Respect et cohérence : l’ADN de Bleu Vert
Bleu Vert est une entreprise qui a la particularité de proposer des soins et cosmétiques « green ». UFFP vous fait découvrir le visage véritable d’une entreprise qui prêche le bon, le juste et le durable, « Ethical Beauty style »Partenaire d’Ethical Fashion Without Boundaries, la 2e Caravane UFFP programmée par la fédération des Artisans du Monde, en mai 2014 dernier, certains de ses produits ( les marques SANTE Naturkosmetik et Logona) ont été couronnés par des Victoires de la Beauté.
Bleu Vert : une entreprise à taille humaine avec une philosophie durable
Respect envers les écosystèmes (écologie) autant qu’envers la peau (cela s’appelle cosmétique bio) mais aussi envers les hommes et les femmes (RSE si cela s’exprime dans le cadre d’une entreprise).
Cohérence : le meilleur remède contre le green-washing…
La cohérence entre les pensées et les actions, la cohérence entre les différentes actions… La cohérence est la source de la crédibilité de la PME Bleu Vert, de son fondateur Jürgen Debald et de l’ensemble des marques qu’il distribue en France.
Par ailleurs, le siège de l’entreprise est un bâtiment écologique, qui est à lui tout seul un exemple de cohérence : « Nous avons traité notre 3e peau (le bâti) avec les mêmes idées et recettes que notre première peau à travers les cosmétiques bio, en utilisant des éléments naturels et en excluant des matières potentiellement dangereuses ou polluantes ou énergivores » explique Jürgen Debald.
Et cela n’est pas rien, puisque Bleu Vert a été lauréate plusieurs fois pour sa politique de RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise).
Par Fériel Berraies Guigny
Entretien avec un chef d’Entreprise engagé et durable :
Votre première vie en Allemagne ? Je me suis occupé pendant plusieurs années d’un journal de consommateurs écolos, au sein duquel j’étais à la fois l’éditeur, le journaliste et même le maquettiste. J’étais donc déjà un « acteur engagé » dans mon pays pour tout ce qui concernait la consommation écologique et solidaire. Ce journal était distribué depuis le début des années 80 du siècle dernier (ça fait drôle de dire cela) dans le réseau des premiers magasins bio d’outre-Rhin. Nous avions une action en même temps très militante et très pédagogique. A l’époque, Internet n’existait pas, et notre rôle était donc de diffuser de l’information pour la rendre accessible au plus grand nombre.
Tchernobyl est passé ensuite par-là ? Oui, ce fut si on peut dire « notre heure de gloire » !
Ce fut le premier accident nucléaire, avec des informations qui arrivaient au compte-gouttes. Nous avons beaucoup publié sur cet événement, et nous avons fait des tirages importants, supérieurs à 100.000 exemplaires. A l’époque, pour nous, c’était considérable. Cela a installé dans le paysage le mouvement bio naissant.
Vous aviez alors quel âge ? J’avais entre 20 et 30 ans. C’est l’époque où l’on est censé avoir l’esprit le plus ouvert.
La France ? En 1986, je me suis installé en France car j’ai suivi ma compagne, française, qui est aujourd’hui mon épouse et la mère de mes enfants.
Le monde cosmétique : ce fut quand et pourquoi le grand saut ? En fait, cela est arrivé par un pur concours de circonstances. Je travaillais dans la bio, mais alimentaire, depuis toujours. Au départ, je n’étais donc pas prédestiné à me retrouver dans l’univers de la cosmétique… Je travaillais en fait avec un des premiers importateurs de fruits et légumes bio en Allemagne, et j’étais employé dans leur filiale en France, avec comme mission l’exportation Outre-Rhin de fruits et légumes typiques du Sud de la France. Nous étions une petite équipe, et, étant bilingue, je correspondais au profil nécessaire à cette mission… Initialement, mon activité « commerciale » dans le bio, n’a donc pas du tout été liée à la cosmétique.
Allemagne, France : est-ce la même perception du bio et du green ? Oui, je ne pense pas que cela soit si différent. Disons qu’en Allemagne il y a peut-être plus de personnes impliquées dans le secteur. Mais les structures mentales sont les mêmes. A l’époque en France, c’était Nature & Progrès qui était le précurseur de pas mal de choses.
Les quatre « grands » en Europe pour la cosmétique bio ? Weleda qui est d’origine suisse et qui est implantée en Allemagne, Dr Hauschka et le groupe LOGOCOS qui possèdent les marques Logona et SANTE Naturkosmetik, et enfin Lavera. Ces marques dominent le marché, ce sont de grosses PME et elles font montre d’une grande maturité technologique. Mais en même temps, elles génèrent un certain immobilisme du marché : il y a peu d’espace de respiration pour les autres marques en Allemagne, alors qu’en France, il y a beaucoup plus d’inspiration, d’innovation.
En France ça bouge ? Oui, car il y a un certain nombre de marques de niche, et cela donne de la vie et apporte pas mal de foisonnement d’idées sur le marché. En France, il y a aussi de grands acteurs comme Melvita, l’Occitane, etc.
Parlez-nous du moment catalyseur qui vous a fait décider de rentrer dans la cosméto ? Après la disparition de notre employeur fruits et légumes en France, il y a eu la création de la marque Rapunzel (alias Raiponce, qui est à l’alimentaire bio, ce que Weleda est à la cosmétique), acteur historique et assez important de la bio en Allemagne. Nous étions deux « petits bonhommes » qui du coup ne savaient pas trop quoi faire. Nous travaillions déjà avec les produits Rapunzel, et nous nous sommes dits qu’il serait opportun de créer une filiale en France, ce que nous avons alors fait. Cette marque avait du reste déjà pas mal de liens avec la France, ou elle se fournissait auprès des fabricants de la bio (huile, purées de noisettes, conserves etc). Cette filiale a ensuite grandi, et existe toujours aujourd’hui. A côté, nous avons commencé à distribuer des produits non alimentaires, c’est-à-dire des cosmétiques de la marque Logona. Nous étions deux co-gérants, mais au bout d’un certain temps, nous nous sommes séparés.
Bleu Vert a été créé alors en 1998? Oui. Ce fut une petite structure au départ, avec deux-trois personnes… et un bureau que j’ai fabriqué de mes propres mains ! A l’époque, les cosmétiques bio c’était un concept qui existait à peine. On connaissait tous les acteurs du marché et cela ne représentait qu’un petit volume. Mais très rapidement, cela a évolué suite à quelques évènements marquants… Notamment la publication en France, en 2001, du livre « La vérité sur les cosmétiques », dont nous avons co-édité la première édition. Ou encore, en 2002, l’arrivée des premiers produits cosmétiques certifiés BDIH (cahier des charges allemand) puis peu après, celle de la certification Cosmebio sur la base du référentiel d’Ecocert. J’ai aussi participé à une des premières réunions qui ont conduit à la création de Cosmebio et des cahiers des charges d’Ecocert.
On a aujourd’hui une multitude de labels ? Oui et c’est très dommage, car au lieu d’avoir un seul label, on en a effectivement une multitude. Cela est confus pour les consommateurs, cela manque de lisibilité.
De façon générale, quelle est la différence entre les cahiers des charges français et allemand ? Dans le résultat, les formules, la différence me semble minime.Si on analyse les formules, il y en a d’excellents à partir des deux approches, et il y a aussi de très médiocres. La différence entre les deux, c’est presque une question de philosophie de penser : les Allemands ont défini une liste positive d’environ 700 ingrédients autorisés pour la cosmétique naturelle et bio, liste dans laquelle il faut obligatoirement puiser pour formuler. Aucun autre ingrédient n’est autorisé, un certain nombre d’ingérdients est obligatoirement bio (p.e, ; les huiles de base, un grand nombre de plantes médicinales, …) Ce chiffre de 700 ingrédients est à comparer aux plus de 7.500 ingrédients autorisés pour la cosmétique conventionnelle (ce chiffre correspondant aux 7.500 noms INCI listés par les autorités européennes). Du côté de la certification française, l’approche est moins pragmatique, avec plutôt des listes de procédés autorisés, et du coup une liste d’ingrédients autorisés moins précise, dans une certaine mesure moins rigoureuse. – et un contrôle bien plus complexe.
La différence porte entre autres beaucoup sur la qualité des huiles, pour lesquelles les Allemands sont plus exigeants. Par exemple, ils n’acceptent pas d’huile estérifiées, qui sont pour ainsi dire des silicones végétaux, et sont donc des matières premières plus éloignées des ingrédients naturels de départ, ceux-ci étant transformés chimiquement, bien que restant toujours officiellement des huiles végétales.
Bleu vert : quels critères de sélection ? Première règle élémentaire : un produit cosmétique doit nous plaire. Nous sommes les premiers consommateurs de nos produits. Nous aimons aussi quand cela apporte une innovation. Nous voulons travailler avec des fabricants qui sont authentiques, qui ont une certaine cohérence dans leurs actions. En d’autres mots des PME qui fonctionnent structurellement comme nous. Ce sont souvent des petites entreprises, mais il s’agit d’une véritable traçabilité d’idées, d’hommes et de femmes. C’est indispensable d’être proche de l’humain et d’avoir des échanges personnels et individualisés.
La bio va bien ? Oui, cela marche très bien, merci beaucoup. Mais nous vivons aussi actuellement une crise d’approvisionnement : la production croît plus lentement que la consommation. Pour inverser la donne, il faudrait une politique agricole plus active, ici et ailleurs. En France, la croissance des surfaces agricoles bio, est plus lente que la progression de la consommation bio. Une grande partie du lait bio consommé en France est importée par exemple.
Vos nouveautés et marques phares chez Bleu Vert ? Nous aimons les produits innovants et nous réussissons de mieux en mieux. La plus grande partie de notre catalogue provient du groupe LOGOCOS, un acteur historique de la cosmétique bio et naturelle en Allemagne, précurseur entre autres pour les soins anti-âge bio, des colorations végétales etc. Logocos est une des sociétés qui a été à l’origine de la certification BDIH, puis de la certification NaTrue. Nous avons aussi des kajals ayurvédiques, résultat d’un voyage en Inde il y a deux ans. Ces kajals indiens, de la marque Soultree (certifiée BDIH), sont formulés avec du ghee (du beurre clarifié après une cuisson très lente) : c’est une base très douce qui est donnée aux kajals, fabuleuse pour le soin des yeux, et qui est d’ailleurs aussi une partie intégrante de la culture culinaire là-bas. Enfin, nous avons aussi, depuis le début de cette année 2015, les soins solaires certifiés Cosmébio des Laboratoires de Biarritz, une sympathique et très dynamique PME française.