UFFP a rencontré la coach territoriale Fatine Barbouche durant sa mission dans la Province de l’Orientale, pour les 1eres assises citoyennes à Oujda. Fatine est très investie dans les projets qui portent sur la jeunesse et surtout sur le rôle que joue la femme dans les différents secteurs. Mais après avoir passé sept ans dans le secteur social et cinq ans dans l’enseignement supérieur, elle décide de s’intéresser à la politique. Soucieuse de pser dans sa régio, elle décide alors de s’ inscrire comme candidate au Conseil Regional de l’Oriental en 2015 « Ce que je voulais vraiment c’était de vivre cette aventure et d’avoir une idée sur ce monde plein de surprises » nous explique telle. Effectivement, elle a appris beaucoup de choses sur le système du pays et sur les attentes des citoyens dans différents secteurs d’activité.
Actuellement coach territorial, elle a bénéficié d’ une formation que lui a assuré le Conseil Régional en partenariat avec CGLU Afrique, Echo Communication et l’Agence de l’Oriental. Une formation qui lui permet de se rapprocher de plus en plus à la société civile et aux représentants des différentes entités publiques et privées, de comprendre leurs problèmes, leurs attentes et de contribuer ainsi à la réalisation des projets en cours ou en situation de blocage en assurant leur accompagnement.
Fatine BARBOUCHA, a 28 ans et vit à Oujda au Nord Est du Maroc. Issue d’une famille très cultivée, qui s’intéresse beaucoup à l’éducation et aux différentes sciences de la vie. Depuis son enfance, elle s’intéresse à la lecture, à la musique classique et aux activités sportives. Une fois à l’université, cette jeune femme décide alors d’entrer dans le social et plus particulièrement aux problèmes relatifs à la jeunesse et le rôle de la femme dans l’évolution de son pays.
Elle a commencé alors à participer à toutes les activités associatives qui font appel à l’implication des jeunes dans la vie active et aux journées de sensibilisation dans les lycées et les écoles supérieures. Elle lance alors l’Association Jeunesse Optimiste qui vise tous les projets sur la jeunesse. Fatine est membre de l’Union des Jeunes Euro-Maghrébins qui vise les différents projets en Europe et au Maghreb. Elle s’intéresse aussi au Sport et spécialement au Handball et elle dirige une équipe de Handball ici à Oujda. Elle fait aussi partie de la cellule de réflexion de l’espace associatif et participe aux activités réalisées au cours de l’année et ceci au niveau de la région de l’oriental.
Après avoir fini ses études en Ingénierie du travail social. Elle occupe actuellement le poste de Gérante à l’Ecole des Hautes Etudes d’Ingenierie à Oujda. UFFP qui a couvert les 1eres assises citoyennes à Oujda vous la fait découvrir.
Entretien avec UFFP
Entretien avec UFFP
Fatine vous êtes une femme active et très engagée, pourquoi la jeunesse et les femmes en particulier?
Je suis une jeune fille très ambitieuse qui s’implique dans tous les projets qui visent les jeunes et les femmes. Tout d’abord, parce que je suis une femme entrepreneur qui veut exceller dans son domaine d’expertise et comme toute femme active, je veux changer la vision que les hommes ont sur la femme et l’importance de son implication dans tous les domaines car de plus en plus elle réalise des exploits et elle n’est toujours pas vue comme elle le mérite. les femmes entrepreneurs se voient d’avantage créer des opportunités pour les jeunes et c’est un sujet qui me tient à coeur, c’est pour cela que je veux représenter l’exemple de la femme qui n’a peur ni d’obstacles ni du regard des hommes qui ne croient toujours pas au pouvoir de la femme de changer les choses. Je fais actuellement partie d’un réseau d’associations de femmes entrepreneurs au niveau national qui travaillent surtout sur l’auto-emploi pour les jeunes femmes, cela m’a donné l’opportunité d’échanger les expériences avec des femmes qui excellent dans différents domaines et qui réalisent en parallèle de grands projets sociaux.
Mon intérêt pour les jeunes grandit de jour en jour car l’avenir de chacun d’entre eux dépend de l’effort fourni par les représentants des différentes entités. Pour cela, je me sens entièrement concernée. Certes je suis aussi jeune mais je représente d’abord une école d’ingénieurs et cela me permets d’être plus proche des problèmes que vivent les jeunes lauréats avec le chômage. Et ensuite parce que je suis membre dans plusieurs associations et organismes qui travaillent sur des projets sociaux qui visent entrepreneuriat, l’auto-emploi. Ces expériences m’ont rendu très sensible aux problèmes que vivent les jeunes au quotidien. C’est ainsi que j’ai décidé de réaliser des projets durables pour les jeunes qui visent la formation et l’implication dans la vie active.
Du social à la politique quel lien et quelle transition?
Je suis une jeune citoyenne qui pense à développer sa ville, sa région et donc mon implication dans le social était d’abord pour être plus proche du terrain et de savoir plus sur la réalité des conditions de vie des citoyens de ma ville. Mais ensuite je me suis rendue compte que le social n’était pas suffisant car pour pouvoir réaliser des projets de grande ampleur, il faut faire partie d’un parti qui a plus de pouvoir de vous aider à mettre en œuvre tous les projets qui rentrent dans la vision globale qu’il a pour développer sa ville. Et c’est ainsi qu’une fois dans le politique, je comprends d’avantage le système et j’ai une vision plus profonde des choses qui me permets d’avancer d’un grand pas et avec plus d’ambition.
Vous êtes très amoureuse de votre région, pour vous quelles sont les actions à mener afin de la valoriser?
Comme toute ville marocaine, la ville d’Oujda a aussi des avantages et des inconvénients quant à son système socio-économique. Elle a commencé ces dernières années à développer ses infrastructures et ceci au bout d’une durée très courte. Mais, les deux handicaps majeurs est le manque de ressources humaines dans les différents centres socio-culturels qui ont tout l’équipement nécessaire à leur fonctionnement mais qui sont mal-gérés à cause de ce manque. Aussi, au niveau de l’investissement, les entreprises trouvent une difficulté dans l’implantation de leurs activités au niveau d’Oujda. Vu que c’est une ville qui se développe petit à petit et qui n’a pas encore tous les atouts pour être à la hauteur des grandes villes. Elle a besoin de travailler sur les attentes des étrangers qui veulent investir dans leurs régions, mais qui ne peuvent pas risquer de le faire au détriment de leur mode de vie.
Femmes et leadership on a tendance à ne pas être peu nombreuse dans le politique, quel est votre regard de notre position en tant que femme arabomusulmane?
En tant que femme arabomusulmane, je sens qu’il n’y a aucune différence dans les causes que nous défendons. Car juste le fait d’être une femme implique automatiquement sa discrimination, l’injustice qu’elle vit au quotidien et son non implication dans les grandes décisions prises par les hommes.
La politique est un système comme les autres qui applique toutes les règles sur des femmes quelque soient leur appartenance religieuse. Autant que musulmane pratiquante, je suis toutes les associations qui défendent les droits de la femme car notre religion est la première à défendre ses droits et cela s’applique dans tous les systèmes de notre pays.
Que faudrait il faire changer dans les mentalités?
Les mentalités ne pourront pas changer si nous ne donnons pas assez d’importance à l’éducation et aux activités socio-culturelles qui permettraient à cette génération montante de développer sa façon de voir les choses et de pouvoir s’impliquer d’avantage dans le développement de sa région.
Les révolutions arabes ont été l’expression des femmes et des jeunes, quel est votre regard par rapport à ce qui se passe pour la femme et l’enfant?
Les femmes ont connu un grand changement après Modawanat al Ousra et la nouvelle constitution qui a vu le jour au cours du printemps arabe par sa Majesté Mohammed VI. Plusieurs associations de droits de la femme ont été créées ainsi que des réseaux au niveau national. On a vu aussi la création de cellule dans les différentes entités publiques qui ont un lien avec la protection des droits de la femme et de l’enfant. Le changement existe certes, mais il y a un grand travail qui doit être fait au niveau de la vision des hommes pour les droits de la femme et sur les droits des enfants à avoir une vie sereine, une éducation complète loin des problèmes qu’ils vivent au milieu de leurs familles.
Que peut on faire pour améliorer?
Un grand travail est fait dans ce sens, on encourage d’avantage les activités génératrices de revenus. Mais, Il faudrait d’abord encourager la femme à sortir de son cocon, de se former et de créer sa propre activité. Pour cela, les organismes sociaux publics doivent penser d’avantage à créer des régies de quartier qui ont chacune des projets propres à elles, avec un budget qui est consacré à la formation et à l’achat de la logistique nécessaire au commencement de chaque projet. Car chaque quartier a sa spécificité et sa vision. Les enfants ont aussi bénéficié de beaucoup d’avantage après la création des centres sociaux qui leurs permettent de poursuivre leur études et ceci quelques soient leurs conditions de vie. Cela dit, le système éducatif connait toujours des problèmes au niveau du manque d’instituteurs ou de leurs absences injustifiées. L’absence de centres d’écoute dans les établissements scolaires et l’inégalité des chances pour les enfants du rural qui souffre de la déperdition scolaire. Pour que l’éducation s’améliore, il faut qu’il y est une vrai volonté politique qui donne une priorité majeure à l’éducation et ceci dans tous les sens. Car sans cette base, ce pilier qui est le secret de réussite de chaque pays. On ne pourra guère avancer dans le bon sens et ceci quel que soit les efforts qu’on fournit au quotidien. Pour les femmes, c’est surtout les hommes qui doivent être sensibilisés d’avantage sur le droit de la femme et sur son rôle majeur dans l’avancement de chaque société.
Vous êtes coach territorial, mais vous savez sans nul doute que les miracles n’ existent pas que vous amenée cette formation?
Le coaching Territorial, est une formation qui m’a permis de voir les choses sous un autre angle. Vu que je représente un acteur qui vise l’accompagnement du coaché pour trouver la solution au problème posé. Je représente ainsi le lien entre les représentants des entités publiques et privées, les élus et la société civile. Cela m’a permis de découvrir les mentalités et les différentes visions des différentes catégories de la population. Les miracles n’existent certainement pas mais les gens veulent que le changement se produise et une fois tu t’implique dans le projet et tu les accompagnes jusqu’au bout, ils s’engagent aussi à leur tour. Cela veut dire que rien n’est impossible, il faut juste s’impliquer et s’engager et le changement se réalisera petit à petit.
Les citoyens de cette région quelque peu oubliée du Maroc, ont beaucoup d’attentes, dans la réalité des choses, que voyez vous venir?
Certainement Oujda était une ville oubliée du Maroc. Mais plus maintenant, car sa Majesté Mohammed VI a tout fait pour que cette région rentre dans le système socio-économique du pays. Cela dit, le changement demande du temps et de l’implication effective des responsables dans tous les domaines. Comme étant une personne qui veut être au centre de l’actualité de ma ville, je peux dire que beaucoup de choses ont changé depuis 10 ans et que le nouveau Conseil Régional avec le nouveau système de régionalisation a beaucoup de projets qu’il veut mettre en œuvre pour le problème du chômage d’abord. Il travaille aussi sous des comités qui visent chacune l’amélioration des systèmes de chaque entité publique de la ville, ce qui veut dire que la responsabilité prend place. Tant que les nouveaux élus pensent sincèrement aux problèmes de leurs citoyens, les choses vont certainement avancer dans le bon sens.