A l’occasion d’Octobre Rose, mois national du dépistage du cancer du sein, les Editions Kawa avaient publié un témoignage drôle et émouvant sur le combat d’une jeune femme contre le cancer du sein, maladie qui touche 49 000 femmes par an en moyenne en France. L’annonce d’un cancer, quel qu’il soit, est compliqué à surmonter. Mais pour Sonia Bellouti, une fois passé le choc du diagnostic, c’est la vie qui a repris le dessus. Elle a décidé de prendre son bien-être en main, de devenir l’actrice principale du nouveau film de sa vie et de terrasser le cancer de son organisme. Il était inconcevable qu’elle subisse sans broncher le scénario qu’un destin farceur avait commencé à écrire sans lui demander son avis. UFFP est allée à la rencontre de cette incroyable jeune femme, pour un échange in aparté sur une thématique des plus cruciales.
Comment faire face à la maladie, quelles ressources déployer, quel copîng ? beaucoup de femmes sont désarmées, plongent dans le silence et la souffrance, et il est important aujourd’hui de dire, qu’elles ne sont pas seules, que c’est une maladie qui nous touche toutes, qui a touché un de nos proche, une réalité médicale aussi avec ses limites et ses défis.
Mais il est important de souligner que d’importantes avancées médicales vont dans le sens de la prise en charge de cette pathologie qui fait partie de plus en plus de notre quotidien. Gênes, stress, héritage, on ne sait pas « comment cela nous tombe dessus » mais c’est quelque chose avec laquelle il va falloir cohabiter et à défaut combattre.
Aujourd’hui encore, le cancer du sein est considéré comme le « cancer » le plus guérissable, mais encore faut il que les femmes se fassent dépister, suivre proprement. Dans les pays du Nord, c’est un acquis mais dans les pays du Sud, les campagnes de sensibilisation restent timides, surtout que dans certaines régions, le « coût » reste prohibitif car le dépistage n’est pas pris en charge par la sécurité sociale. Ce qui fait qu’une mortalité que l’on aurait pu éviter est à déplorer en Afrique subsaharienne et même dans certains pays du Monde arabe.
Le courage et le témoignage de femmes comme Sonia Bellouti, amènent une approche plus « humaine » de la problématique, vécue sans « tabou » et il est important aujourd’hui, plus que jamais d’être « toutes unies » face à ce cancer et surtout de ne jamais hésiter à en parler et à chercher conseil. Il ne suffira pas uniquement de procéder à tout l’attirail thérapeutique mais il faudra s’assurer que la patiente est sérieusement suivie, la Sophrologie et la relaxologie sont une des nouvelles méthodes que l’on peut proposer pour accompagner les traitements médicaux qui parfois sont lourds sur le quotidien.
Par ailleurs, la résilience et la capacité à s’en sortir, dépendra également du « mental »‘ et de l’attitude positive face à la maladie. Car les thérapies peuvent miner sérieusement et l’organisme et l’état psychologique de la patiente.
C’est un combat de tous les jours, il demande beaucoup, de lâcher prise, de recentrage sur soi et une réelle prise de conscience sur ce qui est essentiel.
Sonia Bellouti a subi 5 opérations, 11 chimio et 24 séances de radiothérapie… Sans pour autant avoir baissé les bras !
Un livre complet Aujourd’hui en rémission, l’auteure nous offre sa vision combattive et résolument optimiste qui ne l’a pas quittée durant toute cette période. Mais elle va plus loin en donnant également une multitude de conseils pour mieux se soigner, mieux manger, mieux gérer les traitements… En un mot, pour mieux vivre ! Sonia a su s’approprier les effets de sa maladie afin de mieux les accepter et de mieux les combattre. Ce livre, Sonia l’a voulu plus complet qu’un simple témoignage. Avec son écriture imagée et directe, tutoyant le lecteur comme pour une discussion amicale mais sans jamais tomber dans le pathos. Bien au contraire, sa plume résolument optimiste nous communique sa détermination, sa combattivité et sa joie de vivre.
« Un livre optimiste, un livre thérapie en quelque sorte pour Sonia mais aussi, grâce aux multiples conseils d’alimentation et de descriptions des médecines alternatives qu’elle y prodigue, un livre utile et même indispensable pour toutes celles qui traversent la même épreuve » écrit Xavier Wargnier, Directeur-Fondateur des Editions Kawa
Bio expresse de l’auteur :
Architecte de formation, chanteuse par passion, consultante bien-être par le passé, Sonia Bellouti est formée aux massages holistiques (réflexologie thaï et Chi Nei Tsang). Experte Feng Shui et géobiologie, elle a fait de la nutrition et de la cosmétologie bio ses chevaux de bataille.
Entretien avec UFFP
Parlez-nous de votre parcours?
Arrivée en France avec un diplôme d’architecture au début des années 90, j’ai tenté ma chance comme chanteuse tout en travaillant dans le télémarketing pendant près de 15 années en tant que formatrice d’un service de téléopératrices puis responsable télémarketing et enfin chef de projet. Puis j’ai obtenu un master à l’IAE Paris (La Sorbonne) en formation continue. Riche de mes expériences, j’ai ensuite intégré comme ingénieure commerciale, deux SSII -société de services en ingénierie informatique-
En 2007, après une formation en massages holistiques et en Feng Shui, j’ai crée ma propre activité en tant que consultante bien-être, avec une approche à la fois corporelle et environnementale. C’est pour animer et promouvoir mes prestations que j’ai eu recourt au blogging et aux réseaux sociaux. De fil en aiguille, j’ai crée plusieurs blogs, dont l’un dédié au bien-être et un autre aux relations « homme-femme ». J’ai aussi inauguré un concept de soirées « Business Cool », des sortes d’apéro bien-être. Le blog et les soirées ont eu du succès, mon réseau de contacts s’est agrandit, au point que ma cyber activité est devenue mon activité principale : j’écrivais beaucoup pour le web en tant que responsable éditoriale et comme pigiste pour d’autres sites. Fin 2008, j’ai rejoint le réseau féminin Cyberelles dont j’ai été un temps secrétaire générale et directrice des partenariats et des mécénats. Depuis fin 2012, je suis responsable d’un espace de bien-être pour une marque bio et naturelle à Paris. Un poste et des activités qui font le lien entre toutes les expériences accumulées le long de cet itinéraire quelque peu éclectique.
Les tétons flingueurs le titre de votre ouvrage, un combat personnel ?
Je n’ai pas pour habitude d’employer le mot combat, ou alors un combat très pacifié. L’idée des Téton Flingueurs est de transmettre une alternative au combat et de tous les mots souvent utilisés comme « guerrière », « battante », « amazone » et j’en passe.
C’est plutôt un message d’acceptation. Car bien vivre une maladie grave et chronique, est une question de foi. Je ne parle pas de religion ou même de spiritualité, je parle d’une foi qui s’apparente plutôt à une confiance absolue et inconditionnelle en la vie, comme un enfant vis-à-vis de sa mère. Une foi mais aussi une humilité face à l’existence, et par existence j’entends aussi la mort.
Accepter sa maladie, c’est accepter sa finitude, c’est aimer ce qui nous arrive. Là réside l’Amour avec un grand A. C’est une force incroyable, une sensation de paix … propice au rétablissement.
Accepter, sans se résigner pour autant. C’est là qu’intervient « l’équipe de choc » que j’ai constituée afin de mettre toutes les chances de guérison de mon côté. J’ai voulu partager mon parcours thérapeutique, tel que je l’ai suivi. Adresses, sites, conseils, … tout ce qui m’a aidé à mieux vivre les traitements lourds (plusieurs interventions chirurgicales, 11 chimio, 24 séances de radiothérapie) et être, 3 ans après, en rémission malgré un cancer agressif… « Faut r’connaitre c’est du brutal ! » comme dirait Michel Audiard
Le cancer du sein est une problématique récurrente pour les femmes?
Le cancer du sein c’est 50 000 nouveaux cas chaque année, soit 1 femme sur 8 risque d’être touchée dans sa vie par cette maladie.
Près de 25% en meurent chaque année, soit presque 12 000 décès des suites d’un cancer du sein. C’est la première cause de mortalité chez les femmes. Que l’on soit rassurées, c’est le cancer qui se soigne le mieux. Dans 9 cas sur 10 s’il est pris à temps. Guérison de 86% à 5ans et de 76% à 10 ans.
Mais il n’est pas le seul. Il y a tous les cancers « féminins » : ovaire, endomètre, col de l’utérus …. qui atteignent douloureusement les femmes dans leur féminité, leur séduction et leur fécondité.
Ce livre est une formidable leçon de résilience, qu’est-ce qui vous a aidé?
Je ne suis pas de nature à subir. C’est peut-être là que réside ma force. J’estime que dans la plupart des situations, à défaut d’en changer les faits, on peut en faire quelque chose de beau, d’utile, lui donner un sens en sommes. Une de mes phrases préférées, une sorte de mantra perso, « j’attends la bonne nouvelle qui se cache derrière la mauvaise » que je me répète à chaque coup dur. Je crois à défaut de justice, qu’il y a une justesse dans ce qui nous arrive. Je suis persuadée que l’on peut toutes transformer nos épreuves. Certes certaines expériences sont plus dures que d’autres et même difficilement surmontables. Mais j’apprends tous les jours sur des parcours incroyablement courageux de personnes sans aucune prédestination particulière, qui non seulement arrivent à dépasser l’épreuve mais en font une expérience utile pour eux et pour les autres.
Pour ma part, il ne s’agit que d’un cancer du sein, mais cela m’a tellement appris sur moi, la vie, l’amour, les autres, que j’ai eu envie d’écrire un livre … Sans le crabe, mon rêve d’être éditée un jour n’aurait jamais vu le jour. J’ai beaucoup de gratitude, cette maladie a libérée tellement de choses, m’a fait rencontrer de belles personnes et vivre des moments beaux et poignants. Comment faire autrement que dire MERCI ?!
Qu’aimeriez dire aux femmes?
Vous êtes belles et féminines quel que soit ce qui vous arrive. Avec un sein en moins, une perruque, vous restez désirables et aimables. Croyez en vous, en l’amour, en la vie.
En Afrique cette problématique est occultée en Afrique Subsaharienne par manque de moyens et pourtant ?
Le cancer du sein est le premier cancer chez les femmes dans le monde. Plus fréquent dans les pays les plus développés (Europe et Amérique du Nord) sans doute à cause l’environnement et au mode de vie. Les taux d’incidence les plus faibles sont constatés dans la majeure partie des pays africains. Cependant, si le pourcentage de guérison est autour des 80% dans les pays développés, il descend jusqu’à 40% des les pays les plus pauvres. Les faibles taux de survie dans ces contrées peuvent s’expliquer essentiellement par l’absence de programmes de dépistage précoce, qui se traduit par une proportion élevée de femmes présentant une maladie à un stade avancé, ainsi que par l’absence d’infrastructures de diagnostic et de traitement appropriées.
En Afrique subsaharienne, le cancer représente désormais 10 % à 20 % des pathologies chroniques observées. Il touche en priorité les femmes de 45 à 55 ans. Longtemps occulté par les épidémies tels que le paludisme, le sida ou plus récemment Ebola, le cancer est devenu un véritable enjeu de santé publique en Afrique. Cette pathologie de l’homme vieillissant devient préoccupante dans ces pays où l’espérance de vie a augmenté de près de 10 ans en l’espace de 20 années.
Vous avez choisi aujourd’hui, d’aller à l’essentiel et de cultiver la zenitude? Quelle leçon tirer de votre parcours?
La zenitude n’est pas acquise, elle est régulièrement remise en question. On pense à tort que parce qu’on a frôlé la mort, combattu une maladie grave, que tout devient rose et léger.
C’est vrai et faux à la fois. Oui un cancer ça change la vie, ou du moins la vision que l’on en a. Oui cela relativise les événements et replacent les priorités. Oui, cela m’a rendu en quelque sorte plus sage ; je m’aime plus et je me fais plus confiance. Mais de là à dire que plus rien ne m’ébranle non. Il m’arrive encore de râler, de m’énerver ou de me décourager. Sans doute moins qu’avant. A la différence que maintenant je cherche ce que l’émotion du moment a à me dire. Suis-je blessée et pourquoi ? Est-ce que mes besoins fondamentaux sont nourris ? Qu’est-ce que cette situation a à m’apprendre ? C’est plus une question de posture que d’attitude ou de comportement.
Par ailleurs, j’aimerai dire aussi que ce n’est pas parce qu’on a vécu quelque chose de dur, que tout va glisser sur nous comme l’eau sur un imperméable. Combien de personnes me font comprendre que ce qui m’arrive n’est rien à côté de ce qui je viens de traverser. Justement, depuis ma rémission j’aspire à encore plus de tranquillité, de bonheurs simples, d’une vie exempte de soucis bassement matériels … etc. C’est un jeu de curseur permanent entre sentiment d’injustice, la revendication d’un « je mérite mieux que ça après ce que j’ai vécu» pour finalement me dire que ce n’est pas grave et accepter pour mieux agir sur le problème.
La leçon que j’en tire se résume en cette phrase de Reinhold Nirbuhr « Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence », bien plus qu’une belle citation, ces mots sont une réalité que je vis dans ma chair.
Aux Editions Kawa : les tétons flingueurs
Auteur Sonia Bellouti
Préface de Anne Ghesquiere
Postface de Marléne Schiappa