Juriste de formation Dominique Loubao décide cependant de s’orienter vers les métiers de la Culture. Ingénieur culturelle, elle monte des événements pour des Institutionnels, des privés et ce, depuis prés de vingt ans.
Par Fatou Binta Gueye
Femme de passion et de conviction, elle est la Fondatrice des Prix Plume Noire qui existe depuis seize ans et du prix littéraire, le prix Senghor qui en est à sa septième édition. Pour cette année il fut articulé autour du thème des variations poétiques: la poésie sous toutes ses formes » rendant hommage au poète guyanais Léon Gontran Damas, né il y a 100 ans.
Remise du prix Senghor au centre en noir et orange Dominique Loubao fondatrice du Prix
A cette occasion, la remise du 7e Prix Senghor du 1er roman francophone et francophile a proposé une journée de débats, rencontres poétiques, lectures de poèmes, exposition collective d’arts plastiques, projection de film, musique et Slam.
Comme chaque année depuis 17 ans, La Plume Noire invite le public à découvrir la richesse de l’activité contemporaine littéraire et artistique des pays francophones. Pour sa 17ème édition en 2012, le Salon de « La Plume noire » a rendu hommage au poète guyanais Léon Gontran Damas né il y a 100 ans à Cayenne. Figure incontournable de la poésie engagée, il est l’un des pères fondateurs du mouvement de la Négritude avec Césaire et Senghor. Il avait rejoint le groupe des surréalistes avec André Breton.
Le salon « La Plume Noire » est né en 1995 de la volonté de diffuser et de contribuer à une meilleure connaissance de toutes les littératures francophones en France et en Europe. En une vingtaine d’années, il est devenu un rendez-vous attendu et apprécié aussi bien du grand public que du milieu littéraire. Fidèle à sa vocation de promotion des littératures du monde francophone, la Plume Noire a aussi créé en 2006, le Prix Senghor – Premier roman Francophone et francophile.
Depuis quatre ans, le Prix Senghor s’est étendu aux pays francophiles (Albanie, Roumanie, Pologne, Maurice, Arménie, Inde, Liban, Vietnam, …). Le lauréat 2012 sera choisi par un jury d’écrivains confirmés et de personnalités du monde littéraire, parmi 11 « primo-auteurs » de roman, originaires du Québec, d’Afrique, de Belgique, de Suisse, de France, de Russie, de Roumanie, …
UFFP a rencontré Dominique Loubao
Vous êtes une femme amoureuse de la Culture, parlez moi de ces prix dont vous êtes la génitrice ? La plume Noire est un salon qui à été crée il y a prés de dix sept ans pour faire la promotion de littérature noire à l’époque et aussi du Monde francophone. Ce prix a en effet permis de faire émerger dans le paysage français cette littérature oh combien riche et qui n’avait pas toujours l’espace adéquat pour se faire connaître. Cela a permis de faire connaître aujourd’hui, des écrivains francophones du Monde entier et à faire travailler des écrivains de l’Outremer avec des écrivains venus d’Afrique. C’est ainsi, que nous sommes parvenus à créer le Premier Salon du Monde noir et de l’Afrique à Paris, il y a quelques années.
Les femmes pour vous jouent un rôle dans vos combats ? oui l’idée de mettre en lumière les femmes n’est pas récente, déjà en 2000 on avait invité aux jardins des plantes plusieurs personnalités féminines dont Simone Weil, Talisma Nasreen, les Nanas Beurs et des inconnues à venir parler de la situation des femmes dans le Monde d’aujourd’hui. Des tables rondes ont permis à femmes chef d’ entreprise, des journalistes de s’exprimer autour de toutes ces problématiques féminines de notre monde contemporain. Débattre c’ est important pour nous, car il faut évoquer nos forces comme nos faiblesses dans le monde du travail mais également associatif.
Le 21 e S pour les femmes ? au risque de vous décevoir je dirai pas uniquement, car je crois en la parité, simplement je pense qu’il est temps que l’on soit respectée à niveau intellectuel égal ou diplôme égal à compétence égale !
On ne doit pas se laisser faire, être juste jolie et se taire ,c ‘est fini. Il faut que l’on soit payée de façon égale. Et je suis aussi contre les quotas, les femmes sont brillantes et n’ont pas nécessairement besoin de cela. De façon temporaire oui, mais il faut évoluer et changer les mentalités. Les femmes plus elles seront unies plus elles avanceront. L’éthique c’est bien mais la solidarité c’est encore mieux. Les femmes sont contre les femmes parfois.
Vous offrez un gueuloir comme vous le dites ? oui c’est un terme marrant, mais la poésie c’est un cri qui vient de très profond, c ‘est une douleur on gueule sa souffrance on écrit avec les tripes. Dans ce salon je permets cet exutoire. C’est aussi un métier qui permet de montrer le meilleur des Arts et de la Culture. En Afrique, la faim fait que l’on ne s’oriente pas trop vers c es vocations et je dis qu’il est temps pour les Ministères de la Culture d’ aider leurs artistes et poètes car dans un pays si on ne laisse pas de traces on perd son identité et son pa trimoine culturel.
Les femmes sont aux centre de changements historiques notamment en Afrique du Nord, cela vous touche til dans vos choix littéraires? oui j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les femmes du Maghreb. Elles ont toujours été émergentes, on connaît leurs droits par rapport à la contraception, l’avortement, la parité notamment pour les tunisiennes . Les femmes du Maghreb ont été à l’avant garde dans plusieurs domaines tout en respectant leur identité et leurs traditions. Ces femmes défendaient leur différence et revendiquaient le droit d’avoir des « métiers d’homme » !
Chapeau bas à ces femmes qui ont su rester fidèles à leurs différentes dimensions dont celle de la Méditerranée. Cela donne de l’ espoir pour la région. Durant la révolution, on a constaté en effet, que les femmes étaient plus que jamais présentes malgré toutes les tentatives pour les museler. Les femmes tunisiennes joueront assurément un rôle crucial pour ce 21 e siècle. Et d’ailleurs l ‘année dernière une maison d ‘édition tunisienne avait remporté un prix.
Le Prix Senghor est un autre prix qui vient parachever vos combats à savoir, défendre le patrimoine littéraire de la région ? en fait ce prix aurait du être appelé autrement il aurait pu être le prix « Brassens « ou autre car en disant Senghor je réalise aujourd’hui que cela limite ce prix uniquement à l’Afrique, enfin c’est la perception que l’on a. Non et non, je suis africaine oui, d’origine ivoirienne mais je suis née en France. Cela me donne donc une double dimension culturelle qui reste indissociable, pour moi c’est avant tout un prix francophone qui met en lumière les écrivains qui ont choisi d’écrire dans cette langue. Que l’on vienne de Tunisie, du Québec ou de Russie, c’est un prix littéraire francophone et francophile. Pour ce prix on est à la 6e édition déjà.
Les profils type ? écrire en français, écrire un premier roman édité par une vraie maison d’édition. On veut aider les nouvelles plumes de sorte que le « premier bb »ait des petits frères. En créant ce prix et en invitant des journalistes importants comme membre de jury comme Ouest Figaro, France culture par ex pour ne citer qu’eux, on permet à ces jeunes auteurs de se faire lire et de se faire connaître pour pouvoir aussi être exposés dans les stands de librairie un peu partout.
En conclusion, la culture l’arme de demain ? la culture est une arme très intéressante et je l’ai choisie à la place de la politique on me t raite de « militante » mais je suis une militante de quoi ? je me bats pour mettre en valeur des talents culturels et artistiques. Ces disciplines réunissent les peuples et ouvrent au dialogue vers le Monde. Notre salon est un espace interculturel, on est pour ce dialogue là ! Moi j’en ai marre qu’en France on me dise vous venez d’où ? je leur répond je viens d’ici, je suis née en France, je suis née dans la lumière je suis juste un peu bronzée !