Artisans de la Médina de Tunis
Photos et reportage Diane Cazelles
Alignées sagement les chéchias rouges et noires s’exposent dans les vitrines de part et d’autre de la porte. Derrière un petit comptoir, Abderraouf Snoussi nous reçoit aimablement dans sa boutique et nous explique l’histoire et le processus de fabrication de ces couvre-chefs …
C’est à partir du XVII siècle que les émigrants andalous débarqués d’Espagne introduisent cet artisanat à Tunis.Ce savoir-faire se pratique dans cette famille depuis plus de trois générations.
En 1948, lors d’un voyage en Lybie,le père d’Abderraouf, feu Snoussi Mohamed Ali, fit découvrir aux populations locales, les chéchias qu’il fabriquait en Tunisie. Depuis cette date, la maison produit et exporte en direction de Benghazi, ces fameuses chéchias tunisiennes. C’est un véritable travail de minutie et de patience, un savoir-faire de père en fils…
Les femmes artisanes se chargent du tricotage et montent avec quatre et cinq aiguilles de larges bonnets de laine blanche. « Ce n’est pas un métier d’homme » explique l’artisan.
Cela se fait essentiellement dans les maisons des ouvrières et le travail est ensuite collecté par une « patronne » qui est en charge aussi de distribuer la laine. Les « bonnets » assemblés deux par deux vont subir le foulage ou feutrage. Après un lavage de dix à douze heures, le produit feutré est divisé et travaillé avec une sorte d’outil métallique épineux comme un chardon. « Autrefois, on utilisait le chardon végétal » ajoute Abderraouf.
l’artisan Abderraouf Snoussi
Après le tri, le marquage, le micronage, la production est ensuite envoyée à la teinture. Autrefois, le rouge était obtenu avec une teinture animale à base de cochenille broyée (sorte de coccinelle). De nos jours, les teinturiers utilisent des teintures chimiques. Après cette opération, la chéchia est enchâsséesur des moules en bois pour prendre leur forme de tête et leur taille. Après le séchage, la chéchia est brossée avec le chardon. Le sigle du commerçant est cousu sur chaque pièce.
Aujourd’hui, les hommes tunisiens portent encore la chéchia, pour les grandes occasions, sur des habits occidentalisés. Pour les fonctionnaires, le port de la chéchia est encore obligatoire le 16 mars, fête des Traditions !
TUNISIAN MANUFACTORY OF HATS
Trademark Snoussi Mohamed Ali
For Tripoli and Benghazi
Tel 71567661
95202607
12 rue Sidi Ben Arous Tunis, Beit El Hikma