Par Diane Cazelles
Photographies @ Ludovic Combe
La 8éme édition d’Horizons Sancy met en scène son paysage du 14 juin au 28 septembre 2014 dans le Massif du Sancy.
Depuis 2007, le Massif du Sancy est devenu un terrain de création contemporaine. Chaque édition repose sur une dizaine d’œuvres in-situ créées par des artistes internationaux sélectionnés par appel à projets. Elles sont originales et éphémères et se découvrent lors de balades en pleine nature.Les artistes proviennent d’horizons très divers : arts plastiques, architecture, design, paysage, et répondent souvent à une pratique polymorphe. L’évènement leur offre un contexte d’expression hors-norme avec des espaces à investir riches et grandioses. Ils sont amenés à relever de véritables défis et réalisent aussi des prouesses techniques remarquables.
La diversité des créations est l’un des signes distinctifs d’Horizons. Elle repose sur l’alchimie entre des artistes aux profils artistiques variés et un éventail paysager riche et grandiose.Les 11 œuvres mettent une fois de plus les paysages à l’honneur à travers des sources d’inspiration très diverses : phénomènes géologiques, présence d’un loup sur le territoire, enjeux environnementaux, etc… Et pour profiter encore plus de ces œuvres, certaines seront aussi visibles de nuit !
Pendant toute la durée de l’événement, des activités spécifiques permettent au public de participer : le vote Coup ♥ du public, le concours photo, le livret enfants Famille Plus « Little Horizons », et une nouveauté cette année, avec des visites guidées pendant l’été.
Dripping de Pier FABRE (France) – Cascade du Bois de Chaux (Egliseneuve d’Entraigues)
Dripping est une installation constituée d’au moins 300 fils colorés, rayonnant depuis le sommet de la cascade jusqu’au bassin en contrebas. Un mince filet d’eau s’écoule sur chacun de ces fils inclinés et finit sa course sous la forme de gouttelettes. Dripping occupe la totalité de l’espace, provoquant une inondation visuelle légère et colorée, révélatrice de la dimension scénique du site naturel… Œuvre soutenue par la CCAS EDF-GDF (Caisse Centrale d’Activités Sociales du Personnel des Industries Electrique et Gazière), partenaire de l’événement.
Éruption d’Anaïs LELIEVRE (France), sélection ‘Jeunes Talent 2014 – Etang de la plaine de Montcineyre (Compains)
Éruption est composée de photographies numériques représentant des papilles rougies en très gros plan. L’anecdote veut que ce soit une reproduction de la langue de l’artiste ! Imprimées et contrecollées sur des plaques de liège écologiques, elles reposent à la surface de l’eau et se meuvent au rythme des éléments. Leur multitude – plusieurs centaines – produit un effet d’invasion.L’artiste a puisé son inspiration de la force volcanique: la couleur rouge rappelle le magma en ébullition et la multitude crée l’image d’une éruption. Enigme de notre origine, la lave évoque aussi le mystère de la chair qui vitalise le corps. Éruption interroge ainsi sur le rapport de l’humain au milieu naturel qu’il habite.
Golden Replica de Greta DIMARIS (Russie) – Roche Romaine (Saint-Victor-la-Rivière)
Golden Replica est une réplique symétrique de la Roche Romaine, installée face à la roche originale, et recouverte de peinture or. Elle offre un effet miroir et crée un dialogue entre l’originale et sa réplique.Elle rappelle que l’art prend toujours sa source dans la nature !La Roche Romaine, frappante par son emplacement, son âge et sa forme qui rappelle la silhouette d’une tête de Celte, a particulièrement séduit l’artiste.Golden Replica invite aussi le visiteur à pénétrer au cœur de ses entrailles. Les visiteurs découvrent aussi les coulisses de la création grâce à la documentation photographique de la production de l’œuvre.
Le Cri du Sol de Gaëtan ROBILLARD & Isabelle DAËRON (France) – Pré avec vue sur le Massif du Sancy (Murol)
Le Cri du Sol se présente comme un monticule de terre qui fait écho par sa forme au relief environnant.L’installation révèle aux visiteurs ce qui est dans l’infiniment petit grâce à deux dispositifs sensibles qui décrivent l’activité sonore et la production de chaleur. Inspirée du principe des piles à bactéries, alimentées par l’énergie présente dans la terre, un cornet en chêne installé sur l’œuvre diffuse et révèle l’activité sonore des entités organiques qui habitent le tas. De l’entonnoir en inox, lui aussi fixé sur le monticule, s’échappe la chaleur produite à l’intérieur sous forme de fumée.
Le Royaume d’Antoine MILIAN(France)– Etang de Lyns (Saint-Diéry)
Le Royaume est un projet parodique qui dénonce les excès architecturaux urbains absurdes, démesurés et contre-nature. Projet utopique, l’œuvre représente une île artificielle composée de cabanes flottantes de luxe destinées à accueillir les habitants du lac ! Les bâtiments de cette île font référence à différents styles architecturaux connotés d’une dimension luxueuse. Le tout prend la forme d’une construction assimilable à la cabane ou à l’abri forestier, sans finition pour accentuer son aspect primaire. Des ouvertures et niches, des rampes et pontons d’accès, des mangeoires et distributeurs de graines sont aménagés pour inviter les oiseaux du lac à venir s’installer sur l’île.Le Royaume propose une réflexion sur l’intégration architecturale et culturelle dans le paysage, interrogeant notre rapport de spectateur, de touriste, à ce que nous attendons d’un environnement.
Le Voile de la Mariée de Louis SICARD, Emil YUSTA et Thorsten FISCHER (France/Espagne) – Cascade du Rossignolet (Le Mont-Dore)
Comme en écho à son environnement, Le Voile de la Mariée, est un aqueduc zigzagant abstraitement au cœur de la nature. Il ruisselle au-dessus du lit de la cascade du Rossignolet et forme un voile d’eau subtil, un seuil humide et vivifiant ! L’œuvre offre au visiteur une sensation de renaissance dans un bain de lumière sonore accompagné d’une eau limpide et fraîche. Situé à 3,5 m de hauteur, cet aqueduc est percé de trous qui laissent échapper un rideau d’eau sur toute sa longueur, en particulier sur le pont déjà existant qui enjambe le torrent. L’idée est également de multiplier les jeux d’eau, de brume et de reflets, magnifiés par l’action des ombres et des lumières qui percent au gré des heures du jour.
L’Evidence de Thomas MONIN (France) – Col de la Croix Morand (Beaune-le-Froid)
Reproduction monumentale d’un loup au repos, allongé dans la position d’un sphinx, tête fière, regard lointain, serein.Il est fait de tiges métalliques soudées entre elles, formant un treillis de sorte qu’il est possible de voir au travers. L’Évidence est une œuvre à double-face : tant diurne que nocturne. L’œuvre est recouverte de peinture phosphorescente, qui entend transporter le visiteur vers un état d‘hallucination consciente. De jour, la bête se détache sur le paysage par sa couleur blanche, étrangement translucide. De nuit, elle s’illumine comme un point luisant et mystérieux dans la montagne.Loup fantomatique, quasi paranormal, il interroge sur les rapports que nous entretenons avec l’animalité. Il cristallise nos excès d’émotions, à l’instar du fantôme, entre peur et fascination
Lignes de Fuite du Collectif A l’Ouest – Arnaud LECAMUS / Emmanuel TAILLARD – (France)- Champs Hauts (Murat-le-Quaire)
Lignes de Fuite est une installation tant graphique qu’interactive, qui propose une évasion aux visiteurs. Cette œuvre est composée de 700 ballots de paille rectangulaires, emboîtés en quinconce et maintenus par des pieux. Ils sont disposés en ligne afin de créer un cheminement. Ouvrant d’autres points de vue, par les fenêtres installées dans le mur de ballots de paille. Le visiteur peut observer les plantes des prairies auvergnates de façon inattendue.Lignes de Fuite est une œuvre évolutive. Entièrement composée de matériaux organiques, elle est biodégradable. Une fois l’évènement terminé, le substrat continue son processus de décomposition et devient humus pour le sol.
Nuage de Yuhsin U CHANG (Taiwan France) – Puy de Chareire (Picherande)
Un drôle de nuage réalisé en laine brute, issue de la dernière tonte des moutons du territoire, Nuage évoque une inquiétante étrangeté dans le paysage ! Mi- nuage, mi- animale, l’œuvre se mesure à l’échelle du paysage et évoque le désir d’hybridation des genres.Mise ordinairement au rebut, la laine de mouton vit un nouvel état de transformation et témoigne de sa propre métamorphose.La sculpture prend la forme dynamique d’un nuage en déplacement. Elle est assemblée de manière à suggérer un mouvement ascensionnel. Il anime cette forme pourtant statique et évoque le vivant au cœur de ce paysage ouvert.
Signal_Ethique d’Arnaud HUART (France) – Montagne de la Serre (Le Crest)
Signal_Éthique apparaît comme un repère visible de jour et de nuit. L’oeuvre, verticale, est composée d’un ensemble de strates de bois, d’un attique ajouré et d’une ouverture en pied qui rappellent l’architecture d’un phare. La verticalité de l’œuvre permet de capter la lumière. Cette lumière zénithale traverse une feuille de polycarbonate et propage une lumière laiteuse. Cette ambiance est également travaillée par la lumière extérieure, indirecte, qui entre au travers de l’attique ajouré. Ainsi, ces deux sources lumineuses complémentaires offrent une clarté intérieure évolutive au rythme de la journée invitant le visiteur à la pause, à la contemplation ou à la méditation.
Urbre d’eDline BIANCO (France) – Le sous-bois (La Bourboule)
Urbre, vient des mots « Ur », nom d’une puissante cité mythique… Pour cette artiste, l’arbre est un être vivant, un partenaire mythique des architectures humaines. Il est à la fois celui grâce auquel on construit (bois), et celui dans lequel on s’abrite, on se protège (nid, cabane…).Tel un gratte-ciel vivant !Urbre représente une cité-arbre blanche. Faite de tissu, de drisses et de résine blanche, cette œuvre se dévoile de loin comme une silhouette d’arbre, à l’image de ceux qui l’entoure au cœur de ce sous-bois. De près, on visualise des villages à l’intérieur de la structure, telles des habitations troglodytiques.