Deux ans Esmod Tunis et un an Esmod Pékin, le tuniso taiwanais, Seyfeddine Laouti de son nom de designer est réellement le nouveau troublion de la mode Tunisienne.
Par Fériel Berraies Guigny
photos Diane Cazelles
Nous l’avons rencontré dans les coulisses de sa participation au 1er Festival de mode de Tunis. Et avec lui quand on pense avoir tout vu et bien on « a encore rien vu » !
Seyfeddine Laouti, le designer derriere la griffe Narcisso Domingo Machiavelli
En Tunisie, les Fashion Week sont légion mais la plupart du temps, hormis l’aspect récréatif et créatif cela n’apporte rien aux designers locaux. Une frustration que bon nombre de designers jeunes et plus avertis connaissent dans la région. Seyfeddine Laouti est un habitué de la Fashion Week de Tunis et on peut légitimement dire qu’il a été révélé par ses planches. Mais sa participation au 1er Festival de mode de Tunis, signifie aussi qu’il y a un réel désir « d’exporter » son savoir faire. Une première participation qui fut fructueuse pour lui, puisqu’il y a remporté le premier prix du Concours jeunes créateurs.
UFFP l’a rencontré pour vous.
Seyf est dans l’extravagance, dans la démesure et pas trop dans la retenue. Et la « bête artistique » a l’art et la manière grandiloquente du grand Théâtral. Un personnage assez attachant et désopilant, qui a rangé sa modestie au placard, surréaliste dans toute sa splendeur que nous avions envie de vous faire découvrir. Un talent et une créativité indéniable aussi !
Seyf, aujourd’hui au pays, plus besoin de te faire connaître, cependant quelle est ta principale frustration ? En fait le manque de prise de conscience des talents locaux. Ici on continue d’acheter les marques étrangères alors que les créateurs tunisiens qui ont du talent ne manquent pas !
Il y a également un problème de visibilité et de communication ? Absolument les magazines de la place parlent peu de nous. J’ai lancé FFdesigner pour cela du reste. Il faut vraiment changer les mentalités et l’image peut y contribuer. Un magazine de mode qui se tient, il y en a vraiment besoin ici en Tunisie.
Designer versus khayat ? Oui il y a un gros problème au niveau des mentalités on nous prend nous les designers pour des petits tailleurs ou couturiers qui faisons du copie coller. C’est insultant à la fin on a vraiment un problème à la base.
Luxe et éthique un mélange des genres compatible ? J’y crois et j’en suis la preuve ! ll faut savoir que Narciso Domingo Machiavelli qui est ma marque est née de tout ceci. J’aime retravailler, recycler, j’aime le vintage. Par exemple, j’aime retravailler le concept de fourrure avec du taffetas de soie et j’essaye de mélanger cela avec du tissu organique. A Pékin, je suis tombé sur un tissu qui est fait à base de riz. Je voudrais pouvoir le ramener un jour en Tunisie.
Tu penses sincèrement te voir dans une couture engagée ? Mon rêve est de pouvoir le faire, je serai capable de créer une pièce unique pour cela. J’ai besoin de choses qui parlent et me fassent vibrer. Je ne suis pas dans la création pour la création !
Qui est la femme SNM ? J’habille toutes les femmes et sans différence. La Thématique de ce premier festival qui était « Méditerranée » m’a obligé de sortir des mes frontières arabo asiatiques.
Narcisso Domingo et Machiavelli, pourquoi? Narcisso pour le culte de sa beauté et de sa personnalité, Domingo le second nom de Dali et j’adore le surréalisme et Machiavel pour la pensée et l’Ambition du « Prince » !
Ben et l’éthique dans tout ça (sourires) ? Elle peut toujours se trouver, il suffit de pas grand chose. C’est un feeling en soi d’abord, c’est un respect du travail et des autres, le savoir faire et la valorisation du travail de détail et des finitions. Bref je veux être un working living Art ! Mais j’ai mes ups et down, pour moi il me faut parfois tomber super bas pour remonter encore plus haut. Si je ne vois que le haut, je m’oublierai.
Extravagance dans l’être et le paraître ? Dans le paraître, c’est mon credo couture. Au fond je suis un garçon simple mais qui adore provoquer ! On se découvre toujours au fond… je suis un de mes plusieurs personnages, je vis cinq personnages !
Dans la schizophrénie? oui je l’adore, je la cultive et je l’accepte : hyper-créatif, hyper-pessimiste, hyper-positif, triste et joyeux ! Bizarrement c ‘est aussi dur de m’exprimer.
Parles-nous de cette collection pour le Festival ? Elle est inspirée de la bouteille de Coca Cola de Gauthier. Des corsets entre autre.
Un message pour les créateurs en herbes ? GO BIG OR GO HOME !!! si moi je suis le cours alors vous devez suivre et je vous encourage.. Voilà et c’est encore mon côté narcissique.