Une nouvelle édition du Festival de la Mode de Tunis va se dérouler tout début Avril 2014 avec pour double objectif de nouer des partenariats durables, et de créer les passerelles nécessaires entre les jeunes talents tunisiens de demain et les experts du milieu textile des deux rives de la Méditerranéenne. Pour Samir Ben Abdallah Président fondateur du Festival, c’est un véritable sacerdoce ; et il dépense son énergie sans compter pour redorer le blason de la filière textile en Tunisie. Espace de rencontres, d’échanges d’expertises,dénicheur de talents, promotion de formation,ce festival a largement dépassé sa fonction première de« happening événementiel » pour en faire un outil de reconquête industrielle avec pour arme la création, le talent…et la persévérance
Le projet est ambitieux mais bien ficelé, il est en passe de devenir un rendez-vous régional incontournable.
De passage sur Tunis, UFFP l’a rencontré
Entretien avec UFFP
Si vous aviez un bilan de la première édition du Festival de Mode de Tunis ? Celui d’unnouveau-né, un concept nouveau pour un premier festival. C’était une gageure, mais on était un groupe qui croyait énormément en ce challenge. Nous voulions un festival à la hauteur et aux prétentions de la Tunisie. Car il existe certes d’autres événements mais cela reste du registre de l’événementiel et cela n’est pas du niveau de la Tunisie.
Photo Diane Cazelles pour UFFP
Et on a globalement réussi, on s’est aperçu du potentiel énorme et du fait qu’il y a réellement des talents qui sont nombreux et qui n’attendaient que ce genre d’évènement pour se révéler !
On a eu aussi une belle visibilité média, des articles et des coupures de presse un peu partout, dont grâce à vous Fériel …
Un succès d’estime ? Oui pour une première édition, on ne peut qu’être heureux, de plus nous avions réussi à convaincre les experts et les professionnels de la mode, à venir et à donner de leur temps pour notre événement.
Le concept en lui-même du Festival, a le mérite de viser une population très large ?Un menu pour tout le monde : les industriels et les hommes d’affaire qui étaient plutôt intéressés par nos cycles de conférence du matin. Venaient ensuite les étudiants, qui étaient intéressés par les tables rondes de l’après-midi. Et les talents qui ont ainsi pu par le biais du concours « jeunes créateurs » se faire connaitre. Pendant deux jours plein.
C’est encourageant ?! absolument, aujourd’hui nous avons l’ambition de faire mieux et de tenter de réparer les petites défaillances que l’on a pu rencontrer lors de l’édition précédente.
Que sont devenus les deux gagnants de l’année dernière? En plus du prix gagné lors du Festival, on les a amenés au Festival de Riccione en Italie,une ambiance très conviviale dans cette ville balnéaire.Ils sont ensuite venus sur Paris, dans le Who’sNext, là on a fait une conférence pour valoriser la filière et pour parler du secteur de la mode en Tunisie. Et SeifeddineLaouti est connu et est assez sollicité aujourd’hui. C’est l’objectif du Festival !
La deuxième édition ? Toujours à la même période, début avril, pendant deux jours, le jeudi et le vendredi. L’office du Tourisme nous accompagne en plus des organismes publics d’appui comme le CEPEX.Mais nous voulons aussi rester indépendants, on veut capter l’attention de personnalités.
Festival lieu de rencontres ?Oui entre les investisseurs européens et leurs homologues tunisiens, c’est en cela que le Festival est une réelle valeur ajoutée. Ce n’est pas qu’un défilé, c’est la particularité du festival qui n’existe nulle part. J’ai la chance d’avoir des investisseurs européens qui soutiennent mon initiative en venant personnellement et physiquement en Tunisie.
Pas mal de VIPS ? la présence du Président de la Fédération française du PAP féminin, le Président de la Fédération du vêtement masculin, le directeur général de l’IFEM, nous avons des salons comme EUROVET, FETTEX et c’est un soutien conséquent, car ce sont les experts du milieu de la mode.
Un jeune couturier Eric Tibush ? Oui il viendra faire une conférence, il m’a été recommandé par Daniel Wertel qui est un ami. Il vient et va présenter sa collection et animera une table ronde. Et le couturier Olivier Lapidus. L’année 2014, sera j’espère, l’année de positionnement de ce festival. Nous sommes déjà sur 2015 !
Votre passage parisien sur la conférence d’inter filières? La Tunisie restera toujours le 5e partenaire de l’Europe et c’est important pour nous. Beaucoup de marques sont fabriquées en Tunisie et beaucoup d’entreprises européennes sont implantées en Tunisie. Pour nous notre événement est d’autant plus important pour pérenniser nos rapports privilégiés.
On dépasse en effet les anciennes craintes liées au printemps arabe, aujourd’hui ? il est vrai que durant la révolution, certaines compagnies sont parties, d’autres s’inquiétaient du climat social et politique. La frilosité des IDE s’ensuivit.
Les conférences sont importantes justement pour poser ces nouvelles bases?Oui il est important d’informer les industriels des réalités économiques de notre pays.Nous aujourd’hui on travaille, on est stable et on peut réellement proposer une complémentarité dans l’offre tunisienne.
Cependant, il faudrait dépasser la dominante main d’œuvre dans notre offre tunisienne? Oui on voudrait petit à petit sortir de la sous-traitance. Et notre message est de dire aux donneurs d’ordre qu’en Tunisie, il commence à y avoir des accessoires et on est en train d’investir dans des usines qui les produisent. Il y a également, une offre « tissus technologiques ». Des usines d’impression ont été créées et il faut vraiment les saluer, car ces investisseurs ont pris le risque d’investir en pleine crise et instabilité. Ils ont cru en la Tunisie !
Trouver des offres nouvelles pour la Tunisie? oui c’est important d’améliorer notre offre carles raisons de la criseeuropéenne sont là et elles sont connues, la Tunisie a subi aussi car elle est ancrée dans le marché européen.
Il faut diversifier pour faire face à la concurrence? oui, la concurrence des pays asiatiques est rude, il ne faut pas lâcher du lest, mais proposer des compléments à la main d’œuvre tunisienne qui reste compétitive.
Notre nouvelle constitution, les prémisses de la relance? La crise en Tunisie économique n’est pas due à la situation politique, alors on sait que c’est la crise du marché européen qui a affaiblit notre pays. Onpensait à un moment que nos clients allaient produire dans un pays voisin ; mais ils ne sont pas partis !! Car le climat, les conditions et la qualité de la main d’œuvresont incontournables. Notamment pour tout ce qui estcircuit court et petite série. La Constitution tant mieux, on est rassuréset ça ne peut que motiver nos investisseurs à retourner ou à rester en Tunisie.
A moyen et long terme ? Internationaliser et en faire un pôle régional du secteur de la mode. On a des créateurs libanais, algériens, marocains, qui viennent participer à ce salon. Faire de ce festival un rendez-vous annuel, il faut que les tunisiens aient desconcurrents qui les stimulent !
Le Made in Tunisia comment le valoriser ? C’est un long travail, toute une mentalité à construire, il faut de longues années, car la matière première tunisienne n’est pas prête pour cela. L’idée et la création tunisienne suivra. A long terme nous y arriveront. Pour cela, il faudra initier le produit finit. Malgré sa petite dimension, le marché tunisien est la cible de beaucoup de producteurs mondiaux: les turcs, les italiens… cela signifie que le pouvoir d’achat tunisien intéresse beaucoup. Rester les bras croisés à voir les marques étrangères occuper le pays, est quelque chose de très grave!
Prévenir l’invasion des marques au détriment du MADE IN TUNISIA ? Oui, c’est quelque chose de très grave, la mondialisation le veut, mais on devra aussi se positionner sur certains segments du marché: pas de bas de gamme, on doit jouer sur la création et l’exemple italien nous pourrions le suivre !
Il faut occuper le terrain par la proximité et la créativité? oui, c’est la seule façon de s’en sortir et de se valoriser, également notre know howqui reste une référence. A travers nous, marché tunisien mais également toute la zone africaine. Cela pourrait donner des idées aux hommes d’affaires européens, en venant s’installer chez nous !
Le Green mode fashion en Tunisie ? Il ne faut pas ignorer ces paramètres, c’est le combat de votre plateforme UFFP !!je pense qu’il ne faut négliger aucune mode, qu’il faut accompagner les tendances qui nous viennent d’ailleurs et des pays européens, si on peut initier nous-mêmes quelques tendances, pourquoi pas? On essaye d’accompagner toutes les modes qui nous viennent en les adaptant aux habitudes tunisiennes.
Le Combat d’UFFP, vous le soutenez? Nous le soutenons et nous l’encourageons de toutes nos forces et à propos de marché, il y aura une très bonne conférence, qui sera donnée lors du festival, dans cette thématique pour connaitre les tendances du marché européen.
Merci Samir Abdallah !