Jardins partagés et déchets valorisés.
Poubelles, compost et jardinage !
Trier, composter, jardiner !
Jardinière dans l’âme, Christel Ferré a mis en place des jardins partagés en plein cœur de la ville et des quartiers à Digne-les-Bains. Ecologiste engagée, elle a aussi réussi à convaincre les habitants de trier systématiquement leurs déchets organiques pour les transformer en compost fertilisant pour la terre.
Née en Algérie, « débarquée » en Normandie, puis posée à Marseille, Christel Ferré a su s’imprégner des tous ces environnements. Son goût pour le jardinage,elle l’a découvert dans la campagne normande et l’a toujours cultivé depuis. Issue d’une famille d’enseignants, Christel avait cette originalité, enfant, de vouloir devenir « fermière- écrivain ». Incompatible pensez-vous ? Peut être pas… le livre a été écrit en 2011 et propose aux enfants de s’initier à l’agriculture biologique. Quant à sa ruralité, Christel a su l’exprimer en explorant des espaces verts en fricheà Digne-les-Bains, où elle vit aujourd’hui. « Pour moi l’équation était simple je voyais autour de moi des jardiniers sans terre et des terres sans jardiniers il fallait les faire se rencontrer. »
Christel créé alors en 2007 son association, « A Fleur De Sel ».Elle y mélange son engagement, sa formation de travailleuse sociale et sa passion du jardinage. L’idée essentielle du projet consiste à réunir les habitants des quartiers autour de jardins partagés. La seule obligation est de respecter la charte selon laquelle chacun s’engage à ne pas utiliser de produits chimiques et ne pas laisser son bout de terrain à l’abandon. En 2013, l’association compte 4 jardins dans toute la ville pour 80 familles. « Dans des quartiers classés sensibles comme celui du Pigeonnier avec ses 360 logements sociaux, l’arrivée de ces jardins a changé le quotidien. La municipalité a noté une diminution de la dégradation des espaces publics.Et surtout, les gens se sont plus ouverts les uns aux autres. Ils se parlent plus facilement. Les jardins ont contribué à retisser du lien social. Nous y avons installé une grande table et construit un four. Tout le monde se retrouve là, pour déjeuner en famille, cuire du pain, faire des confitures ou des conserves.»
Par ailleurs, dans ces quartiers où 70% des familles sont composées de femmes seules avec enfants, les jardins permettent aussi d’améliorer le quotidien avec des fruits et légumes frais.
Face au succès de ces jardins partagés bios,Christel propose alors de continuer l’engagement jusqu’à la production de compost afin de fertiliser naturellement les sols. Là encore, les jardiniers citadins jouent le jeu et trient massivement leurs déchets organiques dans les bacs mis à leur disposition près de chez eux.
« La moitié des familles dans le quartier du Pigeonnier trie les déchets y compris celles qui n’ont pas de jardins. C’est un beau succès ! Nous collectons dorénavant les déchets organiques auprès de la cantine scolaire du collège voisin. C’est l’occasion de sensibiliser les plus jeunes au tri et l’environnement. »
Un geste simple, en effet, mais dont l’impact environnemental à l’échelle de la ville est considérable. Chargés en eau les déchets organiques sont lourds. Ils nécessitent plus d’énergie pour le transport et la crémation. Enfouis, ils dégagent du méthane, un gaz à effet de serre. Recyclés, ils régénèrent la terre. Le raisonnement de Christel est simple et efficace. Quant aux bonnes idées, cette écolo/futée en a encore plein sa besace. Christel, avec son association,envisage d’aller plus loin en 2014, en achetant un cheval. L’animal (qui sera évidemment bien soigné), servira à arpenter les rues de la ville pour récupérer (sans polluer) les déchets auprès des restaurateurs et des magasins d’alimentation. L’objectif fixé est de parvenir à ramasser jusqu’à 120 tonnes de déchets par an. Une initiative qui réjouit la municipalité car elle permettra d’alléger le coût du traitement de ces ordures ménagères. L’idée fait aussi plaisir à tous les jardiniers de Digne-les-Bains qui auront à coup sûr la main verte grâce au compost !