Asma Chaabi  » développer le concept de leadership féminin africain » !

  • By SLKNS
  • 31 mars 2013
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Ancienne Mairesse d’Essaouira, aujourd’hui elle est la Présidente fondatrice de la branche Maghreb de l’International Women Forum. Femme d’engagement et militante pour les droits des femmes, nous vous faisons découvrir Asma Chaabi, ses combats, ses défis et ses rêves pour une femme arabe libre et déterminée.

Entretien:
1/ Parlez nous de l’International Women Forum? Vous avez fondé la première branche maghrébine de cette institution? Comment s’est passé votre lancement?

Nous avons pensé donner un autre élan au mouvement féministe marocain, qui est déjà pionnier dans le monde arabe et musulman dans plusieurs domaines relevant de la condition sociale, politique et économique de la femme. Il fallait s’ouvrir sur des expériences plus complètes et plus riches au-delà de nos frontières culturelles et géographiques, et c’est pour ça que nous avons opté, au sein de l’équipe fondatrice, d’adopter un rapprochement avec l’IWF qui est une organisation internationale et qui œuvre pour la condition de la femme en général, mais une approche très efficace, qui consiste à favoriser le Leadership de la femme dans tous les secteurs de la vie où elle exerce.

2/ L’approche genre au Maroc est une grande question, au centre des préoccupations de votre souverain, quel est votre bilan? développement humain versus développement durable qu’elle est la situation réaliste de la femme citadine et rurale marocaine aujourd’hui?

Il ne faut pas oublier que nous sommes un pays dont le référentiel religieux et islamique plus précisément, est très présent dans tout l’environnement juridique et réglementaire qui gère la condition sociale de la famille en général et la femme en particulier. Il faut donc adopter une lecture « très marocaine » de l’approche genre telle qu’elle a été lancée au début. Nous avons une culture religieuse qui se manifeste dans tous les domaines de la vie sociale, et de ce fait certaines définitions et recommandation de l’approche genre risquait de heurter des sensibilités politiques et religieuses, ce qui a été évité grâce à l’ingéniosité des organisations féministes qui ont mis l’accent sur l’essentiel dans cette approche, et qui devait servir la cause de la femme au Maroc. Il faut aussi signaler que le soutien et l’engagement de la plus haute autorité du pays à faire aboutir ce grand chantier sont pour quelque chose dans les avancées que connait la condition féminine.
Il est aussi claire qu’il reste à doubler d’efforts pour étendre ces acquis à la femme et surtout la jeune fille dans le monde rural. Car malgré que les textes de lois de la nouvelle Moudawana concernent la femme partout au Maroc, il ne faut pas ignorer que les pratiques traditionnelles pèsent encore beaucoup dans le milieu rural, et handicapent la scolarité de la jeune fille, et lui impose parfois des choix pour sa vie et son destin malgré elle. C’est le grand défi des associations féministes au Maroc.

3/ intégration économique régionale vous en pensez quoi? mise à niveau oui mais où? l’UPM et le Maroc?
La dynamique de développement que connait le Maroc depuis un peu plus de dix ans, à eu pour conséquence l’émergence d’une approche plus spécifique aux régions au dépens d’une planification centralisée qui a d’ailleurs montré ses limites. Les élites locaux issues des élections communales sont appelés à repenser les programmes nationaux à l’échelle de leurs départements, et intégrer les richesses locales de chaque région dans les efforts de développement économique et humain sur place. Le résultat est très nuancé encore entre les régions où il ya une forte mobilisation des élites locales et d’autres où le processus de la démocratie locale connait un certain ralentissement soit à causes des élus qui ne sont pas au niveau de leurs missions, ou bien d’une mauvaise coordination entre l’autorité de tutelle et ces élus. Mais en général, le bilan est satisfaisant, car il permet de juger les opérateurs politiques impliqués dans le processus démocratiques par le biais de leurs programmes politiques et la pratique quotidienne au service du citoyen.

4/ Vous avez été mairesse d’Essaouira, aujourd’hui la parité dans les hautes sphères décisionnelles de la vie publique et la femme marocaine, quelles sont les avancées mais aussi les limites?

L’expérience d’Essaouira a été une première dans l’histoire de la démocratie communale du Maroc moderne. Elle a permis de situer la question des droits politiques de la femme au cœur du débat sur la condition de la femme en général au Maroc. Je pense que les nouveaux acquis sociaux depuis un peu plus de dix ans ont eu pour conséquence l’acceptation par l’opinion publique et une large partie de la classe politique le principe d’une parité plus équitable dans les hautes sphères décisionnelles de la vie publique. On peut le vérifier aisément en consultant le nombre et la qualité des postes de responsabilité occupés par la femme depuis ce temps.

5/Vous avez voyagé en Afrique subsaharienne vous en connaissez certaines réalités, quel message à vos sœurs du Continent? Plusieurs pays africains connaissent une prise de conscience récente de la nécessité d’accorder à la femme la place qui lui revient de droit dans la société. Il faut que les organisations et les associations qui œuvrent dans ce domaine optent pour une approche plus participative et vont à l’essentiel, c’est-à-dire améliorer la condition de la femme africaine : par son accès à l’enseignement, le droit au travail, un rôle plus équitable dans la vie économique. Ceci commence d’abord par la lutte pour changer les lois et les réglementations qui bloquent et figent la femme dans un rôle de mère de famille ou femme à la maison, sans qu’elle ait le droit et la possibilité de choisir pour son avenir, celui de sa famille ou sa maison.
La lutte est parfois longue, et pas du tout facile. Mais le chemin se construit par les petits acquis, et en les accumulant on finit par imposer son point de vue. Il faut à mon avis développer le concept du Leadership féminin en Afrique, car donner à une élite féminine africaine illuminée l’occasion et la possibilité de porter haut et dans des sphères internationales la voix de la femme africaine permettra de gagner des étapes et faire avancer la cause. C’est en tout cas notre approche pour avoir choisi l’IWF comme cadre général pour notre action.

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