L’Art du veuvage, est un art que je ne maitrise pas ou tout au moins, pas encore !
Pourtant ce qui arrive, arrive pour une raison, dit on. Une leçon de vie aussi amère soit elle, qui nous pousse à nous transcender dans la douleur, à repousser ses limites, à se réinventer encore et toujours.
Je reviens après plusieurs mois d’absence même si toute ma passion et ma lumière n’ont jamais totalement agonisé.
Rester debout, faire face, accepter la rupture et faire le deuil de ce qui n’est plus. Pour la femme, la mère, l’épouse, la fille, la thérapeute et l’activiste il a fallu aller au bout de la douleur, couler bien profond dans la piscine jusqu’à ne plus pouvoir respirer pour devoir remonter en surface.
La pancréatite aigue grave, qui m’a amenée six jours à l’hôpital ( le même lieu où a agonisé mon époux quelques mois plus tôt ) pour finir par une ablation de la vésicule biliaire manu militari sous fond de covid et chaos administratif dans les hôpitaux franciliens, m’a appris qu’il fallait accepter de ne plus nager à contre courant car l’on finit par s’épuiser soi et son corps; après que le cœur fut exténué par trop de peine.
Quand le Samu est venu m’arracher en état de choc, pieds nus, sale, avec une petite djellaba d’été dans les frimas d’un mois d’octobre parisien, je pensais qu’à mon tour mon heure était arrivée, mon cœur s’emballait on pensait à un infarctus et embolie pulmonaire.
Mes enfants muets restés seuls à la maison ( nous n ‘avons personne ici en France ) me voyaient apeurés à travers la vitre prendre le même chemin que leur père, sauf que lui n’est jamais revenu de ce fameux appel au secours le 27 janvier dernier.
Ce profond sentiment de colère, d’injustice, de trahison m’avait littéralement scié en deux le foie, mettant à mal mon pancréas, c’était moins deux.
Là où la force le courage et la résistance m’avaient tenus debout, mon inconscient à lui n’arrivait plus à digérer ce trop plein d’émotions toxiques.
Car il s’agit bien d’un traumatisme et le cheminement est plus complexe et il est soudain, je ne l’ai développé que 5 mois après la mort de Gilles, ne voulant toujours pas faire son deuil.
Mais je suis prête aujourd’hui, car la ligne droite je l’avais désormais franchie. Gilles je te laisse partir, et je laisse partir mon ancienne vie, mais mes enfants sont le seul rempart qui me permet de croire encore à la vie. De croire au bonheur et qui sait un jour, un amour serein.
Je vous passe les détails de tout ce que tous les trois nous avons subis pour pouvoir rester debout et faire comme si la vie continuait à être la même.
Mes enfants ne veulent plus parler de la mort, et je le respecte. Ils veulent grandir, avoir une enfance normale si tant est que cela soit possible quand on est amputé de sa moitié.
Alors mon travail, ma mission c’est de leur donner » cet entier » qui n’est plus.
C’est mon destin moi mère et femme courage, je fais fie de tout, quand on a eu si mal, on est guérie de tout, sauf bien sur du départ de ses parents ( bahed amor tawil)
Je sais aujourd’hui que Fériel ne peut compter sur Feriel, et cette liberté et émancipation nouvelle dont j’hérite malgré moi redessine une toute nouvelle trajectoire pour moi.
Sans être dans la victimisation la candeur ou l’angélisme ou trouver ses formules si à l a mode sur la résilience, je dis simplement que je dois laisser les choses se faire écologiquement, vivre et non décréter les choses avec cette pleine conscience que plus rien ne sera comme avant.
Et qu’il m’appartient de tout recommencer en mieux, prendre mon temps, garder mes certitudes et valeurs, ma liberté , mes envies, mes principes sans jamais me brader, même si l’on « est » dans le besoin.
Et mes enfants et moi prenons conscience désormais que tout sera plus difficile, que la vie ne tient qu’à un fil et que tout ce que l’on croyait acquis hier ne l’est plus, aujourd’hui.
D’une vie dorée, nous connaissons désormais les périodes de manque et de vaches maigres mais avec ce désir d’un bonheur fou à construire. Et nous apprenons à être heureux des petits cadeaux et miracles de la vie. Nous avons la chance d’être aimés, entourés même de loin. Et ceux qui lisent cet éditorial se reconnaitront…
Ce mois d’aout sans le dire à personne, car la mort de Gilles m’a changée, j’ai voulu repousser ma zone de confort en posant avec un artiste pour une marque de bijoux, mais sans le côté lisse, mettant à nu un cote sombre épuré mais toujours dans le cœur cette lumière évanescente d’une autre moi. Ma douleur devenait une arme, un défi.
Mon grand retour se conjugue avec celui d’UFFP, mon initiative doublement primée, mon Association et média et caravane de mode de la paix qui a touché bcp d’entre vous, avec mon amie Katharina et d’autres nous avons décidé de réinsuffler de l’oxygène à notre bb!
Tous les trois mois nous ferons une couverture internationale mettant en avant une marque une personnalité, une initiative qui nous touche au cœur.
Pour reprendre écologiquement, nos diverses rubriques.
Ce numéro est très particulier il est post deuil, rupture et covid, il met en avant ces femmes courageuses, ces femmes debout et ou POTO MITAN qui ne renoncent jamais.
Moi l’activiste qui depuis des années milite pour défendre les femmes les opprimés les veuves et orphelins , me voici à mon tour devenue une veuve avec des orphelins mes enfants.
Mais l’amour le vrai et unique est intemporel, il doit traverser la mort, les âges, les espaces et le temps. Et Gilles sera toujours en moi, quelque sera ma trajectoire. Mais il m’a fait très mal…
L’amour est la maladie et le médicament, il est notre oxygène et notre raison de vivre, dommage qu’en ces temps incertains de crise sanitaire et économique, le pire de l’ homme continue. Nous n’avons toujours pas appris de nos erreurs et de nos fausses certitudes sur l’autel du capital et de la cupidité.
L’humain est désormais encore plus mis à mal. Dans mes pages j’aborderai des sujets santé, géopolitiques, humains et sérieux. Mais aussi du léger au fur et à mesure, car nous devons continuer à rêver, à sourire, à faire des plans sur la comète!
L’empathie, l’humanisme, la tolérance et le partage oui ce sont de jolis mots mais si à notre petite échelle nous les appliquions, la vie serait plus douce.
J’en ai ras le bol de la sinistrose, des polémiques et des récupérations de tout ordre: islam, terrorisme, covid, maltraitance, précarité, crise financière et sociale. Nous implosons et nous sommes devenus une « Génération désenchantée confinée » !!!
Moi je veux vivre pour moi, mes enfants et même si vivre est devenu un combat, je prends le parti de créer mon propre paradis là ou je peux et selon mes maigres moyens mais PROPRES MOYENS !

photo Aymen Bachrouch
MUA instants de beauté Mouna. Tunisia
Arrêtons cette course effrénée des chimères: de la réussite sociale, amoureuse, du profit à tout prix!
Cessons de nous mentir, cessons de mentir tout court, affrontons nos erreurs et nos manquements et essayons d’être le meilleur que l’on puisse être pour nos enfants et aussi pour NOUS!
UFFP met à l’honneur la marque Folie- Grane cette rentrée en la mettant en première de couverture et en étant son égérie
Belle rentrée d’automne
Fériel Berraies
Présidente UFFP et sa team !