A l’occasion de la Journée Internationale de l’élimination des violences à l’encontre des Femmes, UFFP prend ce temps de réflexion pour faire un état des lieux de ce phénomène malheureusement non seulement global, mais grandissant.
Le bilan n’est pas positif en 2025 pour les femmes du Monde et les années qui s’annoncent avec les profonds remous géopolitiques et économiques qui secouent le monde, n’augurent rien de bon pour nous toutes. Les discours et les forums sur les femmes battent leur plein, la théorie de nos droits est là, mais dans les faits rien ne change immuablement. Bien des femmes seront sacrifiées sur l’autel de la globalisation, ou sur celui, tous cultes confondus, d’un intégrisme religieux rétrograde et liberticide ; et les violences physiques bien que gravissimes, seront également accompagnées par des violences plus insidieuses car elles seront morales.

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les violences verbales qui sont tout aussi traumatisantes, humiliantes, finissent par détruire. Elles sont
souvent annonciatrices de violences physiques.
Par Fériel Berraies Guigny
Mais les violences sont multiformes et on le sait bien, parmi elles la pauvreté, la précarité, l’isolement. Ce qu’on appelle les violences économiques.
Les femmes restent la catégorie la plus touchée par la profonde crise économique qui secoue notre planète. Et les mouvements de libération qui laissaient entrevoir de profonds bouleversements, n’ont accouché au mieux d’une souris, au pire de monstres. Les suites du Printemps arabe furent désastreuses pour les femmes et les jeunes. Au Sahel, les femmes sont aussi face à de nouvelles mouvances rétrogrades qui leur nient tout droit à l’émancipation. Dans le Nord, beaucoup perdront leur emploi et seront livrées à elles-mêmes ; et les femmes mères célibataires, qui deviennent légion dans un monde sans repères et en perte de valeurs, sont les catégories les plus fragilisées. Entre le statut de travailleuse pauvre, à celle de rmiste, ou pire de femme dans les rues, les statistiques sont accablantes. Mais au-delà des statistiques, il faut voir le désarroi et la tristesse d’un quotidien ou seul un avenir désespérant est perceptible.
La violence concerne certes tous les individus et il convient de le rappeler : homme, femme, enfant, n’est épargné par les violences au sein des sociétés. Pourtant, cela n’est pas une fatalité à accepter, même si des gardes fous tels les Nations Unies, existent. Mais au-delà de la prise de conscience de ce phénomène au niveau international, dans les faits, les violences domestiques intra familiales continuent. On pourrait rester des heures à palabrer sur cela, et malgré les conférences, les travails des Associations, les lois, les campagnes de sensibilisation, les chiffres restent alarmants.
Commençons par éduquer nos enfants
De la matrice, de l’éducation, de principes citoyens à inculquer à nos enfants, du décloisonnement des genres et là faudra un gros travail des mentalités. En Afrique, la question du genre était taboue jusqu’il y a quelques années et ce n’est que depuis peu que l’on commence à accepter que les femmes africaines arabes ne soient pas uniquement des mères procréatrices soumises ; leur voix commence à se faire entendre et c’est un progrès indéniable. Les problématiques relatives aux mariages des adolescentes et de l’excision qui perdurent, démontrent cependant les lenteurs du processus.
En ce qui concerne l’excision, l’on recense environ 150 millions de femmes excisées et infibulées dans le monde. S’ajoutent à ce chiffre 3 millions environ chaque année. La France compte 30.000 femmes et jeunes filles excisées. Il y en a 6.000 fillettes excisées par jour dans les Etats Arabes et en Inde.
Les origines de la violence proviennent du fait de la domination masculine au sein de ses sociétés. La violence envers les femmes n’est donc que la traduction du système patriarcal instauré depuis l’époque néolithique. Ceux qui dominent ne reconnaissant pas les autres dans leur différence.
En OCCIDENT pourtant, ce n’est pas mieux !
La violence persiste envers les femmes malgré les lois en vigueur. Et là ce n’est pas une question de religion ou de coutume ou de condition économique car, contrairement à ce que l’on pense, dans le Nord, ce phénomène est endémique. Encourager les politiques publiques en direction des victimes et prôner la tolérance zéro envers les auteurs des violences, seraient un premier pas. Il faut savoir qu’une femme meurt en France sous les coups d’un conjoint tous les 3 jours, 122 sont décédées en 2021.
Quelques chiffres :
Le nombre de féminicides a augmenté de 20 % en 2021 par rapport à 2020 : 122 femmes ont été tuées par leur partenaire. Dans plus de 4 homicides au sein du couple sur 5, la victime est une femme et l’auteur est un homme. Un tiers des femmes victimes étaient déjà victimes de violences au sein du couple. Lorsque les femmes sont autrices d’homicide entre partenaires, dans la moitié des cas elles avaient subi des violences par leur partenaire.
190 FEMMES VICTIMES D’UNE TENTATIVE DE FÉMINICIDE
L’étude sur les morts violentes au sein du couple porte également sur les tentatives d’homicides entre partenaires. En 2021, 251 personnes ont été victimes d’une tentative d’homicides au sein du couple : 190 sont des femmes et 61 sont des hommes. Ces tentatives d’homicides ont augmenté de 37 % entre 2016 et 2021. Sur l’ensemble des tentatives d’homicides, les tentatives d’homicides entre partenaires représentent 7 %.
85% DES VICTIMES D’HOMICIDES SONT DES FEMMES ET 6 AUTEURS SUR 7 SONT DES HOMMES
Les femmes représentent 85 % des victimes d’homicides en 2021. En effet, 143 personnes, dont
122 femmes et 21 hommes, ont été tuées par leur partenaire.
Le nombre de femmes tuées au sein du couple a augmenté de 20 % entre 2020 et 2021.
Les hommes représentent 86 % des auteurs en 2021. On compte 143 auteurs d’homicides, dont
123 auteurs et 20 autrices.
Concernant les homicides commis par une femme sur son partenaire, presque la moitié des 20 femmes
autrices (9 femmes) avaient antérieurement été victimes de violences exercées par leur partenaire.
DES VIOLENCES ANTÉRIEURES SIGNALÉES PAR LA VICTIME DANS 1 CAS SUR 3
En 2021, un tiers des femmes tuées par leur partenaire (39 sur 122) était déjà victimes de violences antérieures, principalement physiques (35 victimes).
Sur les 39 femmes victimes ayant subi des violences
Pourtant il faut dénoncer le système de fonctionnement de nos sociétés qui reste machiste et laisse de fait peu de place aux femmes. Il est à craindre qu’au-delà des lois, des numéros spéciaux pour appeler en cas de violence, il faille faire un gros travail sur les mentalités restées machistes et rétrogrades
Le Gouvernement actuel en France, et notamment la Ministre des Droits des Femmes a l’intention pour se faire de mettre en œuvre un plan d’action qui permettra d’améliorer l’accueil, l’accompagnement et la protection des victimes.
On voit bien que, partout dans le monde, les actions se multiplient pour donner aux femmes ce qui leur revient de droit : être l’égal de l’homme. Mais le plus important c’est que dans chaque foyer, celle qui est mère, épouse, sœur, fille soit aimée et respectée en tant qu’individu, en tant qu’être humain. Si nous ne réussissons pas à dépasser ce premier stade de la différence liée au genre, comment envisager de combattre les différences de cultures, de religions, de races, de statut social, qui meurtrissent le monde !!!
