Après avoir travaillé dans la mode à Paris, chez Céline plus précisément, Margaux Rosehill a décidé de « tout plaquer » pour partir voyager à la recherche d’artisans qui font des choses authentiques et qui ont une histoire, avec qui faire des vêtements quasi-uniques.

C’est donc ce qu’elle a fait durant sept mois, en Asie. Elle s’est retrouvée dans des endroits incroyables (et incroyablement reculés !), chez les artisans ou dans leurs ateliers, elle a vécu des rencontres inoubliables qu’elle a filmées de manière à ce que les clientes RoseHill sachent d’où viennent leurs vêtements, qui sont les petites mains derrière les jolies broderies et tissages des pièces de la marque. Elle est maintenant installée en Tunisie, où elle a trouvé un atelier de confection qui s’occupera désormais d’assembler toutes les pièces RoseHill à partir des tissus que continuent de lui envoyer les artisans, avant de repartir en vadrouille, cette fois-ci en Afrique.

Elle a lancé une collecte Kiss Kiss Bank Bank il y a quelque temps, pour financer les deux collections à venir, qui incluront les tissus des artisans faisant déjà partie de la famille mais également ceux des nouveaux artisans à venir.

UFFP a soutenu cette très jolie marque et vous fait découvrir la créatrice in aparté

Mes expériences dans le luxe m’ont beaucoup appris mais je trouvais que le rapport à l’humain y était négligé. J’adorais passer mes coups de fil tous les matins aux façonniers, des gens qui fabriquent les vêtements dans des coins un peu perdus en France ou en Italie et qui ont le coeur sur la main. Ce sont aussi eux qui sont derrière les vêtements et je trouvais qu’on ne leur donnait pas assez de place. J’avais besoin de quelque-chose de plus « sain ».

Le RoseHill Project est mon bébé. Un bébé tout rose et tout joufflu, qui commence à marcher. Je suis partie voyager pendant sept mois en Asie, en Inde, à Bali et au Cambodge, pour trouver des artisans qui font encore des tissus ou des broderies de manière traditionnelle. Ce sont des traditions qui se transmettent à l’intérieur des familles et qui comportent donc une forte valeur sentimentale. C’est cela que je voulais mettre à l’honneur avec le projet : des vêtements qui ont une âme et dont on sait d’où ils viennent, qui sont les petites mains derrière ces beaux tissus.

Ce sont parmi les moments les plus heureux de ma vie. Ces enquêtes que je mène en arrivant dans un pays pour avoir le contact de la bonne personne. Puis les rencontres avec les artisans qui m’émeuvent presque aux larmes à chaque fois. Je suis dans mon élément, je leur pose un tas de questions auxquelles ils aiment en général beaucoup répondre. Ils m’accueillent avec énormément de bienveillance et de gentillesse. Ils sont contents que l’on s’intéresse à ce qu’ils font, je crois.

Je ne travaille pas encore avec des artisans tunisiens, je suis en pleine recherche et je sais qu’ils sont très nombreux, il va falloir que je reste beaucoup plus longtemps que dans les autres pays ! Je travaille pour l’instant avec un atelier à la Soukra où je confectionne les vêtements et j’ai trouvé des crocheteurs qui font un travail remarquable ainsi que des brodeuses qui travaillent avec du beau coton blanc. J’ai extrêmement hâte d’aller les rencontrer dans leur atelier et je vous raconterai tout ça dans la suite de l’épisode !

J’aime beaucoup puiser mon inspiration dans la façon dont s’habillent les gens dans les pays dans lesquels je suis. En général, je les revisite pour donner un côté moderne à ces tenues, et en essayant de valoriser au maximum le tissu. Au Cambodge, j’ai fait une jupe inspirée des jupes des danseuses traditionnelles, les apsaras, et le sweat est inspiré de celui qu’un homme portait dans la rue. J’ai flashé et je l’ai pris en photo. Je fouille aussi beaucoup dans les fripes et les placards de ma grand-mère pour trouver mon inspiration. La prochaine collection sera d’ailleurs inspirée de chemises anciennes de mes grand-parents. J’aime le mélange de l’ancien avec le moderne.J’aime beaucoup travailler avec ces tissus aussi nobles et beaux et je vibre à l’idée de me dire qu’une fois le vêtement réalisé, on ne voit plus qu’eux.

Cela a énormément de sens même si cela regroupe beaucoup de concepts. La mode de RoseHill est éthique dans le sens où les artisans me vendent leur tissu au prix qu’ils le vendraient sur les marchés, ni plus, ni moins, un prix juste. Par ailleurs, je suis consciente du temps que cela met pour réaliser ces tissus (en général un mois pour quelques mètres) et j’adapte mon calendrier en fonction d’eux tout en essayant de leur commander régulièrement du tissu pour leur garantir un revenu stable.

 Mon fund raising n’a malheureusement pas fonctionné mais cela ne m’arrêtera pas ! Je vais réaliser avec mes économies des prototypes que je mettrai ensuite en vente sur mon site tout en relançant une campagne de fund raising avec les photos des produits, je pense que cela parlera plus aux gens que mes croquis. Ils seront dans l’esprit de la collection. Les projets sont donc de réaliser une nouvelle collection à partir des tissus que j’ai reçus de Bali et du Cambodge ainsi que ceux que je vais aller chercher en Tunisie. J’ai hâte !