Victimes directes ou témoins d’atrocités commises contre leurs proches, victimes de la folie meurtrière des adultes, des milliers d’enfants quittent chaque année leur pays à la hâte, laissant derrière eux leur vie leur enfance, leurs illusions. Mais sans doute pas leur volonté d’être un jour heureux.
Par Fériel Berraies Guigny
Passer du stade de victime à celui de réfugié n’est ni une fin en soi, ni un objectif qui permette d’envisager sa vie sur des bases stables.
Heureusement, dans ce monde hyper médiatisé où le sensationnalisme prime au détriment des sentiments et de la compassion, dans ce monde ou le repli sur soi et le rejet des différences devient le crédo des politiques, oui, heureusement, des associations, des êtres humains s’engagent, se mobilisent, se battent, se dévouent pour apporter, par des actions concrètes, un peu d’espoir et de réconfort à ces enfants.
C’est le cas du « Centre Primo Levi », qui aide les victimes de la torture et de la violence politique exilées en France, et qui consacre depuis plusieurs années un espace d’accueil spécifique aux enfants et adolescents.
Confronté à une constante augmentation des demandes de prise en charge (66.000 nouvelles demandes d’asile déposées en 2013) et à la détérioration des conditions d’accueil, le centre de soins s’inquiète du sort des plus jeunes qui, après avoir subi des traumatismes dans leur pays d’origine, débarquent en France dans des conditions souvent précaires.
Déplacés d’hôtels en hébergements d’urgence, vivant dans une très grande précarité, parfois séparés les uns des autres et changeant fréquemment d’école, ces enfants n’ont accès à aucun loisir et sont généralement en grande souffrance psychologique.
Je passerai sur les conséquences graves pour le développement psychologique de ces enfants, je passerai sur les traumatismes et les symptômes que présentent ces enfants déracinés.
Parce que tout le monde les connait !
Parce que tout le monde les imagine !
Parce que tout le monde s’en fout !
Ce qu’il faut, c’est la petite phrase qui sera reprise en boucle par les chaines d’infos en continu !
Ce qu’il faut c’est la polémique qui va permettre à nos chers hommes politiques (et femmes, de plus en plus, malheureusement) de faire l’acteur en prenant des postures aussi indignes qu’inhumaines. Vous rappellerai-je ces propos tenus par des représentant(e)s du peuple français sur la « race blanche » ; ou cet autre élue qui proposait de rejeter à la mer les migrants (essentiellement des femmes et enfants) qui accostaient sur le littoral français au moment du printemps arabe.
Alors oui, il y a des différences entre nous :
il y a ceux qui sont émus par la photo, insupportable, de ce tout jeune enfant syrien retrouvé sans vie sur une plage ; et qui souvent tourne la page ou les yeux pour ne pas voir !
Il y a ceux, comme tous les bénévoles anonymes, membres d’ONG, professionnels de l’éducation et de la santé, qui donnent leur temps, leur énergie, leur humanité pour aider, accueillir, recueillir et redonner espoir à ces êtres en perdition.
Et puis il y a ceux qui veulent les rejeter à la mer
Ceux qui les refusent pour leur couleur de peau
Ceux qui font un tri en fonction de leur religion, comme on trie le bon grain de l’ivraie
Ceux qui se donnent bonne conscience et qui étalonne leur discours en fonction du nombre de voix à gagner ou à perdre.
Il y a également ceux qui ont la mémoire courte, ces donneurs de leçons dont les ancêtres ont eux-mêmes immigré en provenance de Hongrie, d’Italie ou d’ailleurs et qui sont les chevaliers blancs d’un monde cloisonné, recroquevillé sur lui-même, indécent !
Et qui ne citerons jamais Mohed Altrad, entrepreneur français d’origine SYRIENNE, qui fut désigné il y a à peine quelques semaines comme « l’ENTREPRENEUR MONDIAL DE L’ANNEE ». Parce ce que leur stratégie de communication ne souffre d’aucun contre-exemple !!
Mais, revenons à l’important, à l’essentiel, à l’enfant, aux réfugiés
Parce que l’objectif n’est pas simplement de les accueillir et de les parquer dans des camps et de les oublier à leur triste sort. De l’expérience de tous les professionnels, quelques grands principes doivent être retenus et leur mise en œuvre privilégiée :
Aider les parents pour aider les enfants
Pour les professionnels, outre le suivi des enfants, il faut également «aider les parents sur le plan matériel pour qu’ils puissent reprendre leur rôle de parents», notamment en mettant plus d’interprètes dans les structures d’accueil (hôpitaux, sécu…), et éviter que les enfants, qui apprennent plus rapidement le français à l’école, se retrouvent à jouer le rôle de traducteur pour leurs parents et soient exposés à des conversations d’adultes. «Un enfant a dû servir d’interprète lors d’une consultation gynécologique de sa mère, qui avait été violée dans son pays, relate Eléonore Morel. Or, «l’insouciance de l’enfance s’arrête quand on a accès à la mort et à la sexualité »
Permettre le jeu à l’enfant
Avant d’être un réfugié un enfant est d’abord un enfant, un être en développement avec des besoins spécifiques et notamment le besoin essentiel de jouer : « un enfant qui ne joue pas est un enfant qui meurt ». A travers le jeu l’enfant réfugié peut retrouver une certaine joie de vivre, surmonter les problèmes du passé, mieux affronter les conflits du moment et se préparer aux tâches de l’avenir. Il faut favoriser l’ouverture d’espaces ludiques où les enfants peuvent, dans un temps protégé et structuré, exercer des activités correspondant à leur âge, explorer toutes les ressources du jeu et développer diverses formes d’expression.
Assurer la sécurité matérielle et affective
L’enfant est aussi un être dépendant des adultes tant dans sa survie que pour apprendre, grandir et devenir un être autonome. La responsabilité des adultes consiste donc à assurer sa sécurité matérielle et affective, satisfaire ses besoins alimentaires et sanitaires, permettre la transmission des savoirs, ouvrir des espaces protégés comme autant de champs d’expériences où puisse se déployer l’enfance.
Leur redonner espoir
Lorsque des personnes se réfugient dans un pays d’asile, elles espèrent que leur séjour sera de courte durée. Mais bien souvent les persécutions ou le conflit qui les ont obligées à fuir s’éternisent et leur domicile provisoire devient permanent. Alors oui, après le soulagement d’être encore en vie, il faut leur donner l’espoir ; l’espoir de pouvoir s’intégrer si c’est leur choix ; l’espoir de retourner dans leur pays d’origine si c’est leur volonté.
Un soutien médical, alimentaire, psychologique, scolaire
Plan global de vaccination, aide humanitaire, soutien psychologique, soutien scolaire. Il y a déjà beaucoup de choses qui sont faites. Mais il y a tant encore à faire. Eveillons les consciences. Et sans vouloir se donner trop bonne conscience, faisons en sorte que nous ne l’ayons pas trop mauvaise !!
La vigilance est de mise, l’humanité doit encore une fois primer sur nos considérations politico politicardes, quand le populisme est à son apogée et que l’on cultive la haine de l’autre car il est différent, sommes-nous devenus à ce point hermétiques, aveugles et manipulables ?
Petite anecdote durant mon dernier séjour sur Bruxelles en ouvrant la tv, je tombe sur une émission locale, l’on y voit des villageois ulcérés par la venue de réfugiés migrants fuyant la mort, l’un d’entre eux s’exclame « nous ne voulons pas d’eux, ils vont prendre notre travail et violés nos femmes »… alors tout est dit
Entre dérives politiques, repli identitaire, appel à la haine, l’humanité se perd…
Quelques chiffres : selon l’Unicef ce mois-ci :
Nous avons tous été touchés et horrifiés de cette image du petit aylan échoué aux rives de la Turquie
Mais ce qu’il faut savoir, c’est que chaque jour, deux aylan meurent et qu’au moins 108 enfants sont morts noyés en mer Égée, ce mois ci
Des chiffres qui glacent le sang mais qui au font restent des statistiques…
– 190 OOO MINEURS EN EUROPE SONT ARRIVES toujours SELON L’UNICEF ces derniers mois mais là encore ce ne sont que des chiffres !