qu’elles ne lèvent pas suffisamment d’impôts locaux sur les citoyens.
Enfin la durée limitée du mandat des élus est souvent incompatible avec la définition d’objectifs de développement du territoire à long terme, qui nécessitent la poursuite desdits objectifs du développement souhaité.
M. Elong Mbassi Secrétaire Général de la CGLUA s’est en effet rallié à la proposition de M. Maataoui de se centrer sur le facteur humain dans l’accompagnement des collectivités territoriales dans la gestion des changements nécessaires à leur développement durable, à la condition qu’on sache comment s’y prendre pour préparer lesdites collectivités à sortir des impasses ou impossibilités de dialogue et de collaboration observées entre acteurs. Il proposait alors d’explorer comment appliquer sur les territoires les approches de coaching développées dans le monde de l’entreprise afin de mobiliser l’intelligence collective en vue de conduire les changements souhaités.
Commença alors une phase de travail théorique et méthodologique en vue de donner corps aux outils à mettre en place. Plusieurs institutions et experts ont été mobilisés au cours de cette phase : Au sein du Ministère de l’Intérieur du Maroc, l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) et sa directrice, Mme Nadira El Guermai, ainsi que la Direction de la Formation des Cadres Administratifs et Technique (DFCAT), et sa directrice d’alors, Mme Najat Zarrouk ; l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC) sous l’impulsion de son président d’alors, M. Fouad Omari, alors Maire de Tanger ; l’ONG belge Echos Communication et son Directeur, M. Miguel de Clerck ; le Réseau Marocain d’Economie Sociale et Solidaire (REMESS) et son directeur d’alors , M. Abdeljalil Cherkaoui ; Feu le Professeur Hassan Zaoual, Professeur d’économie à l’Université du Littoral Côte d’Opale (Dunkerque), et administrateur du Réseau Sud/Nord Cultures et Développement, auteur de la théorie de l’Homo Situs ; et M. Dominique Linossier, consultant. Ont été également associés au développement des contenus du cycle de formation en coaching territorial, une équipe de 7 coachs professionnels marocains contractés à cet effet par CGLU-A.
Le travail de développement des outils et méthodes devait toutefois tenir compte des attentes différentes entre le monde de l’entreprise et le monde des collectivités territoriales;
Une opportunité venue à point nommé : les demandes d’accompagnement formulées à l’endroit de CGLU-A par les autorités des collectivités territoriales du Maroc…
Les demandes d’intervention exprimées à l’endroit de CGLU-A par quatre collectivités territoriales ci-après, qui souhaitaient être accompagnées pour améliorer leurs relations avec leurs sociétés civiles respectives, offriront l’opportunité de vérifier la robustesse de la démarche et des outils du Coaching Territorial, à savoir : Ville de Ouazzane (accompagnement des femmes brodeuses pour leur participation à création de la coopérative Ahl Ouazzane et de la coopérative communautaire de Farraha, septembre 2012/janvier 2013) ; Oasis du Sud Est (promotion des initiatives des jeunes en faveur de la promotion du tourisme solidaire, septembre 2012/janvier 2013) ; Région Béni-Meskine, Settat (reprise du dialogue entre la collectivité territoriale et les membres de l’association Ouled Achi pour le développement rural, novembre 2011/janvier 2012) ; Ville de Salé (réinsertion des marchands ambulants dans le fonctionnement de la ville, septembre 2012/février 2013).
Avec l’appui de la Direction de la Formation des Cadres de l’Administration Territorial (DFCAT) du Ministère de l’Intérieur du Royaume du Maroc et L’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC) les premiers résultats issus de l’expérience du Coaching Territorial dans la Ville de Salé (Maroc) autour de la réinsertion des Marchands Ambulants ont été présentés au Congrès Mondial des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) à Rabat en octobre 2013. C’est à cette occasion que la Région de l’Oriental (une des douze régions du Maroc) s’est portée candidate pour mettre en oeuvre le Programme du Coaching Territorial couvrant l’ensemble des collectivités territoriales de la Région. Un Protocole d’Entente a été négocié et signé le 7 juin 2014 entre le Président du Conseil Régional de l’Oriental (CRO) et le Secrétaire Général de l’organisation des Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-Afrique) à l’occasion des Secondes Assises de la Coopération Décentralisée organisées par le Conseil Régional de l’Oriental à Oujda. Ces deux partenaires initiaux ont été rejoints par l’Agence de l’Oriental, représentée par son Directeur, Mr Mohamed Mbarki, qui a signé ledit protocole d’entente le 22 mai 2015 lors du Premier Forum du Coaching Territorial à Oujda.
Les Objectifs et Impacts du Programme :
– Créer et animer autant que possible des synergies / espaces de débats entre acteurs locaux, en l’occurrence les élus, la société civile et les autorités locales.
– Mobiliser ces acteurs autour d’une thématique spécifique en vue de résoudre un problème ou promouvoir le développement durable du territoire et particulièrement le développement de la Région de l’Oriental au Maroc.
– Centrer l’attention sur la dimension comportementale (coaching) afin que chaque acteur adopte des attitudes favorables à l’instauration d’un dialogue constructif et valorisant l’apport de tous avec une attention particulière sur l’approche genre.
– Mobiliser en priorité les ressources et les forces vives des territoires dans une démarche de proximité.
– Au final, participer à accroitre la capacité des institutions de l’Etat (qu’elles soient nationales, régionales ou locales) à adapter leurs attitudes, procédures, et actions à la nouvelle gouvernance décentralisée, et développer leurs capacités pour accompagner les collectivités territoriales et l’ensemble des acteurs dans ce nouvel environnement de la gouvernance publique dessinée par la Constitution de 2011.
Mais pour se faire, il faut rappeler que la situation politique s’y prêtait avec le désir du Souverain marocain de faire participer le tissu social un peu plus dans sa région.
Une volonté politique forte pour un fort ancrage régional…
La mise en place du Programme du Coaching Territorial demande une volonté politique forte des élus pour placer la question du développement humain de leurs territoires au-dessus des contingences du renouvellement de leurs mandats. L’engagement montré en faveur de la mise en œuvre du Programme par les présidents des conseils communaux et par le Conseil Régional de l’Oriental alors même qu’on était à un peu plus de trois mois à peine des élections locales a fourni la preuve de l’attachement des édiles de la Région à ce Programme. Dès lors le Programme a bénéficié d’un soutien politique qui ne s’est pas démenti après les élections locales malgré le changement de nombreuses équipes locales. On doit également signaler tout particulièrement l’appui constant du Wali de la Région de l’Oriental et des services de la Wilaya, ce qui a été pour beaucoup dans le développement de relations de confiance entre les administrations de l’Etat et les collectivités territoriales.
S’appuyer sur un groupe d’experts Coach certifiés pour lancer la dynamique de Coaching Territorial au sein de la Région…
En parallèle des préparatifs du Programme à Oujda, un groupe d’expert a été constitué, qui s’est dit prêt à se mobiliser pour partager les outils du Coaching Territorial dans l’Oriental, une région jusque là considérée comme éloignée des grands pôles économiques du Maroc. Les Coachs Marocains Certifiés ont accepté de voyager tous les mois par train sur Oujda pour venir donner des formations, tenir des ateliers et surtout partager leurs riches expériences du Coaching.
Mettre en pace une équipe pour la coordination…
Il a fallu s’entourer à Oujda d’une équipe opérationnelle de coordination pour piloter ce Programme au quotidien. Plusieurs fonctionnaires ont été mis à disposition par le Conseil Régional de l’Oriental. Leurs apports dans le Programme se sont révélés cruciaux puisqu’ils connaissent tous les rouages de l’administration marocaine et suivent avec intérêt les nouvelles règlementations des Collectivités Locales et Régionales. Au coté de ces fonctionnaires régionaux « détachés », de nombreux étudiants de la Région (près d’une dizaine), font partie intégrante de l’équipe, participent aux réalisations et améliorent ce faisant, leur expérience professionnelle. Certains d’entre eux ont trouvé du travail en cours de route et d’autres poursuivent leurs carrières. Ces jeunes représentent une réelle force dans l’équipe de coordination au sein de laquelle on a fait le pari de la parité et de la diversité. Ces jeunes s’occupent de la communication et aussi des enquêtes réalisées sur le terrain. Beaucoup des jeunes de l’équipe ont été ouverts aux grandes thématiques de la Région, et ont été associés à la réflexion sur ces thématiques. A titre d’exemple, pour la thématique de la Migration, on a eu recours à un Jeune Migrant Régularisé pour contribuer à l’animation de la réflexion sur ce sujet au sein de l’équipe de coordination.
Mise en place d’un Comité de Suivi Régional…
Un Comité de Suivi Régional a été mis en place, composé de plusieurs institutions, en plus des partenaires déjà cités, telles que la Wilaya, le Centre Régional pour l’Investissement, l’Entraide Nationale, l’ADS, l’Université…
Ce Comité de Suivi se réunit autant que nécessaire pour le suivi des activités, le partage des idées et la mise en synergie des efforts afin de concourir au succès du Programme. Comme le soulignent les participants à ce Comité « ce n’est pas seulement les territoires qu’il faut Coacher mais aussi les Organisations Régionales. »
Former les futurs Coachs Territoriaux…
L’identification des candidats pour la formation des futurs Coachs Territoriaux a fait partie des priorités d’intervention de l’équipe de coordination du Programme. Un appel à candidatures a été lancé et a reçu pas moins de 200 demandes en quelques jours. 60 candidatures ont été sélectionnées pour passer un entretien individuel avec les coachs formateurs de Casablanca/Rabat. 28 candidats ont été retenus et ont démarrés le parcours de formation dès le mois décembre 2014.
Une nouvelle sélection conduite en mai 2015 a permis de confirmer 21 candidats à la formation au métier de Coachs Territoriaux. C’est ce groupe qui est actuellement en cours de certification.
Le parcours de formation combine entre chaque module de formation, des missions (2 à 3 jours) dans les collectivités territoriales de la Région afin de réaliser le passage à la pratique (la boite à outils du Coach Territorial) autant que possible sur des thématiques choisis par les territoires pilotes (16 villes et communes au total participent dans toute la région et dans toutes les Provinces).
Obtenir des terrains et stage et des thématiques dans les Communes de la Région….
Après le lancement officiel du Programme en novembre 2014 avec les acteurs et élus de la Région, les Présidents présents à la Cérémonie ont fait part de leur intention de faire partie du Programme et d’accueillir un Coach Territorial dans leur collectivité territoriale.
Pour chaque Collectivité partenaire, un protocole d’entente a été signé avec les différents partenaires du Programme, et les conventions correspondantes ont été soumises à l’approbation du Conseil Communal. Le choix des thématiques objets de l’exercice de Coaching Territorial a été effectué lors de visites de terrain dans la commune avec la participation des associations de la société civile et du Conseil. Parfois la thématique était évidente pour tout le monde et parfois il a fallu négocier et choisir parmi plusieurs thématiques.
Sensibiliser la Société Civile de toute la région…
Des Forums de sensibilisation ont été organisés dans chacune des Province de la Région afin d’expliquer et de sensibiliser les acteurs Province par Province sur la démarche de Coaching Territorial. Ces Forums ont été aussi l’occasion de partager les premiers outils du Coaching au travers de mini-formations. Au total près d’un millier de participants ont pris part aux différents Forums en 2015. En 2016, cette opération sera renouvelée pour faire participer l’ensemble des forces vives des territoires à la réflexion autour du Plan Régional de Développement de la Région de l’Oriental.
Les prochains défis seront de :
- Lancer la Caravane Itinérante du Coaching Territorial dans toutes les Provinces de la Région et dans d’autres Régions au Maroc.
- Utiliser le Coaching Territorial comme un outil innovant de développement économique local et d’attractivité des territoires. Augmenter la participation des acteurs économiques dans le Coaching Territorial.
- Positionner la Région de l’Oriental comme une locomotive du Développement Humain Durable au niveau des Territoires, avec un potentiel de coopération vers les autres régions du Maroc et les autres pays d’Afrique dans le cadre de la coopération Sud/Sud. Régions du Maroc.