L’Entrepreunariat innovant au féminin en Méditerranée fut à l’ordre du jour, dans le cadre du programme PAICEM Days, ce mois de novembre dernier. UFFP invitée à cette semaine économique à Marseille, a couvert cette journée dédiée aux femmes entrepreneuses de la région.
les différentes intervenantes viennent du monde corporate, associatif, scientifique et financier
Un colloque où ont pu intervenir des femmes de divers horizons pour faire un bilan de leurs acquis dans le cadre de la semaine économique de la Méditerranée. Parmi les institutions présentes, l’Institut de Recherche et de Développement, la Banque Mondiale, Marseille innovation, accélérateur de croissance qui conduit avec Fédération pionnière et Femmes 3000, le projet PAICEM DAYS qui est un programme d’aide à la création d’entreprises innovantes en Méditerranée.
Par Fériel Berraies Guigny. Photos Diane Cazelles
Un joli programme tout à fait exemplaire pour encourager les jeunes des deux rives. Ceci est également le meilleur moyen pour dynamiser les échanges entre tous les pays de la méditerranée et la région PACA. Car l’accompagnement de projets innovants avec des algériennes, des tunisiennes, des marocaines des libanaises est aussi un excellent moyen pour la région PACA de voir le potentiel créatif des femmes de l’autre côté de la barrière. Et Marseille en tant que poumon économique peut tirer un certain nombre d’enseignements sur ce qui se fait de l’autre côté de la méditerranée.
Une journée qui a présenté un bilan assez nuancé, agrémenté de témoignages de femmes des deux rives de la Méditerranée qui ont toutes parlé de leur expérience, de leurs acquis mais aussi de leurs nombreux défis. Car en France comme en Afrique du Nord, l’Entrepreneuriat au féminin signifie beaucoup d’investissements et d’efforts pour les femmes mais en retour, peu de visibilité et d’évolution à chance égale.
Au vue de la perdu rance de certaines mentalités qui confinent le potentiel véritable des femmes chefs d’Entreprise de la région, difficile de faire autrement. Redoubler d’effort peut être, être plus innovante et créative, plus agressive, en tout cas ce sont les mouvances qui se dessinent de plus en plus auprès des jeunes générations au féminin en Afrique du Nord.
L’Entrepreneuriat des femmes et de la Méditerranée
Trois mots très forts quand ils sont conjugués ensemble : car l’entreprenariat au féminin est et devrait être au cœur de toute perspective de développement économique d’une région ( quelque soit la région du reste…) ou d’un pays…
Au féminin ? Normalement dans l’ordre des choses, l’entrepreneuriat ne devrait pas être sexué, il devrait être pour tous les genres. Mais en France, il est une véritable croisade et une profession de foi assumée. Les femmes sot pourtant la clé de la compétitivité et des territoires.
Fédération Pionnières prend la parole
Quel rôle pour la femme française dans sa société ?
Pas de développement économique durable, sans le féminin et pourtant…
En France, quelque soit la région, le vrai handicap reste les femmes et leur rôle à jouer dans leur propre société. L’image que l’on renvoie d’elle dés la maternelle, est assez parlante et influence encore aujourd’hui les perceptions populaires à leur égard « elles sont faites pour tenir la maison et faire la vaisselle »….
Le combat est là depuis des décennies, et il reste inchangé ou en tout cas traverse pas mal de lenteurs, comme faire alors face à ces inerties, pour ouvrir plus de perspectives professionnelles pour les femmes ? Comment faire face à ce plafond de verre qui est beaucoup plus « épais » pour elles ?
Des bagarres que l’on mène depuis des années, qui sont pour certaines, menées au niveau de l’Europe mais il y a toujours et encore autant à faire.
A l’heure actuelle le gouvernement français est très engagé en vue d’encourager l’entrepreneuriat au féminin, malgré les contraintes budgétaires d’une période quelque peu hermétique ; mais cela suffira t- il à combattre une certaine sclérose de pensée ?
Comment inscrire l’Entrepreneuriat de la région Alpe Côte d’Azur à la Méditerranée ?
La création d’entreprise dans la région si elle était portée plus par des femmes, serait peut être le signe d’une économie plus ancrée dans les territoires, plus responsable et solidaire. Voilà l’idéal absolu.
L’Economie sociale et solidaire si bien assumée serait porteuse de cette grande ouverture, et serait en fait une façon directe de répondre à des besoins d’utilité sociale et pourrait faire en sorte que les hommes et les femmes qui travaillent, soient respectés autant que les fournisseurs, ou les clients. En un mot, amener un véritable respect de l’humain et de l’environnement dans lequel il opère, serait d’accepter de facto le concept de parité. Car l’égalité homme femme serait une des principales lignes qui permettraient de mesurer l’engagement sociétal d’un pays. Mais également son avancement économique durable.
sur la droite, Saloua Karkri Pdte Fondatrice de l’AFEM Maroc
Mieux comprendre le Sud pour mieux se positionner en tant que Nord de la Méditerranée
Si le Nord a de tout temps donné des « leçons entrepreneuriales » de l’autre côté de la Méditerranée, il est également temps de prendre aussi des leçons d’expertise de la part des pays du Sud ; comme ce que fait le programme PAICEM qui consiste à « accompagner des créatrices d’entreprises qui sont par ex marseillaise mais originaire d’Afrique du Nord.
Un joli moyen d’assumer une bi culturalité assumée. Mais également, d’appréhender une économie de la diversité et du partage. Mais avant de penser à ces femmes de l’autre côté de la Méditerranée, qu’en est il de la méditerranéenne du Nord, en France notamment ?
Beaucoup de lenteurs et un travail de repositionnement à faire.
Réduire les inégalités entre les hommes et les femmes en France : une politique gouvernementale
Quatre axes pour un combat au féminin
1) Favoriser l’accès aux femmes aux postes de responsabilité : politique, entrepreneuriat, associatif, fonction publique
2) L’accès des femmes aux droits et à la santé : lutte contre la violence et l’harcèlement au travail par ex
3) Accélérer la compatibilité des moments de vie : comment gérer vie personnelle et vie citoyenne
4) L’accès des femmes à l’emploi : et l’on pourrait faire un travail à la maternelle où même à la maternité ( baby Gro bleu pour les garçons et rose pour les filles, tu seras un homme mon fils et tu deviendras une femme ma fille)
Travailler sur les stéréotypes
En France, on est encore en effet, dans des dynamiques d’un autre âge qui ralentissent toute perspective d’évolution égalitaire pour la femme. Tout un travail doit être engagé dans ce sens, pour casser les stéréotypes réducteurs sur la femme et la faire accéder à de véritables plans de carrière.
Mode d’emploi :
Travailler sur les orientations
Un début s’est fait conjointement avec l’Education Nationale, pour tenter au moins d’ouvrir certains emplois traditionnellement réservés aux hommes, aux femmes. En France, les emplois dans l’éducation nationale s’agissant des femmes sont souvent sous payés et avec peu d’évolution de carrière.
Travailler le maintien et la gestion d’entreprise pour les femmes
C’est à dire, tout ce qui est évolution de carrière des femmes dans l’Entreprise. C’est avec des statistiques que l’on a commencé à faire pression sur les entreprises en leur demandant de mettre en place des programmes de réduction des inégalités entre les femmes et les hommes. Cette même méthode est aujourd’hui aussi appliquée aux politiques publiques et notamment dans la création d’entreprise.
Pour une approche « genrée » de la politique d’entreprise
On demande aux entrepreneurs de regarder les dossiers portés par les femmes et de connaître ensuite le résultat de l’accompagnement des dossiers portés par celles ci.
Se pose aussi la question de connaître le pourquoi des écarts entre le dossier masculin et le dossier féminin. Pour réfléchir à une inversion des tendances.
En France, les femmes ont des entreprises plus petites et ont moins de capitaux mais par contre, elles sont plus diplômées et leurs entreprises sont plus viables que les hommes.
Le seul bémol : les femmes avec des enfants ont plus de mal à travailler que les autres. Il y a donc une incidence aussi sur le nombre d’enfants.
A Partir de ces résultats, la Ministre Najat Vallaud Belkacem a demandé aux partenaires et au réseau de « genrer » CAD de réfléchir à ce que l’on pourrait faire pour améliorer l’accompagnement des femmes. En commençant par augmenter de 10% le nombre de femmes créatrices d’entreprise.
Comment procéder à la mise en place de la politique genre du gouvernement actuel?
Sensibiliser les jeunes
On informe et on sensibilise sur le fait que la création d’entreprise par les femmes, ce n’est pas la même chose que la création d’entreprise par les hommes.
Il faut que l’on cesse de voir quand on a une femme jeune « les enfants » et quand on voit une femme âgée, cesser de penser « incompétence et ou salaire »
Globalement on en est là en France, les stéréotypes perdurent et il faut les casser. Dés le plus jeune âge, travailler les mentalités à la maternelle par ex.
Ensuite renforcer l’image de la création d’entreprise au féminin à partir de la 6eme et tenter de sensibiliser auprès des écoles supérieures en faisant un focus sur la création d’entreprise
Par les femmes.
Renforcer les espaces de sensibilisation
L’APCE mène un travail dans ce domaine précis.
Renforcer la visibilité des femmes
Par le biais de concours, de prix pour donner de la lumière aux femmes qui entreprennent.
Conclusion
Pour dynamiser l’entrepreneuriat au féminin en France, on ne peut rien faire sans la mobilisation des acteurs, et des partenaires qui doivent analyser les statistiques et mettre en place des actions auprès de structures accompagnatrices pour des résultats « sexués chaque année » !
Le grand objectif actuel, est de faire progresser de dix points, le taux des femmes entrepreneurs pour atteindre 40% en 2017. Pour se faire, il faut arriver à mobiliser tous les acteurs.
Il faut arriver à faire les bons « diagnostics » ensuite à « former « les intermédiaires ( réseau de création d’entreprises ) pour amener à renforcer le premier accueil et l’accompagnement des femmes chefs d’Entreprise. Et enfin, renforcer le tutorat. Il faut tout compte fait, des actions assez fortes, de mise en réseau et de parrainage pour les femmes créatrices d’entreprise.
Le financement est aussi le dernier volet et il est crucial : à l’heure actuelle, le gouvernement français prévoit le renforcement et le maintient de financements spécifiques pour l’accompagnement de femmes ( sorte de discrimination positive pour l’accompagnement des femmes) qui leur prévoit un crédit pour financer leur entreprise start up.
Toutes ces mesures sont disponibles à l’information dans des structures se trouvant à chaque préfecture en France, il suffit de téléphoner à la préfecture et de demander la personne en charge du droit des femmes. Un premier pas, dans une marée de contraintes, mais un combat qui vaut la peine d’être mené.