Le projet Bons amis
Sur les lieux symboliques du conflit post-électoral, le photographe Michael Zumstein va interroger les Ivoiriens pour savoir comment chacun s’arrange avec sa mémoire, sa souffrance et son sentiment d’injustice » Je m’intéresserai aussi à la lente mise en place de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (C.D.V.R.) » explique le reporter photographe. Pour le dernier volet du projet, il travaillera en collaboration avec le journaliste Olivier Monnier, spécialiste de la Côte d’Ivoire et basé à Abidjan depuis plusieurs années. Sa connaissance du terrain permettra d’approfondir la délicate question de la répartition des terres et de leur exploitation, à l’origine du malaise ivoirien.

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Le reportage portera également un regard sur la jeunesse bouillonnante ivoirienne qui préfère se tenir hors de portée de la politique, au risque de complètement effacer de leur mémoire les heures sombres du passé.
Contexte et motivation de cette expérience photographique interactive. L’auteur explique :
Pendant 6 mois (d’octobre 2010 à avril 2011), j’ai photographié la crise post électorale en Côte d’Ivoire pour plusieurs journaux français et étrangers. 6 mois de meetings, d’espoirs électoraux puis d’affrontements et de violences pour aboutir à une démocratie fragilisée dans un pays profondément divisé ; à un sentiment d’inachevé aussi. Ne photographier que la période de crise m’est apparu insatisfaisant d’un point de vue journalistique, et j’ai éprouvé le besoin de poursuivre et compléter mon travail. C’est ainsi qu’est né mon projet Bons Amis : une enquête journalistique pour mieux comprendre, documenter et informer sur les raisons de cette crise mais surtout pour interroger le futur et savoir comment un pays peut se réconcilier avec lui-même lorsque les divisions sont si profondes et les cicatrices encore ouvertes. Au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, le président nouvellement élu, confiait à des journalistes : “Reconstruire la Côte d’Ivoire ne sera pas difficile (…). Mais parvenir à réconcilier les Ivoiriens avec eux-mêmes le sera beaucoup plus”. La mise en place de la Commission pour le Dialogue, la Vérité et la Réconciliation (C.D.V.R.) est la première étape d’un très long processus de pardon, la crise post-électorale ayant fait plus de 3000 morts et près d’un million de déplacés.

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Amnesty International soutient le projet
La démarche et le travail de Michaël Zumstein ont ceci de précieux, qu’ils s’inscrivent dans la durée et ne cessent d’interroger ce qu’ils documentent. Ce travail est d’autant plus salutaire que le flux de l’actualité conduit à passer d’un sujet à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un drame à l’autre sans pouvoir en saisir la réalité, la densité et la profondeur. Or, pour comprendre, il faut du temps. Pour agir, aussi. En cela, l’approche de Michaël Zumstein rejoint celle d’Amnesty International dont le travail sur un pays ou sur un sujet s’inscrit nécessairement dans la durée. Parce que recenser les violations des droits humains, recueillir les témoignages qui en attestent pour faire pression, exiger justice et réparations commandent un engagement de long terme.

Michaël Zumstein / photographe membre de l’Agence VU’
Franco-suisse, né en 1970, diplômé de l’Ecole Supérieure de Photographie de Vevey (Suisse).
Qu’il travaille pour la presse française et étrangère, ou sur des projets personnels, son travail s’inscrit dans la tradition du photojournalisme d’enquête. Tout en suivant les conflits de R.D. Congo, de Côte d’Ivoire et du Soudan, Michaël Zumstein fixe son regard sur les “relations ambiguës entre l’Afrique et l’Occident”. En parallèle de ses travaux sur le continent africain, Michaël Zumstein couvre l’actualité sociale et politique française. Pendant plus d’un an, il a réalisé une série de reportages sur la Cité des Courtilières à Pantin. Témoin des tensions entre jeunes et policiers, il a suivi les événements de Villiers-le-bel ou de Clichy-sous-Bois. Prolongement de son intérêt photographique pour le continent africain, il anime également des ateliers photographiques en Afrique, dans le cadre du World Press Photo.