Le plasticien Béninois exposait ses œuvres à la maison rouge début Décembre à Cotonou au Bénin dans le cadre de l’exposition « Spirit Maestria ». Une occasion également de découvrir le livre « Les destins de Zinkpè » une rétrospective sur cet artiste iconoclaste et doué.
By Supa Djiles
On vous en avait déjà parlé dernièrement dans UFFP lors de la rencontre avec Sandra Agbessi, Curatrice et commissaire d’exposition. Pour ceux qui ne le savent pas curiste est un métier particulier :comme le disait Gaël Charbau dans Le Monde, être curateur c’est : »Se tenir en éveil à l’égard de la jeune création, élaborer des projets d’expositions originales, les mettre en résonance avec un lieu… Curateur, c’est tout cela. « J’ai toujours aimé construire, que ce soit un texte critique ou une pensée dans l’espace : une exposition, c’est un prolongement physique du travail lié au langage ». Bref une dimension nouvelle du galeriste/commissaire d’exposition qui s’investit bien plus dans le travail de ses artistes.
Cette fois ci donc, c’est une exposition au Bénin d’un artiste comme on les aime, provocateur, doué et cultivé. Un Basquiat Africain. Il le disait d’ailleurs à RFI : « J’ai vu l’énergie de Jean-Michel Basquiat, je n’aime pas ces toiles, mais son énergie. Parallèlement j’aime un Monsieur qui s’appelle Francis Bacon qui a une telle dualité sur le temps. Je suis un peu leur produit. « … ».: Ce que je mets de Dominique Zinkpè c’est mes dessins. Quand on voit que je fais un fond noir et qu’on sait que je viens d’Afrique on me dit : « Mais tu copies Basquiat ! ». Mais il y a aussi des gens intelligents qui m’ont dit : « Tu fais le boulot que Basquiat n’a pas fini de faire ».
Né en 1969 à Cotonou, Zinkpè est un artiste polyvalent qui réalise dessins, peintures, sculptures et installations. Il a été lauréat de la Biennale de Dakar en 2002 avec ses sculptures taxi. Depuis il a créé le Centre artistique à Porto Novo au Bénin. Un des artistes clés de Sandra Agbessi avec Ingrid Baars., « J’ai découvert Dominique Zinkpè il y a 10 ans. C’est un artiste complet. Son œuvre est extrêmement dense. C’est pourquoi j’ai décidé de ne plus le lâcher ». Dix années de proximité donc couronnés aujourd’hui par un ouvrage qui raconte le parcours de Dominique Zinkpè « Je suis un artiste comme tant d’autres. J’ai demandé à ce que ce livre soit lancé au Bénin, mon pays car, c’est ici que j’ai commencé mes premiers pas ». Ce livre est donc lancé au Bénin à travers l’exposition et sera diffusé en Afrique après le lancement récent en Europe.
« Spirit Maestria », l’exposition mise en place pour le lancement du livre est dans la lignée du travail de cet artiste. Variée, spirituelle, envoutante, mystique et pointue. Pour ceux qui ne le savent pas non plus, le Bénin est le cœur de l’ancien royaume du Dahomey et a été surnommé le quartier latin de l’Afrique car les béninois sont reconnus en Afrique de l’Ouest comme passionné de culture et intellectuels. C’est aussi le cœur et l’origine du Vaudou. Un thème qui bien sur à inspiré notre artiste qui en joue avec maestria justement.
Une thématique au cœur de son œuvre. Des peintures, des sculptures en bois, des installations. Zinkpè est d’une créativité sans limites. Sans Tabous. Bien que conceptuel et doté d’une bonne connaissance de l’histoire de l’art, il a cette qualité qu’ont les grands artistes : la simplicité. Même s’il prend des poses a postériori son art est frais et lâché. C’est sans doute pour cela que Sandra Agbessi qui à l’œil fin a décidé de l’accompagner. Un artiste qui a su déjà s’imposer comme un des grands représentant de la scène contemporain Africaine trop souvent ignoré ou mis de coté. Nul doute qu’il ouvre la voie à une nouvelle génération d’artistes en devenir.