Un premier festival lancé ce mois d’avril et par-delà le tourbillon de tissus, des perspectives en devenir pour la création textile tunisienne. Un pari remporté et qui restera dans la durée, en tout cas nous l’espérons. Deux jours où jeunes créateurs et créateurs avertis du pays et de la région euromed se sont côtoyés et ont pu deviser « textile wise ». Il y en avait pour tous les styles : du traditionnel avec Jaziya Fashion et ses longues tuniques odalisques qui rappellent le style kabyle algérien, Delenda Ben Ammar et ses foulards en soie peints à la main, Hend Belmedjdoub et ses caftans en brocard et paillettes, venue tout droit du Maroc. Et pour finir avec une touche masculine, les sarwel et tuniques de Nabila Jlassi.

Les bijoux de la créatrice Boutheina Bouraoui de Hammasset Fanniya que nous vous ferons découvrir prochainement dans une interview et son comparse des podiums le monastirien Faouzi Naouar qui a accepté aussi de livrer ses impressions à UFFP.

Pour les amoureux de la mode contemporaine, le gagnant du concours jeunes créateurs le tuniso taiwanais Seyfeddine Laouti avec sa griffe Narciso Domingo Machiavelli a retenu toute notre attention. UFFP le suit depuis des années et le considère d’ailleurs comme étant véritablement un UFFP artiste : glamour, créativité, et un soupçon d’excentricité caractérise l’univers de ce jeune artiste qui va au bout de ses rêves et de ses « délires couture ». Il nous avait d’ailleurs confié dans une interview que vous lirez prochainement, qu’il avait voulu à sa manière rendre hommage aux corsets de Jean Paul Gauthier ; cependant il est vrai nous avons du mal à comprendre comment il a interprété la thématique « méditerranée » qui du reste était la thématique de cette édition. L’entretien à venir nous fournira sans doute les clés…

Un gros coup de coeur aussi pour la collection pap de By Nour qui a revisité les classiques tunisiens pour les adapter à une ligne portable tous les jours, casual chic et soupçon du patrimoine tunisien au rendez vous !

Et pour finir » les garçons » n’étaient pas en reste, avec les sarwel et ensembles pantalon tuniques de Nabila Jlassi.

Les créateurs accessoires ont également pu montrer le magnifique travail de l’argent et des pierres semi précieuses, avec les bijoux de la créatrice Boutheina Bouraoui de Hammasset Fanniya qui ont accompagné deux créateurs: Delenda Ben Abdallah et Faouzi Naouar.

Boutheina Bouraoui créatrice de la marque Hamasset Fannia nous a d’ailleurs accordé une interview, ainsi que son comparse des podiums le monastirien Faouzi Naouar qui a accepté de livrer ses impressions à UFFP.

UFFP le suit depuis des années et le considère d’ailleurs comme étant véritablement un UFFP artiste : glamour, créativité, et un énorme soupçon d’excentricité caractérise l’univers de ce jeune artiste qui va au bout de ses rêves et de ses « délires couture », il nous avait d’ailleurs confié dans une interview que vous lirez prochainement, qu’il avait voulu à sa manière rendre hommage aux corsets de Jean Paul Gauthier, cependant il est tout aussi vrai que nous avons du mal à comprendre comment il a interprété la thématique « méditerranée » pour cette édition. A réfléchir…
Et surtout la grande surprise de cette édition, c’est bien la collection de lingerie de la seconde gagnante au concours des jeunes créateurs, la pétillante et surprenante Raoudha Belhadj une artiste « voilée » mais qui n’a pas hésité à dénuder ses mannequins pour le plus grand bonheur de l’auditoire, proposant une prestation magistrale, où l’on a pu retrouver également les célèbres guêpières de Gauthier, et le ton Médittérannée était enfin au rendez vous puisque la collection a proposé de jolis ensembles chair et pastel, bien que le chouchou reste cet ensemble en noir sublime de sensualité.

Mais ce qu’il faudra également retenir de ces deux journées, c’est qu’outre les podiums, les professionnels du secteur se sont donnés rendez-vous : Lectra avec Daniel Harari, le pdg de Messe Franckfurt, M Michael Sherpe, que nous connaissons bien par le biais du salon Ethical Fashion Show que nous couvrons chaque année ; et que nous vous ferons découvrir dans une prochaine interview en même temps qu’avec M Samir Ben Abdallah industriel et spécialiste du textile, initiateur du festival. Car l’aspect corporate de l’évènement était aussi au rendez-vous. Parmi les membres du jury, nous sommes également allés à la rencontre de la doyenne de la création tunisienne, en la personne de Mme Fatma Ben Abdallah qui a rappelé encore une fois que malgré la crise, et la frilosité de l’investissement, le travail artisanal des femmes et des petites mains était toujours protégé.
Dans une conjoncture économique morose et politique instable, l’idée était avant tout de redynamiser le secteur textile industriel tunisien et faire en sorte de rétablir la confiance des investisseurs étrangers qui ont boudé la destination du fait de la crise économique et de l’après révolution. Une dizaine d’investisseurs étrangers sont prêts à lancer leurs projets mais « ils attendent de voir la stabilité rétablie dans le pays », indique Samir Haouet, directeur général du centre technique du textile (CETTEX) qui précise par ailleurs que 70 entreprises ont fermé leurs portes depuis la révolution. A cela vient s’ajouter, la compétitivité d’autres pays de la région ou du sud est asiatique et le fait que la Tunisie n’a pu faire face à la nécessaire mise à niveau structurelle « L’industrie tunisienne présente aujourd’hui une grande fragilité. Son principal handicap est sa dépendance vis-à-vis de l’exportation et de ses principaux donneurs d’ordre qui connaissent de profonds bouleversements », estime François-Marie Grau, délégué général adjoint de l’Union française des industries et de l’habillement.
Sur plus de 2.000 entreprises tunisiennes textile-habillement, 1.700 sont totalement exportatrices, travaillant essentiellement dans la sous-traitance pour la grande distribution. Depuis quelques années les exportations sont en baisse et ont enregistré une chute de 7,9% en 2012 par rapport à l’année précédente selon les statistiques officielles.
Pour Daniel Harari, directeur général de la société mondiale Lectra, la Tunisie doit travailler à une montée de gamme de service et valoriser ses compétences et ne plus se vendre uniquement selon les couts de production. Arrêter le schéma du tout sous-traitance est crucial ; il faudra valoriser la création et passer à un modèle intégré conception – réalisation – vente.