De notre envoyée spéciale à Dakar Fériel Berraies Guigny.
Diane Cazelles photos
L’Ile de Gorée au travers de cette exposition itinérante du Musée Dapper a reçu en résidence des artistes venus des Antilles. Une quête créative et artistique vers la retransposition artistique de la mémoire historique du monde noir. Des œuvres qui témoignent d’une identité plurielle qui se nourrit de l’Afrique, des Antilles, de l’Europe et des Amériques. Toute une création riche dans sa diversité et qui puise sa source dans les vestiges douloureux de la négritude enchaînée.
Bruno Pédurand
Car le fantôme du bateau négrier reste toujours présent dans la mémoire collective. Même pour les artistes, l’immersion dans un passé douloureux était nécessaire pour créer et penser le futur de l’humanité. Deux expos en même temps, l’une investit le centre socioculturel Babacar Joseph Ndiaye, avec ses masques appartenant aux collections du Musée, rendant compte de la richesse des styles de l’Afrique de l’Ouest jusqu’à l’équateur.
En plein air face à l’océan, est l’autre, l’Expo Mémoires, résultat d’une résidence artistique de plusieurs artistes caribéens et réunionnais évoquant l’histoire de l’esclavage. Leurs œuvres monumentales s’exposent sur la grande esplanade témoignant chacune de leurs identités multiples !
Ousmane Sow « la culture est le lien avec le Monde « !
Fériel Berraies Guigny Pdte de UFFP et Ousmane Sow. Expo Dapper à Gorée décembre 2012
Ousmane Sow Parrain de l’Exposition Dapper à Gorée nous livre quelques pensées
Parrain de cette expo, pour vous qu’est ce que cela signifie ?
C’est une rencontre inédite, la réunion d’artistes de bonne volonté, venus du Monde entier. Je suis par contre triste de la disparition soudaine du cofondateur du Musée Dapper, Mr Delvaux qui s’est éteint sur ma terre, de façon si soudaine et inattendue, alors qu’il préparait cette exposition. Et je tiens à lui rendre hommage. S’agissant de cette exposition, il est vrai qu’au départ, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais je suis absolument ravi de ce que je découvre !
Gorée une île magique, chargée d’histoire et de sens
Gorée, cela vous fait quelque chose ? C’est un lieu que je connais depuis tout jeune. Mais disons que Gorée avec des personnes que j’aime, c’est quelque chose de fantastique. Et là je parle bien sur des organisateurs mais également des habitants de Gorée.
Hervé Beuze Martinique
Pensez-vous que la Culture fait le lien avec le Monde ? La culture est le lien avec le Monde, bien sur tout le monde n’y adhère pas toujours, mais je pense qu’un jour cela viendra.
La Culture construit elle la paix ? Je pense réellement que c’est sa vocation. Car pendant que des gens se battent, nous les artistes créons des ponts. Mais c’est aussi peut être aussi terrible à dire, mais l’Art a aussi besoin de mouvements. Bien sur le mouvement, les échanges, les humains qui s’interpénètrent, si cela peut se faire dans la paix, ce serait idéal.
Beaucoup d’artistes créent même en temps de guerre, regardez les artistes en Syrie par ex, qu’avez vous envie de leur dire ? De continuer à créer, car c’est un refuge extraordinaire.
Même en temps de paix, l’artiste peut être en guerre avec soi ? Oui c’est le propre de la création, elle nous permet un questionnement par rapport à soi et au Monde. Au fond, l’Art est le problème et aussi la solution !
David Damoison nous livre ses portraits de famille
Des images, des portraits de famille pour parler des modes de vie et des traditions. On y décrypte aussi les vestiges du passé colonial. Aux frontières de l’image, les photos de l’artiste suggèrent plus qu’elles ne dévoilent. Les sujets restent en représentation.
Jack Beng Thi imagine une Gorée Atlantique
L’artiste réunionnais a voulu sonder la mémoire et rendre hommage aux esclaves. Il a transporté en pirogues du village de Yayé mille troncs, ligaturés pour former un abri. Une métaphore qui évoque l’histoire douloureuse mais éclairée par un chemin de lumières. Un symbole de la lutte et de la libération. Dans sa création on entend des voix, des paroles, des chants comme pour mieux signifier les rythmes gospel et blues, qui sont les preuves marquantes d’une création en devenir des peuples et des diasporas du Monde. Un hommage grandiose aux esclaves et à leur descendance.
Herve Beuze nous dévoile son bois brulé
L’artiste martiniquais met en scène le retour symbolique des esclaves en Afrique. Le bois brulé, évoque le visage des esclaves condamnés à mourir .Des personnages hauts et debout en grand format, ont les bras levés. Bois métal et autres matériaux de récupération sont assemblés pour former des figures gigantesques. Ces figures sont les survivants, les rescapés d’un voyage qui reviennent à la matrice.