La fin du XXe siècle, avec sa révolution technologique et la nature particulière de ses conflits, a donné un visage nouveau à la guerre. Hier elle impliquait des soldats et des adultes, aujourd’hui elle cible et engage des enfants.

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Aucun enfant n’a jamais commencé une guerre, pourtant ce sont les premières victimes des affrontements, génocides et violences en tout genre.
Selon les estimations de l’Unicef, plusieurs dizaines de milliers d’enfants sont encore impliqués de manière directe ou indirecte dans des conflits armés. Notamment dans certains pays d’Afrique (République démocratique du Congo, Somalie, Soudan du Sud, Nigéria, Mozambique…), du Moyen-Orient (Syrie, Yémen…), d’Asie (Afghanistan, Myanmar) ou d’Amérique du Sud (Colombie). Les enfants soldats ne désignent pas seulement les très jeunes combattants mais aussi tous les enfants, garçons et filles (40 %), recrutés ou employés par une force ou un groupe armé (définitions de forces et groupes armés en encadré), ou dans le cadre d’affrontements entre bandes rivales. Des enfants utilisés comme cuisiniers, porteurs, messagers, espions ou encore exploités sexuellement.
Le terme Enfant soldat désigne toute personne de moins de 18 ans faisant partie, à quelque titre que ce soit, d’une force armée ou d’un groupe armé, régulier ou irrégulier. Cela inclut, sans s’y limiter, les cuisiniers, porteurs, messagers et les personnes accompagnant ces groupes, sauf lorsqu’il s’agit exclusivement de membres de la famille. Sont également concernés les filles recrutées à des fins sexuelles ou en vue d’un mariage forcé. Le terme ne désigne donc pas uniquement un enfant portant ou ayant porté une arme.Définition extraite des Principes du Cap (Cape Town, Afrique du sud, 1997)
Un phénomène ancien, qui s’accentue ces dernières années
Le phénomène des enfants soldats n’est pas nouveau. Déjà dans l’Antiquité, on en comptait – même si le terme n’est apparu qu’à partir des années 1980. À Sparte, les garçons entraient à l’âge de sept ans dans un système d’instruction militaire destiné à les préparer au combat dès la fin de l’adolescence. Au Moyen Âge, certains jeunes, notamment parmi la noblesse, pouvaient être envoyés sur les champs de bataille dès 13 ou 14 ans. Plus près de nous, durant la Première Guerre mondiale, dans certains pays belligérants, les adolescents de 16 à 18 ans étaient mobilisés afin de pallier le manque de soldats. Certains enfants volontaires, âgés de moins de 16 ans, décidaient eux de falsifier leur date de naissance et/ou leur identité pour s’engager au combat. « Pendant la Grande Guerre, il a existé une mobilisation militaire, non officielle, explique l’historienne Manon Pignot, dans une contribution parue sur The Conversation [2]. Un certain nombre d’adolescents – et, à l’Est, d’adolescentes – ont entendu l’appel à la mobilisation totale et ont tenté de rejoindre le front spontanément. » Pendant la Seconde Guerre mondiale, des enfants issues des mouvements de la jeunesse hitlérienne étaient appelés à soutenir l’effort de guerre en tant qu’estafettes ou pompiers par exemple. Puis, à partir de septembre 1944 et face aux défaites allemandes, la milice populaire embrigadait les enfants dès 16 ans pour combattre.
Ce recours aux enfants soldats s’est accentué après la seconde moitié du XXe siècle. D’abord parce que les conflits opposant armées régulières et guérilla se sont multipliés quand jusqu’alors les guerres opposaient surtout des armées conventionnelles. Ensuite parce que ces conflits perdurent plus longtemps. La durée des conflits au Guatemala, en Colombie, en Angola ou en Afghanistan… se comptent en décennies. Et les enfants sont utilisés pour compenser les difficultés de recrutements d’adultes.
La communauté Internationale a reconnu qu’il n’y avait pas de place pour eux sur ces terrains. Aujourd’hui, dans plus de 30 pays, 300.000 enfants de moins de 18 ans, et même des enfants de sept ans sont engagés dans des hostilités. Les filles comme les garçons sont arrachés de l’école, des camps de réfugiés, de leurs foyers pour être entraînés à tuer.
Ces mineurs sont enrôlés dans des milices armés et dans des armées gouvernementales. Les traités internationaux qui interdisent ces enfants soldats ne sont jamais appliqués.
Et c’est encore vrai aujourd’hui au Mali, en Syrie, au Congo, au Soudan, au Yémen ou en Colombie.
Quand on parle de « crimes de guerre contre l’autre » il faut d’abord penser aux crimes commis par et contre les enfants !
Quand on demande réparation, il faut d’abord penser aux victimes qui sont des enfants et à ceux que l’on a aussi victimisés en les rendant bourreaux. L’extrême complexité de la relation victime/bourreau infantile, m’a amenée à vouloir faire cette réflexion. Car très peu d’études se sont attardées sur la compréhension de cette part d’irrationnel et d’absurde qui conduit l’enfant à se laisser instrumentaliser par les guerres adultes. Un mécanisme d’une extrême destructivité pour l’enfant et pour cet autre qui va le subir, c’est-à-dire son entourage. Car le passage de victime/témoin à acteur/réacteur ne se fait pas sans douleur et le sacrifice de soi. C’est aujourd’hui une dynamique qui engage un sérieux problème de défense sociale. Une problématique également thérapeutique, car comment faire face à la violence de l’enfance ? Comment l’expliquer et la prendre en charge, quand cette violence passe à l’acte ? Et d’un point de vue juridique et morale est-elle justifiable, l’enfance qui passe aux actes de violence de guerre est-elle responsable et coupable ?
Autrefois il y avait des guerres dites mondiales. Mais ces guerres n’étaient pas des guerres totales. De surcroît, elles étaient à peu près définies mêmes si certaines commençaient sans déclaration officielle.
Aujourd’hui, la donne a changé, elle se traduit par un changement stratégique de cibles. Des guerres d’un type nouveau ont vu le jour, elles amènent aussi des victimes et des coupables d’un type nouveau. Des victimes et des enfants devenus soldats, que l’on rencontre dans divers terrains et qui sont de plus en plus jeunes.
Avant-propos tiré de mon ouvrage paru aux éditions l’Harmattan ( Enfance et Violence de Guerre, Tome 1 et 2, publié en aout 2015, Fériel Berraies Guigny )
https://www.fnac.com/a8905223/Feriel-Berraies-Guigny-Enfance-et-violence-de-guerre
https://www.fnac.com/a8963185/Feriel-Berraies-Guigny-Enfance-et-violence-de-guerre
Lisez la critique des livres
https://www.leaders.com.tn/article/18015-blessures-invisibles
https://expertes.fr/expertes/70088-f%C3%A9riel-berraiesguigny
Quel bilan depuis les Accords de Paris ? Toujours autant d’enfants soldats !
Plus de dix ans après les Accords de Paris signés lors d’une grande conférence tenue sur la capitale française concernant les enfants soldats, des dizaines de milliers d’enfants sont encore enrôlés.
Ils étaient 250 000 enfants soldats à travers le monde en 2016, selon les chiffres de l’Unicef, dont un tiers en Afrique. Des enfants enrôlés de force dans une vingtaine de pays. Combattants, espions, démineurs ou kamikazes, ils vivent pour beaucoup d’entre eux au sein de groupes armés non étatiques comme Boko Haram ou l’armée démocratique du Soudan ou encore les milices de Daesh.
300 enfants libérés seulement un chiffre décevant
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) met en place depuis des années des programmes de réinsertion de ces enfants meurtris par la guerre victimes de traumatismes et de violences souvent sexuelles. On compterait quelques 300 enfants soldats libérés grâce à une mission de l’ONU dans le sud du Soudan. Au total, on estime que plus de 230 millions d’enfants grandissent dans une région en guerre.
Pourtant l’embrigadement de l’enfant est un crime de guerre international
Et des accords et des conventions censées les protégés sont signés. Mais les politiques continuent à faire la sourde oreille dans certains cas.
Signés à ce jour par 108 États, ces accords ont doté la communauté internationale d’un ensemble de principes qui réaffirment les droits des enfants à la protection en toutes circonstances.
Ils condamnent le recrutement ou l’utilisation de mineurs de moins de 18 ans dans les groupes armés. La répression de l’enrôlement et de l’utilisation d’enfants dans les conflits est devenue ainsi effective puisque ces actes ont été déclarés « crimes de guerre » et qu’ils sont à ce titre jugés par la Cour pénale internationale.
Trois nouvelles signatures contre l’embrigadement des enfants, dont celle de la Tunisie !
Les 108 pays signataires ont réitéré en 2016, lors d’une conférence à Paris, leur volonté de respecter le droit international et leur engagement à financer des mécanismes qui pourront protéger les enfants confrontés à des conflits.
Trois nouveaux pays ont ratifié ces accords : la Birmanie, le Kazakhstan et la Tunisie.
De nouvelles régions recruteuses d’enfants soldats
Notamment s’agissant de la Tunisie, doit on rappeler malheureusement que nous sommes un des pays de la région, à être le plus grand pourvoyeur de jeunes djihadistes pour la Syrie etc
Pas mal de médias, de rapports en Europe, d’enquête sur les réseaux d’embrigadement dans les banlieux européennes, et aussi au Maghreb, pointent du doigt la Tunisie, pourtant grand champion démocratique qui a plus ou moins réussit à sauver sa « transition » post printemps arabe.
Il y a quelques mois, des enfants de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech) ont été vus sur les réseaux sociaux, dont un Tunisien, qui ont exécuté des Kurdes à Raqqa, en Syrie. Dans une vidéo diffusée par les sites de propagande de Daech, on voit, en tenu de combat, 5 enfants, de différentes origines : un Tunisien, un Britannique, un Egyptien, un Kurde et un Ouzbek, qui exécutent, avec des revolvers, des prisonniers punis pour avoir combattu l’organisation terroriste et lui avoir repris des territoires au nord de la Syrie. C’est l’enfant tunisien, surnommé Abou Al-Baraa Ettounsi, qui a été chargé de justifier l’exécution des 5 hommes: «Personne ne peut sauver les Kurdes, même s’ils sont soutenus par l’Amérique, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, ou même tous les diables réunis», a-t-il dit.
6 VIOLATIONS GRAVES DES DROITS DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ à retenir
Le recrutement et utilisation d’enfant par des forces ou groupes armés ;
Les meurtres et mutilations d’enfants ;
Les viols et autres formes de violence sexuelle commise contre des enfants, notamment les filles ;
Les attaques d’écoles et/ou d’hôpitaux ;
L’enlèvement d’enfants ;
Le déni d’accès d’aide humanitaire.
Les conflits rendent les enfants vulnérables, les enfermant dans la pauvreté, l’analphabétisme et la mortalité infantile. Les conflits endémiques dérobent aux enfants leur enfance, leur famille, leur sécurité, leur éducation, leur santé, leur équilibre psychosocial et leur chance d’un avenir meilleur.
51 groupes armés non étatiques black listés
51 groupes armés non-étatiques et 8 forces armées étatiques ont été recensés dans la Liste noire du secrétaire général de l’ONU rendue publique en avril 2016 pour violations graves commises à l’encontre d’enfants.
En 2016, la plupart des Etats ont signé les textes contre l’utilisation des enfants dans les conflits armés. Pourtant, il y aurait quelque 250 000 jeunes âgés de 6 à 18 ans mêlés à une trentaine de conflits dans le monde. Alors que depuis 2002, selon le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, la participation de ces derniers aux conflits armés est interdite, les enfants continuent d’être utilisés dans les guerres.
150.000 enfants soldats été démobilisés suite aux Accords… des progrès tout de même
Les Accords de Paris et l’action conjuguée des Nations unies, de l’Unicef, de nombreuses ONG et des pouvoirs publics locaux, 150.000 enfants soldats ont été démobilisés. Malheureusement chaque année des dizaines de milliers d’autres enfants se voient encore enrôler. Les Nations unies ont dénombré 51 groupes armés qui retiennent des enfants en détention en vue de les utiliser soit comme soldats, soit comme bombes humaines.
1 enfant sur 10 vit dans un pays en guerre dans le Monde
Premières victimes et témoins de la guerre. Quand ils vivent la violence au quotidien, cela devient la norme pour eux. Qu’ils subissent la violence ou qu’ils la fuient, la plupart du temps ils sont déplacés, perdent famille, maison, repère et voient des atrocités qui vont les marquer à jamais. Et influencer leur devenir adulte. Il sera dès lors difficile sans une vigilance marquée de prévoir comment ils vont évoluer dans leur comportement social.
Quand on vit dans la guerre cela devient la norme
En Syrie, les violences à l’encontre des enfants ont atteint un niveau dramatique en 2016. Plus de 650 enfants ont été tués au cours de la dernière écoulée. Cela représente une augmentation de 20 % par rapport à l’année 2015. Parmi ces enfants tués, 255 l’ont été dans ou à proximité d’une école.
Des milliers d’enfants sont victimes des attentats terroristes qui frappent partout dans le monde. Ils en sont directement victimes, tués ou blessés, ou bien ils se retrouvent orphelins ou enfin sont embrigadés pour commettre eux-mêmes ces attentats.
En une décennie, plus de deux millions d’enfants ont été tués, au moins six millions ont été blessés dont une grande partie souffre d’invalidité permanente.
Les enfants finissent par se réapproprier des mécanismes anomiques, ils savent reconnaitre les armes, les manipuler, ils peuvent aussi décider de s’associer aux groupuscules terroristes ou aux milices. Trouver un sens dans ce qui n’a plus de sens, une famille, quand on l’a perdue, un sentiment d’appartenance quand on a plus de repères !
Les mécanismes de l’emprise
Les jeunes vivant dans des zones de guerre sont vulnérables et ils peuvent tomber sous l’emprise d’une milice. Le fait de ne pas être scolarisé favorise l’enrôlement, notamment volontaire. L’éducation est d’ailleurs un argument pour plusieurs factions armées pour recruter. Daech utilise la promesse d’éducation pour attirer de jeunes syriens dans ses rangs.
Mais pour un bon nombre, devenir soldat permet de se sou straire à une affreuse destinée, comme devenir un esclave domestique ou faire un mariage forcé. Les filles enfants soldats sont les plus vulnérables d’ailleurs souvent victimes de viol, d’exploitation et de mutilations sexuelles, avec des risques de grossesses non désirées, des conditions d’accouchement tragiques et une exposition aux MST (maladies sexuellement transmissibles) dont le Sida.
L’Education le seul barrage contre l’emprise
Aller à l’école permet aux enfants de se reconstruire, en leur fournissant un cadre protecteur, un espoir d’avenir, des compétences. La protection des écoles en temps de conflit est donc primordiale. La France est l’un des premiers pays à avoir adopté la Déclaration sur la sécurité dans les écoles dont l’objectif est de sanctuariser ces lieux de vie pour les enfants. La communauté internationale doit redoubler d’effort et ne pas se réfugier sur des textes qui deviennent obsolètes si on ne les applique pas. On peut voter toutes les lois du monde, elles resteront caduques si il n’y a pas implémentation et une réelle volonté politique. Il faut se donner les moyens et renoncer aux fatalismes de ce monde. La violence sur l’enfance n’est pas à banaliser, son instrumentalisation, en tant que cible ou moyen ou bouc émissaire, n’est pas tolérable. Nous brisons notre humanité à venir en assassinant nos enfants et en leur apprenant à assassiner à leur tour.
Les parents, les institutions, les politiques doivent rester vigilants et rester dans la cohérence face au discours ambiant, qui risque d’être creux et l’histoire nous le démontre c constamment.
Donnons-leur des livres au lieu des armes, facilitons leur l’accès à l’école pour les aider à reprendre le cours de leur vie. Et s’agissant des enfants enrôlés dans les groupes armés, il est encore temps de les dés embrigader, et pour cela la société doit accepter de les reprendre, qu’importe les atrocités commises et les traumas causés sur les communautés. Même si l’image du monstre, de l’enfant qui a découpé à la machette son parent, peut hanter à l’infini. Il ne faut jamais oublier que ces enfants bourreaux ont été à une étape de leur vie, des victimes.
L’Afrique le Continent le plus grand recruteur, l’Asie et le Proche Orient ensuite
Le continent africain affiche les plus grands chiffres du Mali à l’ Ouganda, RCA, au Rwanda, en Somalie et au Soudan du Sud, etc. – et principalement dans la région des Grands Lacs.
Au Proche-Orient, des enfants soldats sont présents en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, en Irak et en Iran. En Syrie, la branche d’al-Qaïda, le Front al-Nosra, mais aussi les Unités de protection du peuple kurde (YPG), des milices pro-Bachar el-Assad ainsi que le Hezbollah, recruteraient également des enfants-soldats dans leurs rangs.
Depuis peu, le groupe Etat islamique diffuse des vidéos dans lesquelles apparaissent des enfants soldats dont certains sont âgés d’à peine dix ans ; ils seraient aujourd’hui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus d’un millier à avoir été recrutés et 89 auraient déjà été tués. Ce sont les « lionceaux du Califat », comme ils sont appelés et on les montre souvent dans une mise en scène macabre où ils égorgent ou tirent des balles dans la tête d’otages. En Asie (Afghanistan, Inde, Laos, Philippines) ils sont aussi très nombreux. En Indonésie et au Sri Lanka, les Nations unies notent que le recrutement n’existe plus mais qu’une présence d’enfants soldats dans certaines régions est toujours effective. C’est en Birmanie que la situation est la plus alarmante car l’Etat participe à l’enrôlement des enfants dans les conflits : des enfants âgés de 12 à 18 ans sont recrutés de force par l’armée gouvernementale.
Des Etats qui recrutent
Le département américain, déclare que les forces armées gouvernementales du Yémen, de la Syrie, du Soudan, du Soudan du Sud, de la RDC, de la Somalie et du Nigeria ont elles aussi recruté entre avril 2014 et mars 2015 des enfants soldats. Si en Somalie et en RDC la situation semble cependant s’améliorer, il n’en va pas de même dans les autres pays listés.
Au Soudan du Sud par exemple, selon l’ONU, quelque 12 000 enfants soldats se battent au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et des groupes rebelles du Soudan du Sud. Certains ont combattu durant plus de quatre ans et beaucoup ne sont jamais allés à l’école.
Des blessures physiques et psychologiques indélébiles
Les conflits armés qui ensanglantent le monde ces dernières décennies n’ont jamais fait autant de victimes civiles. Et parmi elles, la moitié serait des enfants. Enfants soldats ou pas, l’impact des guerres sur les plus petits est considérable. En une décennie, plus de deux millions d’enfants ont été tués, au moins six millions ont été blessés dont une grande partie souffre d’invalidité permanente. La réinsertion de ces enfants, reste c compliquée…
Il s’agit de renouer avec l’arbre de vie de l’enfant, d’essayer de faire un pont entre la situation d’aujourd’hui et cette enfance qui lui a été volée. Cela repose essentiellement sur le lien ou ce qui en reste.
Les impacts psychologiques sont également dramatiques. Les petits qui se retrouvent face à la décomposition de leur vie sociale, au stress, à la guerre, à la mort de leurs parents, aux viols de leurs sœurs ou de leur mère, demeurent psychologiquement traumatisés à vie. Il leur faudra un accompagnement dans la durée et beaucoup de résilience.
Les DDR ou casser la spirale de la violence
Les Principes de Paris
En février 2007, à l’initiative de l’Unicef, une Conférence internationale consacrée aux enfants associés aux groupes et forces armés a élaboré les Principes de Paris. Ceux-ci actualisent les Principes du Cap et incitent à l’élaboration de nouveaux programmes de prévention (campagnes de sensibilisation, enregistrement des naissances…), de libération et de réintégration des enfants (accès à l’éducation et à la formation professionnelle, réintégration dans la communauté, aide psychosociale).
En 2024, 108 États en sont signataires. Plusieurs pays bénéficient de programmes de prise en charge par l’ONU et l’Unicef des enfants démobilisés : Angola, Burundi, Côte d’Ivoire, Ouganda, RDC., Rwanda, Somalie, Soudan… À leur échelle, le BICE et ses partenaires locaux, en RDC notamment, ont développé plusieurs projets en faveur de la réinsertion sociale et économique d’enfants soldats, filles et garçons, depuis plus de 10 ans. Des actions de soutien psychosocial sont également déployées.
Encore des défis
Reste que les programmes étatiques de démobilisation, de désarmement et de réinsertion de ces enfants sont insuffisants et que les enfants libérés le sont surtout du fait d’une cessation du conflit, et donc potentiellement « réengagés » quand celui-ci reprend. En parallèle de ces programmes, se posent aussi des questions en termes de droit international, relève Marie-Luce Desgrandchamps, historienne, co-directrice d’un projet de recherche sur l’histoire des enfants soldats sur le continent africain basé à Université d’Exeter, lors d’une émission consacrée au sujet [10] sur France Culture en février 2025 : « Comment est-ce qu’on juge ces anciens enfants soldats qui sont après devenus eux-mêmes des recruteurs ». À la fois, victime et bourreau. De la même manière, comment considérer les enfants qui sont nés et qui ont grandi dans les groupes armés ? Des sujets particulièrement difficiles et sensibles.
Différence entre groupe armé et force armée
Des programmes de désembrigadement existent, ils sont couteux et peu nombreux, mais c’est un début et je voudrais au passager réitérer toute mon admiration à l’ancienne présidente du Libéria que j’avais eu l’extrême honneur d’interviewer pour un panafricain il y a quelques années ( quand elle était à la Banque mondiale ) pour le travail magnifique qu’elle a fait pour son pays et pour les enfants soldats de sa région.
Il est vrai qu’à la base, les programmes sont destinés aux adultes, les programmes DDR (Désarmement, Démobilisation, Réintégration) des Nations unies, ils visent principalement à reconstruire la paix et la stabilité, ainsi que le développement à long terme des sociétés après les conflits, mais ils ont tout de même permis de démobiliser plus de 100 000 enfants dans plus de 15 pays.
Cela prendra des années, coutera beaucoup d’argent pour les ramener à leur enfance volée, pour les reformer, ils feront peur, ils auront peur, mais ils ne devront pas être stigmatisés. La rédemption est possible si nous leur donnons de bons modèles d’identification et si nous acceptons de pardonner.
Le pardon sera la rédemption de tous et dépendra du bon vouloir de la société civile
L’Education remettra le pied à l’étrier, mais aussi la lutte contre la pauvreté, comme le souligne Amnesty International, lutter contre les violences faites aux filles, lutter contre l’impunité, travailler avec les communautés locales, s’efforcer de convaincre les groupes armés d’arrêter sous peine de sanctions, travailler sur les programmes de réinsertion, lutter pour un commerce d’armes contrôlé, sont autant de réponses pour éradiquer l’utilisation des enfants soldats.
C’est la seule issue, tolérable, après tant d’années intolérables inhumanité !
Des mauvais élèves parmi les Etats non signataires
Seuls la Somalie et les Etats-Unis n’ont pas ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant.
Retrouvez les conseils de therapeute de Feriel Berraies : www.feriel-berraies-therapeute.com
Enfance et Violence de Guerre Tome 1 et 2 éditions l’Harmattan aout 2015
Retrouvez les conseils de Fériel Berraies Thérapeute :
www.feriel-berraies-therapeute.com
Experte Genre en France
https://expertes.fr/expertes/70088-f%C3%A9riel-berraiesguigny
Journaliste activiste doublement primée
criminologue et chercheur en sciences sociales
ancienne diplomate tunisienne
auteur et thérapeute
Présidente fondatrice UFFP/UNITED FASHION FOR PEACE
Association plateforme mode / culture pour la paix et webzine
