Le 13 mai dernier, la 1ère projection publique du documentaire « Miss Representation » en France, organisée par l’EuropeanPWN-Paris, en partenariat avec le Laboratoire de l’Egalité et sous le marrainage de Brigitte Grésy, a réuni plus de 380 personnes dont 80 étudiant-es.
Les co-présidentes de l’EPWN Dana Allen et Marie Christine Mahéas ont ouvert la soirée en rappelant l’engagement de leur réseau dans la promotion des carrières au féminin et l’importance de la représentation des femmes en position de pouvoir et d’influence dans la société en général.
Miss Representation, réalisé par l’américaine Jennifer Siebel Newsom, offre des témoignages de personnalités des mondes politiques, économiques et culturels (Condaleeza Rice, Katie Couric, Nancy Pelosi, Jane Fonda et bien d’autres), montrant que les médias ont trop souvent tendance à donner une image très limitée de ce à quoi les femmes peuvent prétendre et ressembler. Très jeunes, les Américain-es se font inculquer l’idée que la valeur des femmes et des filles repose sur leur jeunesse, leur beauté et leur sexualité. Il est temps de briser ce cycle mensonger !
Miss Representation prône que toute personne devrait être représentée également dans les médias, les femmes devant être entendues et valorisées pour leurs talents, leurs compétences ou leurs capacités à tenir des postes de pouvoir.
S’en est suivi une table ronde animée par Renée Kaplan et composée d’Elisabeth Tchoungui (auteure et présentatrice sur France TV), Eric Fassin (sociologue spécialiste des études de genre), Olga Trostiansky (élue à Paris depuis 1995 et secrétaire générale du Laboratoire de l’Egalité) et Christine Leiritz (directrice de la rédaction de Marie Claire). Le débat fut passionnant !
Diverses questions furent abordées : la presse féminine, responsable de cette image parfois erronée des femmes dans les médias ? Peut-on être sexy et féministe ? « Il y a bien un problème d’oversexualisation des femmes dans les médias, comme le souligne Christine Leiritz. Cependant, les médias font partie d’un vaste ensemble (l’information, le divertissement…) et par conséquent, selon le domaine, ils peuvent représenter des images variées des femmes. Le corps de la femme est un enjeu dans la société que le corps de l’homme n’est pas. Chez Marie Claire, par exemple, nous n’imposons pas de modèle de féminité ».
Parce qu’il n’est pas toujours facile d’être une femme travaillant dans les médias, Elisabeth Tchoungi fut quelquefois critiquée, voire scrutée sur son physique et sa manière de s’habiller, lorsqu’elle reprit les rênes du magazine culturel de France 2 « Avant Premières ». Dans les médias, les codes sont moins bien établis pour les femmes que pour les hommes, d’où ces questions, parfois persistantes, sur l’apparence.
Pour Olga Trostiansky, c’est la société entière qui est responsable de cette représentation des femmes. En effet, tous ces stéréotypes sont véhiculés tant par les hommes que par les femmes. Mettre en lumière les stéréotypes et lutter contre leurs conséquences en matière d’inégalités font d’ailleurs partie des missions du Laboratoire de l’Egalité.
Eric Fassin renforce ce constat en exposant le fait que bien souvent les médias sont le reflet, le miroir parfois grossissant de la société, et la question n’étant pas tant de « bien » représenter les femmes dans les médias, mais plutôt de définir la place de ces dernières dans la société.
Comment aller à l’encontre de certaines inégalités (salariales, …). La solution est-elle dans la parité de décision comme le suggère Olga Trostiansky ou dans la parité des tâches ménagères évoquée par Christine Leiritz ?
Les chiffres évoqués montrent qu’il y a encore bien à faire : à la radio par exemple, 25 minutes de temps de parole pour les hommes correspondent à 1 minute 30 pour les femmes. Avec 60% de femmes journalistes, 30% de rédactrices en chef et à peine 15% de directrices de la rédaction (voire 2 à 3% si on retire la presse féminine), on voit bien que les femmes se font rares lorsqu’il s’agit de choisir et décider des orientations !
Le problème de la sous-représentation des femmes est aussi crucial, comme le soulève Isabelle Germain, Présidente de la commission stéréotype du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : « Les femmes sont sous-représentées dans l’information, on les voit peu et quand on les voit c’est dans des rôles stéréotypées ». Elle a d’ailleurs fondé lesnouvellesnews.fr qui a la vocation de traiter l’actualité mais qui donne autant de place aux femmes qu’aux hommes.
Brigitte Grésy conclue cette belle soirée en insistant sur la responsabilité des médias dans cette marche vers l’égalité « à partir du moment où les médias sont pourvoyeurs de représentations légitimes de différentes formes de féminité, ils ne peuvent se contenter de se cacher derrière le fait de seulement refléter la réalité, ils doivent agir ».
A propos de l’EPWN :
Fondé en France, European Professional Women’s Network (EPWN) est une fédération de 19 réseaux de femmes, basés dans 15 pays européens, rassemblant 3500 membres dont plus de 1200 femmes dans la branche parisienne. Sa mission est de promouvoir le développement professionnel des femmes cadres et entrepreneures, au travers de programmes de formation et développement, mentorat, échange d’expériences, conférences et débats avec des dirigeant-es du monde des affaires, de la recherche, et des medias.
A propos du Laboratoire de l’égalité :
Le Laboratoire de l’égalité rassemble 900 hommes et femmes qui partagent une culture commune de l’égalité entre les femmes et les hommes. Venant de différentes sphères (associations, entreprises, réseaux de femmes, fonction publique, syndicats, monde politique, recherche, médias, blogosphère…), les membres se mobilisent pour obtenir une mise en œuvre effective de l’égalité professionnelle.
A propos du missrepresentation.org :
MissRepresentation.org imagine un monde où notre culture reflète les femmes et les filles dans toute leur diversité, où leurs voix comptent et où tous et toutes ont les mêmes chances de mener et de réussir dans la vie. MissRepresentation.org organise une campagne d’actions qui donne le pouvoir aux femmes et aux filles de contester les étiquettes restrictives qu’on leur propose afin de réaliser leur plein potentiel et transformer notre culture, pour le mieux-être global. Rejoignez la campagne, unissez-vous à d’autres. Nous pouvons utiliser notre pouvoir d’achat et de citoyen-nes pour contester les injustices qui maintiennent les femmes et les filles à l’arrière de notre culture.
Résumé du film en 90 secondes: https://vimeo.com/4243336