On dit que le changement viendra d’en bas, des peuples. Mais on dit aussi que le changement viendra des jeunes qui sont le renouveau des sociétés. La génération des quadras est aujourd’hui sacrifiée en France et dans le Monde ; et les profonds bouleversements économiques qui secouent notre planète laissent malheureusement envisager une sortie de crise dans la durée.
De la Tunisie à la France, les jeunes sont au cœur du militantisme et du combat d’UFFP. Quand on songe au chômage qui touche les populations jeunes du pays, le manque de valorisation et les difficultés à se construire une vraie « carrière » sur le long terme, et bien on se dit qu’il est plus qu’urgent d’interpeller les consciences, mais surtout les décideurs économiques. Un récent sondage en France a indiqué que très peu de jeunes se sentaient payés à leur juste valeur et près de 60% ont exprimé leur souhait de descendre dans la rue pour revendiquer!
Un printemps français des jeunes, serait-il possible?
Pourtant, c’est la génération d’après qui sera la relève, les jeunes ceux qui sont sortis de la fac, qui manifestent de plus en plus alors qu’ils ont longtemps été « une majorité silencieuse » font entendre leur voix. Et même si ce n’est pas toujours à bon escient, et même si la manipulation n’est pas toujours très loin (« l’affaire Léonarda » avait démontré l’existence d’une réelle immaturité politique des lycéens, bien que s’appuyant sur une générosité qui n’est pas contestable) les jeunes Français sont loin d’être apathiques, au contraire, ils font preuve d’une conscience citoyenne et surtout prennent conscience de leur capacité à faire bouger les choses par la revendication.
UFFP est plus que consciente de cela, et assurément l’éducation citoyenne et solidaire devra se faire ‘au berceau » à la sortie de l’école et sur les bancs de la Fac.
UFFP est allée à la rencontre d’un jeune entrepreneur qui a choisi d’évoluer dans le domaine du marketing communication informatique solidaire. Un choix de métier qui est avant tout un choix de valeurs et un choix de vie.
Benjamin Hamonic a lancé B#AM et s’occupe actuellement entre autre, de la communication digitale des salons Ma Planète Mieux.
Bio expresse Benjamin Hamonic
Diplômé d’un master 2 de communication digital à l’ECS Paris (European Communication School), Benjamin Hamonic a un parcours riche et éclectique.
Il a eu la chance de vivre deux années à l’étranger (en Turquie et en Espagne), d’étudier l’économie, la veille d’information, la communication, et de réaliser des expériences professionnelles abouties.
Mais ce qu’il retient avant tout ce sont les nombreuses rencontres qui l’ont forgé, et l’on fait évoluer dans sa vie.
Des expériences de vie, des visions singulières qui ont nourri ses valeurs qu’il retrouve dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Après plusieurs expériences dans ce secteur ainsi que dans le secteur culturel, j’ai créé mon auto-entreprise sous le nom de B#AM pour laquelle je réalise des prestations de communication spécialisées dans le domaine de l’ESS.
Sous un profil hybride, il propose des prestations de conseil en communication digitale, d’animation web et de création adaptées à ce secteur et aux différents acteurs qui le composent.
Entretien avec un jeune entrepreneur qui vient de lancer sa Start Up B#AM :
Benjamin Hamonic, la communication et le solidaire, pourquoi ?
Bonjour UFFP et merci beaucoup pour cette interview. Cette double compétence est dans la continuité de mon parcours. J’ai commencé par étudier l’économie à l’université de Rouen et j’ai eu la chance de partir vivre une année en Turquie, à Istanbul, où j’ai validé ma Licence. Je suis ensuite parti travailler en Espagne, à Madrid puis à Valence, pour perfectionner mon espagnol et, de retour à Paris, j’ai obtenu un master 2 de communication digitale.
J’ai une attention particulière pour l’économie sociale et solidaire (ESS) et appliquer mes compétences à ce secteur s’est révélé pour moi évident. Différentes expériences professionnelles m’ont permis d’approfondir mes connaissances dans ce domaine, notamment durant mon dernier poste d’un an à la Fondation Société Générale. En plus de l’étude et du suivi des projets soutenus, j’étais en charge de la communication sur le web des associations partenaires.
J’ai voulu prolonger cette relation, en communicant cette fois pour le compte de B#AM, et proposer une communication moderne et dynamique à des structures qui n’ont pas la possibilité ou les moyens de le faire. B#AM me permet d’exercer mon métier de communicant dans un secteur dont j’ai été acteur et qui respecte une éthique et des valeurs que je partage.
Vos courts séjours à l’international ont-ils contribué à changer votre vision du Monde ?
Vivre deux années à l’étranger permet de prendre beaucoup de recul. Ces expériences m’ont fait évoluer dans ma façon de penser et de relativiser certaines situations. J’ai découvert d’autres cultures, aussi bien sur le plan professionnel que personnel. J’ai rencontré beaucoup de personnes qui m’ont marqué chacune à leur manière et m’ont permis de m’épanouir et de prendre confiance en moi.
Apprendre des autres est très important et cela s’applique également sur le plan professionnel. Avoir une vision éclectique est une richesse et la réussite ne devrait pas se faire s’en tenir compte de l’autre.
Les voyages permettent également de mieux comprendre et appréhender des problématiques que l’on peut rencontrer au sein
d’une structure ou d’un projet.
Vous avez également eu une expérience dans le culturel, mais vos talents de prédilection se trouve dans tout ce qui est web communication etc ?
Oui, mais le secteur culturel utilise également beaucoup le support digital à présent et communique énormément sur le web. Je ne ferme pas la porte à ce secteur, je travaille d’ailleurs actuellement sur un projet autour de musiciens qui devrait voir le jour d’ici cet été. Il y a des points communs entre la communication culturelle et la communication sociale et solidaire, le fond est mis en avant, l’aspect marketing est moins présent. Le web permet aujourd’hui de créer et de communiquer efficacement sur de très beaux projets, et pas uniquement si on s’appelle Nike et que l’on a un budget immense. Le but est d’utiliser ce beau potentiel.
Parlez-nous de votre start up ? Vous êtes très attiré par le secteur de l’Associatif, du Mécénat de beaux horizons mais qui
souffrent parfois de manque de moyens etc, cela ne vous gêne pas ? C’est justement à ce manque de moyen que je tente de répondre. Le secteur associatif, du mécénat et de l’économie sociale et solidaire souffre bien souvent d’un retard en termes de communication. On le note sur l’aspect graphique, sur la modernisation des supports, l’utilisation du digital mais également selon moi sur le contenu. J’y vois deux dérives : soit les structures ont peur de perdre leur sérieux et proposent une communication austère, soit elles débordent de positivité et de bons sentiments, ce qui est très bien, mais tombent rapidement dans le monde des « Bizounours » ! C’est malheureusement comme cela que leur communication perd en efficacité.
B#AM apporte une communication sérieuse mais également dynamique et moderne à ses clients en tenant compte de leurs
contraintes, notamment économiques. Pourquoi une communication sociale et solidaire serait-elle ennuyeuse ou tomberait inévitablement dans les bons sentiments ? Pourquoi n’utiliserait-on pas les dernières tendances graphiques et digitales pour communiquer sur les produits et les projets de ce secteur ?
C’est l’objectif auquel je veux répondre avec B#AM.
L’Informatique c’est le futur, la communication marketing aussi, mais spécifiquement la communication informatique « durable » c’est possible ?
Je ne sais pas si la communication est « durable » mais elle doit être responsable. La communication est un outil pour faire connaître des informations ou des produits. Elle peut servir dans n’importe quel secteur, même s’il est vrai que l’on ne communique pas de la même manière pour faire connaître un projet ou pour vendre des frigos !
Ce qui est certain, c’est que l’on sent une réelle envie de moderniser sa communication, en ce qui concerne le secteur associatif ou le mécénat, notamment via le web, et que beaucoup d’entreprises sociales voient le jour sur le net et sont hyper connectées.
J’utilise l’informatique comme un outil pour servir un projet. La forme pour servir le fond. Dans ce sens, la communication que propose B#AM est durable car elle met en avant des projets qui le sont.
On dit que les changements du Monde viendront des « jeunes » qu’en dites vous ? une autre vision du Monde, peut-être plus d’engagement ?
Disons que nous avons un avantage, nous sommes connectées par nature ! Les plus jeunes grandissent maintenant avec une tablette à la main..! Se faire connaître ou faire connaître un projet, une opinion grâce au web devient possible ou du moins plus accessible. Néanmoins, les différences restent fortes et la vision d’une personne et sa possibilité de la faire connaître sont très différentes selon l’endroit où elle vit. La notoriété est également plus soluble et éphémère, c’est
le revers de la médaille… Dans un même temps, je pense que beaucoup de jeunes sont déçus par un système d’économie qui semble imposé et sont désabusés par la politique de leur pays.
L’économie sociale et solidaire offre une alternative et permet de proposer une vision différente à travers des projets et des structures.
L’envie d’agir, de créer et de générer de la richesse se fait ressentir. On peut avoir une éthique et bien gagner sa vie !
Comment les jeunes français dont vous se positionnent ils par
rapport à certaines problématiques « Nord Sud » ( Syrie,
printemps arabe, interventions de la France en Afrique
subsaharienne) les problèmes liées aussi à l’intégration, la xénophobie, la précarité, le chômage des jeunes en France?
Personnellement, je vois le printemps arabe comme un vent de révolution dans des pays où la situation semblait bloquée et où le
décalage entre les conservateurs et la nouvelle génération devenait
trop important. Pour parler de mon vécu, lors de mon passage en Syrie, il y a quelques années, je me revois en train de discuter avec des jeunes et parler de voyage. Tous m’ont dit avec un sourire trompeur qu’ils étaient pour eux impossible de quitter leur pays. C’est quelque chose de symbolique qui m’a fait beaucoup réfléchir. Internet permet de dépasser les frontières et on remarque que le web et les réseaux sociaux sont maintenant très présents dans les conflits.
La possibilité de se faire entendre est réelle et permet de faire avancer les choses.
En France, il y a encore du chemin à parcourir en termes d’intégration ou de précarité. L’ESS et internet permettent de proposer une autre vision et des solutions à ces problèmes. Ce secteur ne cesse de grandir et je suis convaincu que ça ne va pas s’arrêter là.
Tous ces jeunes indignés du Monde en Espagne, en Grèce, en Tunisie qui se sont soulevés mais qui ont été réprimés et qui vivent toujours le chômage (sauf pour la Tunisie qui sort du
bout du tunnel avec la signature de la constitution et le outing des islamistes) les jeunes d’Egypte dont la situation est aggravée, que ressentez vous face à tout cela?
De la tristesse bien sûr et de l’impuissance face à la soif de pouvoir démesurée de beaucoup de leaders. Les enjeux politiques et
économiques priment sur la vie même des citoyens dans bien des pays… Malheureusement, je pense que nous ne pouvons, à notre
échelle, agir que partiellement pour faire évoluer cela, il faudrait une prise de conscience globale.
Pour finir sur une note positive, je pense que les choses bougent, comme nous l’avons évoqué tout au long de cette interview,
et de plus en plus de personnes utilisent les nouvelles technologies pour créer de nouveaux projets et se montrer dans le but d’apporter leur pierre à l’édifice. Des amis libanais m’expliquaient, quand je suis allé leur rendre visite, qu’ils ne croyaient plus un mot de la politique, qu’ils étaient pessimistes quant à l’avenir du pays, qu’ils ne voyaient pas de porte de sortie aux conflits politiques religieux du Liban, et malgré tout, ils conservent une démarche positive et une motivation
incroyable dans leurs projets et dans leur avenir. Exemple à suivre.
Merci Ben !