Inventer un Tourisme qualitatif pour mettre fin au tourisme de masse, au « tourisme réalité »
Selon l’OMT, le tourisme constitue aujourd’hui la principale source de devises étrangères pour 46 des 49 pays les moins avancés (PMA). « D’autres, plus avancés, comme la République dominicaine, les Maldives, la Tunisie ou l’Egypte, ont vu la part du tourisme dans leur PIB se renforcer fortement et contribuer à leur croissance économique »( à quelques nuances près pour certains pays d’Afrique du Nord, depuis le printemps arabe).
Photos Diane Cazelles
Dans certains petits Etats, insulaires notamment, la contribution du secteur au revenu national dépasse les 50%, comme à Antigua-et-Barbuda et en Gambie où elle atteint respectivement 70% et 58%. Pour autant, la manne touristique et le nombre d’arrivées de vacanciers demeurent très inégalement distribués : quelque deux tiers des touristes internationaux choisissent une destination européenne ou nord-américaine ; l’Amérique du Sud, l’Asie-Pacifique, l’Afrique et le Moyen-Orient se partageant donc moins de 35% du tourisme mondial.
Les Etats du Sud pour la plupart, encouragés par les institutions internationales, misent donc – au risque d’une trop forte dépendance – sur orientation au départ grande pourvoyeuse d’emplois et censée leur apporter des devises fortes. La réalité cependant est moins évidente et si les situations peuvent varier significativement d’un contexte à un autre, les grandes tendances enregistrées ces dernières années indiquent que les retombées financières, sociales, culturelles et environnementales sont le plus souvent problématiques, voire dramatiques, pour les populations locales.
Claire Bouliou de la Cité européenne de la culture et du tourisme durable, en allocution d’ouverture de la Semaine économique de la Méditerranée, pour parler d’un exemple de tourisme solidaire et durable a évoqué l’action conduite dans la région de Kasserine (Tunisie) une des régions les plus pauvres où est née la révolution du jasmin : « Nous avons entrepris, en 2012, un diagnostic de territoire qui a permis de mesurer les attentes d’une population touchée à 45% par le chômage. Dans cet État centralisé nous avons réussi à ce que les divers ministères concernés se parlent, puis le dispositif a permis qu’ils travaillent avec les élus locaux et que la population participe aux décisions ».
Samiha Khelifa, professeur d’université à Sousse (Tunisie) renchérit et ajoute la nécessité d’inventer de nouveaux modèles de Tourisme pour le pays qui a essoufflé son modèle bain de sable de masse : «il faut aujourd’hui, développer des produits originaux et uniques. Il faut donner une valeur artistique à du matériel mais aussi à du patrimoine immatériel. Et on peut créer des circuits, on peut ainsi proposer des circuits romains, entre l’Italie et la Tunisie » par exemple.
Wafaa Sobhy Vice Présidente de la (General Authority for Investment, Égypte) et Élisabeth Viola, Caisse des Dépôts, sont intervenues lors de la cérémonie d’ouverture en tant qu’investisseurs publics.Wafaa Sobhy a vanté les qualités de son pays avecla possibilité d’accueillir des touristes tout au long de l’année et la volonté du gouvernement de relancer le tourisme.
Pour Élisabeth Viola le tourisme se doit d’être plus à l’écoute et avec un visage de « proximité » « Nous sommes au service de l’intérêt général et nous investissons sur le long terme. Dans nos axes de développement nous nous sommes intéressés au tourisme qui représente 11% du PIB en Paca et qui propose des emplois non délocalisables. Et nous avons fait le choix du tourisme social et solidaire car il est durable, familial, associatif et ancré dans les territoires. On ne peut pas avoir de croissance touristique sans se préoccuper des populations locales ».