Pour l’amour du Dieu Soleil.
Rendre le solaire solidaire.
Depuis 2001, Le Prix Terre de Femmes soutient des femmes exceptionnelles engagées dans la protection de l’environnement .
Les proj ets sont aussi variés que leurs personnalités. Chacun e a son histoire, son combat et le mène à sa façon.
A travers le Prix Terre de Femmes, la Fondation Yves Rocher – Instit ut de France souhaite soutenir le leadership des femmes et participer à la préservati on de l’environnement.
Découvrez les projets de nos lauréates 2014 qui comme chaque année serve nt d’exemple et ouvrent de nouveaux chemins à toutes les femmes.
Ecologiste et humaniste convaincue, Jeannette Chiron a mis toute son énergie (solaire) aux services des populations démunies en Amérique du Sud. En développant le four solaire, Jeannette a libéré les femmes de la corvée de bois, leur a permis de préserver leur santé et elle contribue à protéger l’environnement des pollutions émanant des fumées.
L’engagement de Jeannette Chiron commence par une histoire d’amour. Celle de sa fille, tombée sous le charme d’un jeune homme originaire de Bolivie. Un pays qu’elle découvre en famille dans le village natal de son gendre. Un petit bourg perché sur l’Altiplano à 4000 mètres d’altitude au dessus de La Paz, la capitale.
Là-haut, les conditions de vie sont difficiles, mais la population est accueillante et généreuse. Jeannette et Robert, son époux sont invités à partager le repas des villageois. « Et tout à coup… panne de gaz ! Se souvient Jeannette.Avec ses yeux rieurs et son enthousiasme contagieux, elle nous transporte dans son histoire. On l’écoute et on l’imagine sur le plateau andin avec sa marmite en « rade » de combustible. Elle se rappelle l’embarras de ses hôtes, leur tentative pour faire un feu avec les moyens du bord, dans la maison sans cheminée. « C’était irrespirable, raconte-telle. On ne pouvait pas tenir à l’intérieur. A ce moment nous avons eu avec Robert, l’idée de fabriquer un four solaire. J’ai dit aux villageois : ne soyez pas gênés ! Vous croyez être pauvres. Bien au contraire !Vous êtes riches de ce soleil (Papa Inti), ce dieu soleil si vénéré, peut vous donnerbeaucoup ! Ils ne m’ont pas cru, évidemment. Ils ne savaient pas que nous sommes des militants de l’énergie solaire. Notre maison près de Nantes fonctionne de façon complètement autonome grâce au photovoltaïque. »
Alors Jeannette et Robert récupèrent des caisses de bois, de l’aluminium, un vieux pare-brise de voiture, fabriquent un four solaire et sauvent le diner de leurs hôtes. C’était en 1999. Depuis, fort du succès de ce mode de cuisson artisanal, le couple a créé une Association Bolivia Inti Sud Soleil. L’initiative s’est largement étendue à d’autres pays (Pérou, Chili, Argentine, en Afrique. On trouve des fours solaires dans les camps de réfugiés au Sud-Soudan.)
« Notre action s’est transformée en multinationale du développement s’amuse Jeannette. L’organisation emploie 25 salariés en Amérique du Sud. Ils ont en charge la formation sur place des populations à la fabrication et l’utilisation des fours solaires. Ce projet a déjà bénéficié à près de 100 000 personnes et nous comptons bien l’étendre encore plus. » Car pour Jeannette au-delà de la préservation de l’environnement, il est aussi question de la santé de ces populations pauvres et démunies. Trois milliards de personnes sont contraintes de cuire au feu de bois. Chaqueannée près de 5 millions meurent à cause de ces fumées (essentiellement des femmes et des enfants en raison de l’aspect domestique de la tâche). Ces chiffres sont équivalentsau nombre de victimes dans le monde du Sida et du paludisme réunis.
« Cette aventure avec BoliviaInti Sud Soleil résume assez bien ma vison de l’écologie. Etre écolo c’est bien pour la planète.Mais c’est encore mieux quand on peut la partager avec les autres ! Je pense souvent à cette petite fille rencontrée en Bolivie. Elle était tellement pauvre qu’elle n’avait pas de chaussures et l’essentiel de sa journée était consacré à trouver du bois pour le feu. Aujourd’hui,sa maman possède un four solaire grâce auquel elle vend des plats cuisinés sur le marché. La petite a dorénavant des chaussures et elle peut enfin aller à l’école. Voilà ce qui me rend heureuse… savoir que mon action a contribué à changer des vies. »