Samir Ben Abdallah « il faut arrêter la sous-traitance et proposer du produit fini » !

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  • 29 avril 2013
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Par Fériel Berraies Guigny

photos Diane Cazelles pour UFFP

Professionnel dans le secteur de l’habillement et principalement dans la lingerie haut de gamme, Samir Ben Abdallah était désireux depuis un certain temps de créer une initiative qui puisse réunir les talents et la créativité tunisienne en même temps que d’insuffler un rythme nouveau à la filière textile tunisienne mise à mal par la grave crise économique que traverse son partenaire depuis toujours : l’Europe.

Les conditions n’étaient pourtant pas optimales, avec les conséquences néfastes de l’après révolution qui est venue fragiliser la filière et en l’absence d’une Fashion Week qui, outre les créateurs mette en avant l’ensemble du secteur textile du pays. Président de la chambre syndicale des fabricants de lingerie depuis 2006,  il est l’initiateur et le fondateur du Festival de mode de Tunis. UFFP l’a rencontré pour vous.

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Samir Ben Abdallah

Entretien :

Depuis 2006 vous avez fait pas mal d’initiatives ? Oui on a fait pas mal d’évènements dont le premier salon de la lingerie en 2010 ; juste avant la révolution et c’était un véritable défi, il y a eu une cinquantaine d’exposants. J’ai voulu pérenniser ce salon mais avec la révolution et ce qui s’est passé après, on n’a pas pu le faire. J’ai temporisé pour la lingerie. J’ai donc voulu enchainer en octobre dernier avec ce festival de la mode qui englobe tous les secteurs de l’habillement et pas seulement la lingerie.

Gros défi ? Oui depuis cinq mois je n’ai pas arrêté de travailler sur ce projet pour tout organiser et amener les gens. Je voulais mettre en étroite synergie les professionnels de l’habillement ; on n’est pas une initiative qui fait de l’évènementiel. Etant dans la fédération internationale du textile, je l’ai fait dans le dessein de « rebooster » le secteur. Je me démarque de la Fashion Week de Tunis qui n’a fait que reprendre la patente pour faire de l’évènementiel ; Je me suis dit qu’il fallait faire autre chose, pour prendre nos problèmes à bras le corps et organiser quelque chose. Le dessein n’était pas de gagner de l’argent, loin de là, on a perdu de l’argent au contraire mais c’est un investissement pour le futur.

La conjoncture est peu clémente ? Une usine qui a des commandes et qui tourne bien, tous les problèmes sociaux, ils passent après. Nous avons un problème de charge de nos capacités productives et ces problèmes ne peuvent être résolus qu’en valorisant la filière et en faisant des collections et du produit fini.

Faire de la création et du produit fini, un pas vers la solution à la crise actuelle du secteur ? Absolument, il faut de la créativité pour donner envie aux clients d’acheter chez nous, plutôt que d’aller ailleurs.

La révolution et la crise ça n’a pas aidé le secteur ? Les deux cumulés ont fait beaucoup de mal aux entreprises qui n’ont pas su ou voulu s’adapter à la nouvelle situation qui est de faire du produit fini, de la création. Il faut arrêter la sous-traitance tunisienne qui a atteint ses limites car la main d’œuvre tunisienne n’est plus aussi compétitive. Il y a des pays qui sont moins chers que nous, il faut donc  se remettre en question !

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Si nous ne nous adaptons pas on sera laminé ? Oui c’est vraiment à craindre, il faut passer à autre chose, le talent est là et il faut savoir le valoriser. Ce festival-là, il va permettre, je l’espère, de mieux vendre nos capacités et nos talents pour être à la hauteur.

Le développement durable dans tout ça ? C’est très important, mais malheureusement on est aussi face à un facteur économique, qui fait que les petites mains soient aussi compétitives et il faut qu’elles soient accessibles et qu’elles puissent se vendre. Cette équation-là est très importante, on va essayer de la compenser par de la matière première qui soit de qualité et bon marché afin de compenser le cout de la main d’œuvre tunisienne qui ne cesse d’augmenter. Il faut trouver des solutions pour valoriser cette filière et nous permettre de fonctionner normalement.

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Et l’éthique dans la création ? C’est très important car maintenant la plupart de nos clients accordent beaucoup d’importance à cette variable. Et nous devons nous y conformer, choix des manières naturelles, dimension sociale dans le travail, patrimoine et savoir-faire, préoccupations écologiques.

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Les médias étrangers étaient là…

Vos objectifs ? Pérenniser ce festival et surtout dire haut et fort que la Tunisie va bien, que les gens travaillent, il faut déconstruire ce que les médias disent, le pays est stable et il fait beau ! Quand il y a du volume, des commandes que les entreprises fonctionnent, toute la machine économique est enclenchée. Mais pour la Tunisie, il faut aussi trouver des nouveaux marchés, car la crise économique en Europe ne va pas se résorber très rapidement. Les Etats Unis pourraient être une alternative, un nouveau débouché, mais l’absence d’un Accord de libre-échange avec les Etats Unis freine la donne. Nos produits pour cette destination sont handicapés on est obligés de payer 18 % de droits de douane. Contrairement au Maroc et à l’Egypte. L’Afrique c’est aussi un marché intéressant, c’est un gros marché.

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Samir Ben Abdallah en présence de la directrice Artistique Neziha Nemri

Et les femmes dans tout ça ? C’est la base de tout, la femme artisane a son importance. Derrière les machines à coudre ce sont des femmes, et nous espérons continuer d’attirer cette main d’œuvre en leur donnant un vrai métier. Mais il y a certaines jeunes filles qui ne veulent plus travailler et ça c’est quelque chose de tout à fait nouveau qui est inquiétant.

 

UFFP

UFFP la Fondatrice et Présidente FERIEL BERRAIES GUIGNY :
Tour à tour mannequin, criminologue, diplomate et journaliste, la franco tunisienne Fériel Berraies Guigny a lancé en février 2011, une Association loi 1901 du nom de United Fashion for Peace. Parmi les activités de l'Association, une Caravane de mode internationale qui met en avant la paix, la tolérance, le dialogue entre les civilisations par le biais de la mode et de l'artisanat éthique. Née dans la foulée du printemps arabe, cette Association réunit tous les artistes du monde pour la paix, désireux de donner de l'espoir dans des régions en crise ou en transition. Depuis le mois de mai dernier, le magazine en ligne a aussi vu le jour pour être le portevoix de tous ses combats pour une planète éthique. La première programmation de la Caravane de mode se fera prochainement en février 2012 en Afrique subsaharienne sous la thématique de l'éducation pour la paix à la Triennale de l'Education en Afrique. Sept pays ont été les Ambassadeurs, Tunisie, Maroc, Cameroun, Afrique du Sud, France/Niger et Burkina Faso.
Fériel Berraies Guigny dirige par ailleurs, depuis des années deux panafricains New African en co rédaction et New African Woman/ Femme Africaine qu'elle a crée pour le groupe de presse britannique IC publications. Elle a longtemps été journaliste correspondante presse pour la Tunisie.

UFFP Contenu rédactionnel webzine :
Magazine français pour une planète éthique. Se veut une plateforme internationale pour une mode éthique qui défend la paix, la tolérance, l'échange, le dialogue entre les civilisations par le biais de la culture, de la création et de l'artisanat. Rubriques : 'Planète éthique' - 'Le rendez-vous des entrepreneurs' - 'Ethnical Conso : beauté bio, manger éthique' - 'Ethical Fashion' - 'Eco Déco' - 'Culture éthique' - 'Eco Evasion' - 'Société et éthique' - 'Femmes d'Ethique' - 'Prix Ethique' - 'Paroles Ethique'.
Mission de l'Association UFFP :
La Caravane United Fashion for Peace est née ce mois de février passé dans la foulée du printemps arabe et suite au massacre de femmes ivoriennes dans le marché lors des affrontements civils dans le pays. C'est une Association loi 1901française, née du désir de rendre hommage a à tous ceux qui ont perdu la vie pour un idéal de paix dans le Monde, tous ceux qui ont été sacrifiés alors qu’ils recherchaient simplement la dignité humaine. Cette Association et plateforme internationale est apolitique, sans coloration religieuse ou ethnique, elle se bat pour la mode éthique, défend par le biais de la culture, de la création et de l'artisanat, la paix, la tolérance, l'échange, le dialogue entre les civilisations.
Dans le farouche désir de combattre pacifiquement les injustices sociales et économiques à l'encontre des peuples par la culture, elle entend véhiculer des messages d'humanité. Son slogan le beau au service de l'autre, permet des passerelles, des rencontres et l’ acceptation des diversités couture. L'esthétique pour l'éthique reste son credo.

United Fashion for Peace entend fédérer le meilleur de la création internationale dans le respect de la diversité, des us et des coutumes. Tout un symbole de paix aujourd'hui, alors que le Continent continue de subir les soubresauts de son histoire.
Investir dans la paix c'est investir dans les peuples
UFFP est une plateforme internationale destinée à valoriser la création éthique centrée sur le développement humain durable.
Pont couture entre les peuples du Monde, cette plateforme a pour vocation de faire la promotion d'une création éthique et sans frontières. Favoriser un jour le commerce équitable de ces produits, pouvoir faire venir les artistes sur Paris pour leur organiser des défilés et vendre leurs produits.
United Fashion for Peace, c’est un concept qui propose un défilé de mode « clés en main », une animation « décalée » à l’occasion d’une manifestation, d’un colloque, d’un forum, d’assises politiques, économiques, scientifiques.
United Fashion for Peace c’est la présentation d’artistes qui font vivre et revisitent une culture, c’est un témoignage de richesse et de savoir faire, c’est la promotion du développement durable avec l’ambition d’accéder à la conscience durable
United Fashion for Peace c’est un vecteur d'amour et le partage dans la création.
Pour les organisateurs il s'agit de créer un évènement mais aussi de véhiculer une philosophie de vie dans la création. Pour laisser quelque chose aux générations futures " loin des passerelles du luxe, UFFP est avant tout une histoire d'amour et d'amitié avec les peuples, leur création, leur identité et leur patrimoine au service de l'autre.

C'était une idée, elle est devenue un projet, aujourd'hui une Association qui a hâte de trouver des programmateurs, des sponsors et des partenaires afin de pouvoir sa première édition.
UFFP dans le Monde
UFFP est à la recherche de programmations dans le Monde, de partenaires et de sponsors qui souhaiteraient se rapprocher de l'éthique, du développement durable, de la préservation des Arts et métiers, des droits de l'homme, de la culture et de la parité, sans oublier le dialogue entre les civilisations qui sont les valeurs qu'elle véhicule.
A chaque programmation dans un pays où événement donné, sont mis en avant les créateurs du pays hôte qui sont dans l'éthique.
UFFP s'adapte à toutes les thématiques et les rencontres politiques, économiques, culturelles, développement, environnements, bio, bilatérales, multilatérales, fêtes d'indépendance, fêtes nationales, parité, jeunesse, droits de l'homme, ou encore pour médiatiser une problématique donnée de la région.
A terme, L'Association voudrait pouvoir faire également du caritatif, et organiser des ventes de charité, au profit d’une ONG ou association défendant des valeurs similaires et la mettre en avant à l'occasion d'un défilé programmé.
Siteweb: http://www.unitedfashionforpeace.com
contact: unitedfashionforpeace@gmail.com

UFFP mode d'emploi :
La promotion d’un pays passe par la mise en avant de ses valeurs, de ses atouts et par une communication à la fois ciblée, régulière et soutenue. La Côte d'Ivoire de la paix et de la réconciliation souhaite développer un tourisme culturel mais également donner une image positive d’une Afrique à la fois moderne et traditionnelle où les valeurs humaines, sociales et pacifiques prédominent.

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